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"La vraie poésie ne dit rien. Elle ne fait rien que proposer des opportunités et ouvrir toutes les portes. Vous pouvez choisir celle qui vous convient et la franchir. Ce qui me plaît tant dans la poésie, c'est son immortalité. Tant qu'il y aura des hommes sur terre, ils pourront mémoriser des mots et une combinaison de mots. Rien d'autre que la poésie ou la chanson ne pourrait perdurer après un holocauste, personne ne peut décrire un film, une sculpture, une peinture, mais tant que l'homme existera, la poésie et la chanson pourront durer. Si ma poésie a un but, c'est celui de délivrer les hommes des limites par lesquelles ils voient et ressentent." Jim Morrison "Une lumière dionysiaque l'habitait, lui dont le rock fit la gloire et laisserait dans l'ombre sa poésie coupante, lucide, réfléchie comme la vie se réfléchit même dans l'acier d'une lame." Claude Michel Cluny
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Inspiré par les années passées au Japon, Tokyo-Montana Express, publié en 1981, comprend un peu plus de 130 chapitres, les uns de quelques lignes, les autres de plusieurs pages, et fait la navette entre le Montana, où Richard Brautigan vivait une grande partie de l'année et le Japon, dont il était tombé amoureux au cours d'un voyage.
À bord de ce train fantôme, se trouvent des restaurants où toutes les serveuses, choisies par le patron, se ressemblent comme des sosies, et d'autres où personne ne vient, un taxi plein de carpes, des chiens errants, la plus petite tempête de neige jamais recensée et le plus grand film érotique du monde.
Empreint de l'ironie caractéristique de Richard Brautigan mais également d'une grande poésie, ce livre est comparable à un journal, parfois intime, un livre de bord des choses vues en rêve, les moments remarquables ou banals de l'existence, quand on partage, comme l'auteur, sa vie entre les deux bords du Pacifique et qu'on pose un regard attentif sur chaque nouvelle personne rencontrée, chaque détail du quotidien.
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La pêche à la truite en Amérique ; sucre de pastèque
Richard Brautigan
- Christian Bourgois
- Titres
- 27 Septembre 2018
- 9782267031065
La Pêche à la truite en Amérique et Sucre de pastèque sont deux textes poétiques merveilleux et désenchantés sur le thème de l'errance, symbole de l'instabilité, de l'innocence blessée.
La Pêche à la truite en Amérique est le chef-d'oeuvre de Richard Brautigan. C'est avec ce titre qu'il a connu le succès. Dans ce texte, il raconte l'histoire d'un couple qui part à la recherche de l'Amérique, celle de Brautigan, faite de vastes paysages naturels plutôt que d'asphalte, de terrains vagues, de grands immeubles et de décharges.
Sucre de pastèque dresse le portrait allégorique d'une bourgade californienne rebaptisée « Pensemort », où le sucre issu du fruit sert à tout, même à construire des maisons.
Ces deux romans de Richard Brautigan, rêveries poétiques à l'humour léger et singulier, sont peuplés de truites amicales et de jeunes filles en robes à fleurs, de tigres doués en mathématiques et de légumes arborant des statues à leur effigie sur la place publique. Ces textes, qui ont en commun l'omniprésence de l'absurde et du non-sens, s'inscrivent dans l'art de la digression autant que dans la tradition du retour à la nature chère à la génération Woodstock.
Né en 1935, Richard Brautigan, poète, novelliste et romancier, est l'un des pionniers de la Beat Generation. Installé à San Francisco dès 1956, il est l'auteur de onze romans, dix recueils de poésie, deux scénarii qui séduiront la génération Woodstock et feront de lui une icône de la contre-culture et du mouvement hippie. Il passe la fin de sa vie retiré dans un ranch du Montana avant de mourir en Californie. Richard Brautigan a acquis le statut d'artiste culte et continue d'inspirer nombre de cinéastes et d'écrivains.
« On anticipe déjà la sinuosité du parcours, les arrêts sur le bas-côté, les erreurs d'itinéraire et toutes les complications qui surgiront à coup sûr au cours d'un voyage avec Richard Brautigan. [...] Les livres de Scott Fitzgerald sont dans ma bibliothèque, ceux de Richard Brautigan sur ma table de nuit. » Philippe Djian, Lire
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Tentative d'épuisement d'un lieu parisien
Georges Perec
- Christian Bourgois
- Titres
- 17 Janvier 2008
- 9782267019599
En octobre 1974 Georges Perec s'est installé pendant trois jours consécutifs place Saint-Sulpice à Paris. A différents moments de la journée, il a noté ce qu'il voyait : les événements ordinaires de la rue, les gens, véhicules, animaux, nuages et le passage du temps. Des listes. Les faits insignifiants de la vie quotidienne. Rien, ou presque rien. Mais un regard, une perception humaine, unique, vibrante, impressionniste, variable, comme celle de Monet devant la cathédrale de Rouen. Les mille petits détails inaperçus qui font la vie d'une grande cité - d'un quartier dans une grande cité. Les innombrables variations imperceptibles du temps, de la lumière, du décor, du vivant. Autobus, chiens, passants, touristes. " Ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages. " Ce texte magistral dans l'oeuvre de Perec figure à présent au rang des classiques.
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Alors qu'ils menaient une petite vie tranquille sur les hauteurs de la butte, les militants homosexuels du 18ème arrondissement sont pris pour cible par un gang de travestis brésiliens, bien décidés à mettre le quartier à feu et à sang. Entre le clan des homos respectables et celui des barbares latinos, la guerre s'annonce sans merci. Seulement voilà : un des Parisiens, un certain Copi, va tomber sous le charme de Conceïçâo do Mundo, une créature du camp adverse qui l'arrachera à son confort petit-bourgeois pour l'emmener au bout du monde et de lui-même...
À mi-chemin entre la satire sociale, le roman d'aventure exotique et le space opera au second degré, La Guerre des pédés est une comédie féroce et jubilatoire. Elle met en scène les luttes intestines qui traversent les communautés, donne à voir les relations entre les peuples à travers le prisme du sadomasochisme et pose une question d'une actualité brûlante : appartenir à une minorité, quelle qu'elle soit, implique-t-il forcément d'être toujours en guerre ? -
C'est l'histoire d'un écrivain argentin qui aime à écrire dans des chambres d'hôtel sordides à Paris. D'un beau Romain qui souhaite devenir une belle Parisienne, d'un sosie de Marilyn Monroe tyran - nique et envahissant, d'un éditeur qui aimerait que son auteur cesse de le prendre pour un micheton. D'une boulangère qui pratique la voyance, d'un hippie neurasthénique qui élève ses triplés à Ibiza de façon peu orthodoxe, d'une véritable amie - qui à défaut d'avoir l'heure a toujours une bonne bouteille et une astuce pour échapper à la police.
D'un Paris interlope à une Rome fervente, en passant par le New York branché et l'Ibiza baba-cool, Copi nous immerge dans les années 1970 et leurs folles libertés. Amours pures, sexe débridé, crimes odieux : en fantasmant sa vie, Copi nous donne à lire un roman aussi drôle qu'épouvantable.
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Peut-être la plus originale et la plus novatrice des romancières anglaises contemporaines, Angela Carter bénéficie aujourd'hui d'une importante reconnaissance. Dans les trois jours qui suivirent sa disparition, ses ouvrages furent épuisés et elle devint, sur les campus anglais, l'auteur contemporain le plus lu et étudié, devenant plus populaire que Virginia Woolf. La veine inventive d'Angela Carter, sa fascination pour les travers de l'être humain, sa possible perversité et son analyse de la figure féminine se retrouvent dans Love.
Publié pour la première fois en 1997 et inspiré du roman sentimental Adolphe de Benjamin Constant, Love raconte une oppressante histoire d'amour à trois entre Annabel, étudiante aux Beaux-arts issue de la bourgeoisie, Lee Collins, d'origine plus modeste et orphelin d'une mère folle et Buzz, son demi-frère déséquilibré, vivant ensemble dans la province anglaise au milieu du désordre et de la saleté d'un petit appartement. Dans cette relation, les émotions les plus subtiles côtoient les pulsions sexuelles les plus primaires et les névroses sentimentales les plus cruelles.
Illuminé par la présence d'une héroïne aussi fragile que radieuse, ce livre vibrant représente la quintessence du talent d'Angela Carter, qui s'affirme d'emblée par une écriture énergique à la fois rude et cultivée. Mêlant violence et délicatesse, l'auteur britannique chamboule le familier pour créer un monde nouveau et étrange.
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L'Homosexuel :
Échouées au fin fond de la Sibérie, Madre et sa « fille » Irina tentent de survivre dans les steppes infestées de loups. Madame Garbo, la professeure de piano d'Irina tombée amoureuse de son élève, débarque en pleine nuit chez ces deux marginales, ce qui suscite une succession d'aveux inattendus et de règlements de comptes fracassants.
Les Quatre Jumelles :
Perdues elles aussi dans un autre « Grand Nord » - l'Alaska -, les soeurs Smith tombent nez à nez avec leurs doubles, les soeurs Goldwashing. Ces quatre gangsters obsédées par l'héroïne et les billets de banque se livrent alors une guerre sans merci au cours de laquelle elles mourront et ressusciteront à un rythme effréné.
Objets théâtraux non identifiés, L'Homosexuel et Les Quatre jumelles sont des pièces emblématiques de Copi, deux comédies barbares dans lesquelles on retrouve ses thèmes de prédilection : l'exil, la drogue, la solitude et la mort. Bijoux de cruauté et de drôlerie, elles sont créées en 1971 et 1973 par Jorge Lavelli et jettent les bases de la longue méditation de l'auteur sur le corps, le sexe et l'identité.
Postface et documents par Thibaud Croisy.
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Le narrateur est obsédé par le souvenir de sa femme Edith, suicidée dans une cage d'ascenseur, et tyrannisé par l'amant de cette dernière, le mystérieux et méphistophélique F. Le narrateur tente de conjurer ses obsessions par l'invocation, de plus en plus scabreuse au fil des pages, de la première sainte indienne du Canada, l'Iroquoise Catherine Tekakwitha, convertie par les Jésuites au XVII e siècle, si bien que le livre se déploie dans plusieurs directions - récit bourgeois d'un ménage à trois, biographie romancée d'une sainte historique, considérations hallucinées sur la drogue, Dieu, la culture pop, la guerre d'Espagne, les orgies et les Juifs, bref, l'univers de Cohen -, le cadre romanesque explosant à mesure, en poèmes, sketches, dialogues, prières.
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Le Monstre des Hawkline, western gothique, met en scène deux tueurs professionnels, Greer et Cameron, engagés par deux soeurs jumelles pour exterminer le monstre responsable de la disparition de leur père, un étrange savant chimiste. Le lecteur assiste alors à la farce délicieuse de la chasse au monstre, imprégnée d'une poétique évidente : le monstre n'en est finalement pas un, il s'agit seulement d'une lueur affublée d'une ombre maladroite et malheureuse, transformant la quête des deux tueurs en une chasse à la lumière.
En reproduisant ici les formes du récit romanesque, le roman noir, le western, la science-fiction, Richard Brautigan fait plus que démonter leurs mécanismes, il met à mal leur contenu, créant une réalité qui lui est propre.
La parodie, moteur certain de cette fiction, est chez Richard Brautigan le dévoilement jusqu'à l'absurde d'un certain mode de vie. Il remet ici en question une mythologie, tout l'imaginaire de l'Amérique tel que le façonnent et le stéréotypent les grands médias, avec un humour singulièrement décapent.
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Petit traité invitant à la découverte de l'art subtil du GO
Pierre Lusson, Georges Perec, Jacques Roubaud
- Christian Bourgois
- Titres
- 8 Juin 2017
- 9782267030198
" La beauté du GO, la fascination qu'il exerce, l'intense émotion qu'il suscite, l'exaltation qu'il provoque viennent du mystère, des mystères qui, à tout instant, à tout niveau, au début ou à la fin de la partie, chez un joueur débutant comme chez un joueur exercé, accompagnent chaque coup, chaque échange. Les règles sont simples et nous les graverons aisément dans notre mémoire. Le génie du GO tient précisément dans ce qu'il recèle et dans ce qu'il dévoile, à tout instant, à tout niveau, des mystères différents, hiérarchisés, dont la maîtrise progressive à chaque fois transforme le jeu.
Jardin aux sentiers qui bifurquent, labyrinthe, jeu de Babel, chaque progrès est décisif et chaque progrès est nul : nous n'aurons jamais fini d'apprendre... "
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Souvenirs d'un chasseur de trésors littéraires
Jean-claude Zylberstein
- Christian Bourgois
- Titres
- 20 Janvier 2022
- 9782267045444
Lecteur insatiable, Jean-Claude Zylberstein crée et dirige des collections de livres depuis plus d'un demi-siècle tout en poursuivant une activité d'avocat spécialisé dans le droit d'auteur. D'abord critique de jazz, il chronique les romans policiers au Nouvel Observateur avant de préparer les oeuvres complètes de Jean Paulhan. Chez 10/18 notamment outre les « Grands détectives », il développe son « Domaine étranger » avec Harrison, Fante, Kennedy Toole, Primo Levi, Van Gulik, Rigoni Stern et plus tard Winston Churchill car son inlassable curiosité l'a conduit sur les chemins de l'Histoire et des idées.
Ses mémoires nous font pénétrer les arcanes du « plus beau métier du monde » - auquel il n'épargne pas quelques critiques -, à travers mille anecdotes et ses rencontres avec des légendes telles que Bernard de Fallois et Christian Bourgois. Avocat, il a notamment défendu Françoise Sagan, Yves Navarre, Salman Rushdie ou Daft Punk. Le récit de cette vie riche en péripéties de tous ordres est une ode à la lecture traversée par la lumière d'une figure de femme, baignée de musique.
Nouvelle édition, revue et augmentée de plusieurs chapitres inédits.
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Gertrude Stein et Picasso ont partagé leur amitié la plus longue, quarante années d'échanges, de
l'automne 1905 à la mort de Gertrude Stein en 1946. Amitié complexe entre une Américaine et un
Espagnol, entre l'écrivain et l'artiste, entre Gertrude qui vit avec Alice, et Pablo et ses femmes.
Pendant ces quarante ans, Gertrude Stein est tour à tour un mécène qui aide Picasso, un « homme
de lettres » qui tient à partager les préoccupations artistiques et les goûts du peintre, une amie
pleine de sollicitude, une chroniqueuse, une critique qui fabrique sa réputation. L'importante
collection d'art contemporain rassemblée par Gertrude Stein est maintenant dispersée dans les plus
importants musées des États-Unis, comme le portrait de Gertrude Stein par Picasso, l'un des plus
grands chefs-d'oeuvre du XXe siècle, conservé au Metropolitan Museum of Art de New York.
« Quand j'étais en Amérique, je faisais pour la première fois de continuels voyages en avion. J'ai vu
là, sur la terre, les lignes mêlées de Picasso, aller, venir, se développer et se détruire ; j'ai vu les
solutions simplifiées de Braque, la ligne errante de Masson. Oui, j'ai vu tout cela et encore une fois
j'ai compris qu'un créateur est toujours un contemporain. Avant tout le monde, il connaît ce que
les autres ne savent pas encore. Il est dans le XXème siècle, dans un siècle qui voit la terre comme
on ne l'a encore jamais vue, qui a une splendeur jamais égalée. Tout se détruit, rien ne se suit. Le
XXème siècle a une magnificence qui lui est bien personnelle ; Picasso est de ce siècle, il a les
qualités étranges d'un monde comme on ne l'avait jamais vu et des choses détruites comme elles
ne l'avaient jamais été. Alors Picasso a sa splendeur. Merci. Oui. »
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"En chantant du rock, Morrison voulait délivrer les gens d'eux-mêmes. Faire reculer les frontières. On ne répétera jamais assez combien chez lui les images, les sons et les mots avaient partie liée. [...] Il était venu chercher le calme à Paris où il arriva en mars 1971. Il y écrira quelques poèmes, recueillis dans La Nuit américaine, et y mourra mystérieusement le 3 juillet 1971." Michel Bulteau Jim Morrison n'était pas uniquement le chanteur du groupe légendaire des Doors. Grand lecteur de romans et de poésie, il tournait aussi des films expérimentaux. Ce volume rend compte des différentes facettes de sa personnalité, des réflexions et expérimentations qui ont jalonné son oeuvre. Il contient à la fois des scénarios de cinéma et le Journal parisien, lui-même constitué de notes, de poèmes, de maximes.
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Cahier d'un retour de Troie
Richard Brautigan
- Christian Bourgois
- Titres
- 27 Septembre 2018
- 9782267031058
Il aura fallu attendre dix ans après la disparition de Richard Brautigan pour que Cahier d'un retour de Troie paraisse, en 1994, aux éditions Christian Bourgois. Il s'agit du dernier livre de l'auteur américain, une « carte- calendrier », comme il le disait lui-même, des mois qui ont précédé sa mort.
Commençant comme un conte de fées, le récit se poursuit en digressions diverses, notes insolites et images extravagantes qui surgissent au rythme de la conscience de Richard Brautigan : curieux voyageur, à Hawaii, il dédaigne les plages remplies de touristes, se contente de visiter un cimetière japonais et s'entête à vouloir se faire photographier avec un poulet vivant. À Honolulu, il descend d'un autocar pour regarder brûler un immeuble et se souvient que c'était le passe-temps favori d'une femme qu'il a aimée des années auparavant, qu'il appelle immédiatement. Le lecteur suit Richard Brautigan dans ce parcours sinueux et Cahier d'un retour de Troie est comme une dernière respiration avant le passage à l'acte, une ultime répétition.
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« Pourquoi lisons-nous sinon dans l'espoir d'une beauté mise à nu, d'une vie plus dense et d'un coup de sonde dans son mystère le plus profond ? Pourquoi lisons-nous sinon dans l'espoir que l'écrivain rendra nos journées plus vastes et plus intenses, qu'il nous illuminera, nous inspirera sagesse et courage, nous offrira la possibilité d'une plénitude de sens, et qu'il présentera à nos esprits les mystères les plus profonds, pour nous faire sentir de nouveau leur majesté et leur pouvoir ? Encore et toujours nous avons besoin d'éveil. Nous devrions nous rassembler en de longues rangées, à demi vêtus, tels les membres d'une tribu, et nous agiter des calebasses au visage, pour nous réveiller ; à la place, nous regardons la télévision et ratons le spectacle. » Annie Dillard
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« La très amoureuse et très innocente déambulation canadienne d'un jeune homme ébloui, ravi par quelques corps féminins. La splendeur de ces corps, leur singularité aussi, mêlée à la beauté des parcs, des étangs, de la ville, est décrite avec tendresse. Leur possession ne s'accompagne d'aucune passion triste ou violente. Mais à travers quelques images lumineuses et simples, brèves et rythmées comme une chanson, une pointe de tristesse apparaît. Que s'est-il donc passé ? L'intuition d'une impuissance à rester dans le vert paradis ? » Le Matricule des Anges Ce premier roman de Leonard Cohen, paru en 1963, peut apparaître comme la matrice de son oeuvre musicale et poétique ultérieure.
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Angela Carter adorait inventer des histoires ou réécrire celles que nous connaissons déjà. Ce faisant, elle réfléchissait sur les formes de l'imaginaire d'hier et d'aujourd'hui et sur les rapports entre sexes et classes sociales. Le Magasin de jouets magique, son deuxième roman, présente un mélange de très grande fantaisie romanesque, de pastiche et de réflexion sur le monde qui lui est propre.
Il raconte l'histoire de Mélanie, jeune adolescente qui, à la suite de la mort de ses parents, quitte sa belle maison de campagne avec son frère et sa soeur pour aller vivre dans le petit appartement londonien de son oncle Philip. Très vite, ce dernier, monteur de marionnettes, va se muer en personnage immense et effrayant, Barbe-Bleue en son château aux portes closes.
Tout au long du roman, marionnettes et pantins, photographies et tableaux, en léger décalage avec la réalité qu'ils imitent sans pourtant la reproduire exactement, produisent un effet de vertige, glissement dans le merveilleux, qui est le fondement même de l'art d'Angela Carter.
Récit d'initiation, fable sur la confrontation du mal et de l'innocence, le roman d'Angela Carter est tout cela. Il joue des références littéraires et picturales : Lear, Carroll, mais aussi Coleridge, Melville et Poe sont convoqués dans cette histoire profondément mystérieuse et touchante.
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Quel rapport y a-t-il entre Bruno Schulz et Joë Bousquet, Ida Lupino et un voyage chez les fous en compagnie de Wang Bing, la sirène Ondine et les premiers films de Sharunas Bartas, les duos de soeurs et un roman sur la guerre du Vietnam, les lettres de Rainer Maria Rilke sur la nécessité de se mettre sans cesse en danger quand on prétend créer et la fameuse « Lettre à un ami lointain » de Cioran, la philosophe Maria Zambrano qui se définissait comme une éternelle étrangère et les « veilleurs de nuit, de jour et de rêve » chez Stanislas Rodanski ? Aucun rapport, sans doute, sinon que ce sont, à travers l'évocation de ces figures ou de ces singularités, autant de tentatives d'élucider le mystère des passants qui choisissent l'ombre, se dissimulent dans l'ombre, ont été rejetés dans l'ombre, autant de tentatives aussi de faire parler la bouche d'ombre, de permettre à la part obscure d'entonner l'éloge de ce qui chante dans les ténèbres. Il y a une griserie à se projeter en pleine lumière, mais il y a peut-être une ivresse plus grande pour les artistes présents dans ces pages à se tenir en retrait et à être les habitants de cette « Nuit obscure » tant vantée par saint Jean de la Croix : ceux-là savent que c'est dans les zones d'ombre, si riches de contradictions, de paradoxes, de questionnements, que naissent les intuitions les plus fécondes.
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Angela Carter a un double rapport à la littérature. D'une part, c'est pour elle un objet d'étude : elle a été chargée de cours dans l'atelier d'écriture de l'université de Sheffield. D'autre part, c'est son instrument de création et d'évasion : primée sur tous les continents, elle allie rigueur du style et ambiance quasi-fantastique. Les textes qui constituent Vénus noire se trouvent à la croisée de ces deux acceptions. Ce recueil forme une sorte de prisme kaléidoscopique qui met en lumière différentes facettes du thème de la « femme nouvelle », allant d'une inconnue accusée de meurtre aux États-Unis au XIXe siècle à la maitresse de Baudelaire.
Qu'elle s'inspire de Shakespeare ou d'Edgar Allan Poe, Angela Carter garde la même façon oblique et inimitable de traiter ses sujets. Il ne s'agit pas seulement d'une relecture analytique, mais de variations romanesques à l'érotisme cruel, trouble et inquiétant.
Ce qu'Angela Carter met en scène, c'est l'acte même de lecture, la dérive onirique qui s'empare du lecteur qui déchiffre un récit avec ses attentes, ses fantasmes, l'ombre portée de ses désirs et désillusions, l'empreinte de sa vie.
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La Quatrième prose est, après Le sceau égyptien, Le bruit du temps et Voyage en Arménie, le dernier
des grands textes en prose de Mandelstam a voir le jour en français. Déjà publié à un petit tirage très
vite épuisé, nous avons demandé à André Markowicz d'en donner une version entièrement nouvelle,
complétée par un dossier comprenant d'autres textes liés à la problématique de La Quatrième prose.
Ce livre constitue la réplique virulente de Mandelstam à une accusation de plagiat dont il a été victime. A
travers Arkadi Gornfeld, son accusateur, c'est l'ensemble du monde corrompu de l'establishment
littéraire stalinien qui est visé. Cri de haine contre les littérateurs, ces pages permettent également à
Mandelstam d'exprimer ses convictions les plus profondes sur la nature de son travail. Comme toujours
chez lui, le point de départ anecdotique et polémique de ces textes où il exprime ses convictions les plus
profondes sur la nature du travail littéraire est dépassé, corrigé par l'imprévisibilité d'un style
virevoltant.
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La poésie comme expérience
Philippe Lacoue-labarthe
- Christian Bourgois
- Titres
- 15 Octobre 2015
- 9782267029147
La question d'Adorno « la poésie, après Auschwitz, est-elle encore possible ? » était également, bien que sur un autre mode, la question même de Paul Celan. Celle qui, aggravant la poésie, ne cessait de la rendre plus difficile. C'est parce qu'il portait en lui une telle question que Celan, en 1967, accepta de rencontrer Heidegger avec l'intention de lui demander - à lui, le penseur de la poésie mais aussi le penseur de cet âge du monde qui est le nôtre, de s'expliquer sur son attitude dans les premiers temps du national-socialisme et, surtout, de sortir du silence obstiné qu'il avait observé depuis la fin de la guerre sur Auschwitz : sur l'extermination, cet « évènement sans réponse » comme dit Blanchot. Heidegger ne dit pas un mot. Fit comme s'il ne comprenait pas. Sur le fond de cet épisode, emblématique, ce livre essaie de s'interroger sur la tâche aujourd'hui, et la destination de la poésie.
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À travers une succession d'épisodes comiques ou tragiques et une nuée de personnages hauts en couleur, Annie Dillard raconte le destin de la petite communauté de Whatcom et recrée l'épopée héroïque de ces pionniers à la fin du XIXe siècle. Ermites, chercheurs d'or, explorateurs, marins, entrepreneurs, colons, bûcherons, pauvres et riches peuplent ce roman foisonnant et composent une grande fresque classique qui rappelle La Comédie humaine tout en évoquant de manière saisissante le problème des Indiens, celui de l'immigration et la lente destruction d'une région mise en coupe réglée par les capitaines d'industrie de l'époque.
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Angela Carter, exubérante, subversive et très imaginative consacra son oeuvre à revisiter les mythes établis, questionner à l'infini le visage féminin et son irrépressible liberté et se lancer à bride abattue dans le carnavalesque. Son roman, Bien malin qui connaît son père, appartient à cette veine. Le jour de ses soixante-quinze ans, Dora décide de raconter sa vie et celle de sa jumelle, Nora. Selon ses propres termes, les deux soeurs sont « identiques » mais pas « symétriques », ce qui les a préservées de la monotonie de la gémellité et leur a permis bien des aventures. La narratrice s'amuse et se grise de son propre récit désopilant et loufoque, retraçant quelques soixante années de l'histoire du théâtre et du cinéma de Londres à Manhattan et Hollywood, à travers le destin des deux jumelles, rejetons illégitimes d'un grand acteur shakespearien, lui-même issu d'une lignée de comédiens. Le lecteur est subjugué par l'atmosphère du roman et la densité de ses personnages des années soixante qui voient la décadence du puritanisme et la libéralisation débridée des moeurs, dans un texte qui n'a pas vieilli.
Mélange parfait d'élégance et de grossièreté, l'écriture foisonne de calembours, avec un humour caustique qui ne cesse de briller.