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Au terme d'un repas, un banquier démontre à son convive que ses convictions et ses actions en matière d'anarchisme n'ont rien à envier à celles des poseurs de bombe. Il déploie ainsi les trésors d'une rhétorique insidieuse au service de sa personne et s'installe dans de provocants paradoxes. Si ce banquier anarchiste nous enchante par son esprit retors, ses raisonnements par l'absurde et une mauvaise foi réjouissante, la véritable dimension du livre, cependant, n'est pas là : il s'agit en fait d'un pamphlet incendiaire contre la société bourgeoise, ses hypocrisies et ses mensonges. C'est aussi une dénonciation du pouvoir de l'argent, qui mine de l'intérieur le bien le plus précieux de l'homme : la liberté.
Le Banquier anarchiste est l'unique oeuvre de fiction publiée du vivant de Pessoa et signée de son vrai nom. Un texte explosif, un véritable brûlot.
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Pour la première fois, à travers des témoignages de sang et de larmes recueillis auprès de simples soldats, d'officiers, de mères et de veuves de combattants soviétiques morts en Afghanistan, une jeune journaliste d'URSS prenait le risque de briser la loi du silence et de dénoncer la trahison, le mensonge d'une propagande dont a été victime toute une génération aujourd'hui rejetée par la société. La première génération perdue d'URSS, mutilée dans sa chair et dans son âme.
Ce livre présente un intérêt exceptionnel à plusieurs titres : c'est tout d'abord un témoignage unique sur la conduite des soldats soviétiques à la guerre et sur les rapports humains au sein de l'armée. C'est aussi la façon dont la population civile, le pays profond a vécu la guerre, et à cet égard, Les Cercueils de zinc est un document passionnant sur la révision morale et intellectuelle qui, au-delà du seul problème de l'Afghanistan, a déchiré le pays. C'est enfin une photographie étonnante de la mentalité russe, qui nous est offerte par une voix courageuse issue de la Perestroïka.
L'auteur, après un bref « récit de plus en guise d'épilogue », revient également sur le procès que lui valut la parution du livre en Biélorussie. Svetlana Alexievitch fut en effet violemment accusée d'avoir déformé et falsifié les récits des soldats et de leurs mères. Après quelques extraits de presse de l'époque, le procès est présenté sous forme de « chronique » des auditions, avec les témoignages de l'accusation et des défenseurs de Svetlana Alexievitch, et enfin le jugement rendu.
Les accusations, particulièrement celles portées par les mères de soldats et par les témoins mêmes du livre, frappent par leur violence et jettent une lumière nouvelle sur le terrible chagrin de ses femmes pour qui plus s'éloigne dans le temps la guerre d'Afghanistan, plus la mort de leurs enfants engagés dans cette désastreuse entreprise semble absurde.
Ces nouveaux textes révèlent à quel point ce livre a paru être une offense à tous ceux pour qui la vérité sans fard sur la guerre d'Afghanistan est un fardeau trop lourd à porter.
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" La vraie poésie ne dit rien. Elle ne fait rien que proposer des opportunités et ouvrir toutes les portes. Vous pouvez choisir celle qui vous convient et la franchir. Ce qui me plaît tant dans la poésie, c'est son immortalité. Tant qu'il y aura des hommes sur terre, ils pourront mémoriser des mots et une combinaison de mots. Rien d'autre que la poésie ou la chanson ne pourrait perdurer après un holocauste, personne ne peut décrire un film, une sculpture, une peinture, mais tant que l'homme existera, la poésie et la chanson pourront durer. Si ma poésie a un but, c'est celui de délivrer les hommes des limites par lesquelles ils voient et ressentent." Jim Morrison " Une lumière dionysiaque l'habitait, lui dont le rock fit la gloire et laisserait dans l'ombre sa poésie coupante, lucide, réfléchie comme la vie se réfléchit même dans l'acier d'une lame." Claude Michel Cluny
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Dans la salle de lecture surchauffée de la bibliothèque municipale, ils ont échangé leurs premiers regards. Puis, autour d'un café, leurs premiers mots. II est suisse et fait des recherches sur les wagons de luxe américains. Elle est américaine, étudiante en physique et rédige sa thèse de doctorat. Ils dînent ensemble, partent en excursion dans les forêts environnantes, visitent les musées. Un jour, Agnès lui demande d'écrire un portrait d'elle. Soir après soir, il se prête à ce qui n'est au début qu'un jeu. Mais, peu à peu, leur vie se conforme aux aléas du récit, au risque que celui-ci prenne le pas sur la réalité. "Qu'est-ce qui relie les êtres entre eux ? Peter Stamm a écrit un premier roman cérébral et singulier. Une réflexion sur les mystères de l'amour. Un voile soulevé dans un bruit de déchirure. Agnès raconte la mort de l'innocence".
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Les terres ingrates du Nebraska, glacées en hiver, caniculaires en été, soumises à de violentes tempêtes. Des voix féminines y résonnent et s'entremêlent, défiant le temps perdu tout autant que l'avenir.
Il y a Cora, qui épouse un fermier au début du xxe siècle.
Il y a Madge, leur fille, et Sharon Rose, élevées comme des soeurs. Madge qui devient une femme de la campagne dure à la tâche, désireuse de se marier. Et Sharon Rose qui part étudier à Chicago, observant de loin la vie de la famille et de la ferme qui continue sans elle. C'est l'époque où arrivent le téléphone, le réfrigérateur et la télévision - la modernité. C'est l'époque où le monde, leur monde, change.
Un roman à l'écriture éblouissante, capable d'embrasser l'immensité des paysages comme l'intimité sensible de ces femmes fortes. -
Trois vieilles dames zagreboises s'offrent des vacances luxueuses dans un spa. Beba, une ancienne infirmière aux cheveux blonds et aux seins énormes, cite constamment des poèmes dont elle mélange les phrases. Il est possible qu'elle gagne des milliers de dollars au casino du spa. Kukla, autrice anonyme d'un vif succès littéraire, a été veuve plus souvent qu'à son tour. Pupa, ex-gynécologue acerbe au corps tout fripé, est poussée en chaise roulante - ses jambes déformées coincées dans une botte géante. Elle rentrera chez elle dans un oeuf en bois géant.
Ce trio rocambolesque de vieilles sorcières vivra des aventures folles pendant ce séjour à Prague. Ugrešic explore le mythe de Baba Yaga pour évoquer un sujet peu traité dans la littérature contemporaine : le devenir des femmes âgées. Cette figure du folklore, de la mythologie et des contes russes (et plus largement slaves) est l'une de ses créatures les plus omniprésentes et les plus puissantes. -
San Francisco, 1942. Card est un détective privé dont les affaires ne marchent pas très fort. Et pour cause : au lieu de s'occuper de la sordide histoire de cadavre volé dans laquelle l'a embarqué une femme mystérieuse (et fatale, comme il se doit), ou de trouver une nouvelle secrétaire après que la précédente a claqué la porte, Card passe son temps à rêver. En imagination, le voici qui se transporte dans le temps et l'espace à Babylone, où il devient le fin limier le plus célèbre et adulé de la cité antique.
Détournement jubilatoire des codes du polar, portrait hilarant et poignant d'un homme pour qui la vie est littéralement un songe, Un privé à Babylone est l'un des joyaux de l'oeuvre de Richard Brautigan, et sans doute l'un des romans les plus personnels de cet écrivain culte, devenu le saint patron littéraire de tous ceux qui tournent le dos au monde pour mieux le réenchanter par la fantaisie et la poésie.
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Tokyo-Montana Express, le très spécial TGV (Texte à Géniales Visions poétiques) conçu et piloté par Richard Brautigan, fait la navette entre le Montana, où il vivait une partie de l'année, et le Japon, pays dont il était tombé amoureux. Au long des quelque 130 stations qui jalonnent son imprévisible itinéraire, on trouvera des restaurants où toutes les serveuses ont la même tête ; d'autres désespérément vides ; un taxi rempli de carpes ; le plus grand film érotique du monde ;
Et la plus petite tempête de neige jamais observée depuis l'invention du bulletin météo.
Flânerie dans les mots et les paysages, invitation à regarder le monde d'un oeil neuf, attentif à la beauté de ses plus infimes et improbables détails, Tokyo-Montana Express est l'une des oeuvres de Brautigan dans lesquelles il livre le plus de lui-même, tout en laissant libre cours à la fécondité de son imagination à nulle autre pareille. Il y a là la quintessence de l'art poétique d'un des écrivains les plus attachants, loufoques et émouvants de la littérature américaine. -
Ce court roman se présente sous une forme épistolaire ce qui lui vaut toute son originalité. L'histoire se construit à travers les différentes correspondances échangées entre plusieurs protagonistes, rehaussant ainsi les opinions et personnalités de chacun. Lady Susan, ravissante veuve d'environ trente-cinq ans, est au centre de ces correspondances. Par ses interventions mais surtout par les réactions que ses comportements provoquent autour d'elle. Ses agissements volages engendrent bien des critiques. Cette veuve spirituelle et jolie mais sans le sou trouve en effet refuge chez son beau-frère, un riche banquier. Est-elle dénuée de scrupules, prête à tout pour faire un beau mariage, ou simplement une coquette qui veut s'amuser ? Le jeune Reginald risque de payer cher la réponse à cette question... Grande dame du roman anglais, Jane Austen trace le portrait très spirituel d'une aventurière, dans la lignée des personnages d'Orgueil et préjugé et de Raison et sentiments.
Jane Austen est née en 1775 à Steventon, fille d'un pasteur anglican et benjamine d'une famille de huit enfants. Elle a vécu une vie toute unie et toute familiale jusqu'à 41 ans, âge de sa mort « au moment où elle commençait à croire qu'elle réussirait ». Jane Austen commence à écrire très tôt, encouragée par l'exemple familial. Elle s'oriente vers le récit, s'inspirant des romans sentimentaux qui constituent le fonds des bibliothèques. Les oeuvres de jeunesse qui ont été conservées, copiées à la main en trois cahiers intitulés Volume I,II et III, ont été écrites sans doute entre la douzième et la dix-septième année de l'auteur. En 1795, Jane Austen commence un roman intitulé Elinor et Marianne, première version de ce qui allait être Raison et Sentiments. Dans la foulée, elle écrit First Impressions, qui deviendra Orgueil et préjugés. Enfin en 1798, elle écrit Northanger Abbey, sous le premier titre de Susan. Ces trois romans majeurs sont écrits entre vingt et vingt-cinq ans. Son père tente de faire publier First Impressions, sans succès dans un premier temps. En 1800, elle s'installe avec toute sa famille à Bath, ville qu'elle apprécie peu mais qui a inspiré de nombreux passages de ses romans.
Son père meurt en 1805, laissant Jane, sa mère et sa soeur Cassandra dépendantes des revenus fraternels. Elles quittent Bath en 1808 pour s'installer dans le village de Chawton. C'est là qu'elle passa les dernières années de sa vie, écrivit l'essentiel des oeuvres, qui lui firent connaître le succès de son vivant : Orgueil et préjugés, Mansfield Park et Emma.
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La pêche à la truite en Amérique ; sucre de pastèque
Richard Brautigan
- Christian Bourgois
- Titres
- 3 Mars 2022
- 9782267045895
Est-ce un lieu ? Le nom d'un personnage cul-de-jatte ? Un cours d'eau ? Une librairie ? Un hôtel ? Un slogan politique ? Ou encore, tout simplement, un poisson ? La «truite» de Richard Brautigan est un peu tout cela, et plus encore ; métaphore aussi enchanteresse qu'incongrue d'une Amérique rêvée et réinventée de fond en comble par Brautigan à l'orée de l'âge beat, c'est surtout son chef-d'oeuvre, le livre qui lui conféra du jour au lendemain une gloire à ce jour jamais démentie.
Livre totem, qui de génération en génération aura toujours trouvé sa place sur les chevets des amoureux de la littérature la plus libre et poétique, La Pêche à la truite en Amérique, auquel répond Sucre de pastèque comme une sorte de face B plus satirique, est un émerveillement inépuisable.
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« Tout a débuté par un essai, consacré à quelques uns des problèmes esthétiques, et moraux, que pose l'omniprésence des images photographiques : mais plus je réfléchissais à la nature des photographies, plus elles devenaient complexes et suggestives. Si bien qu'un essai en engendra un autre, qui à son tour (à mon grand étonnement), en engendra un troisième, et ainsi de suite, chacun ajoutant un maillon à une chaîne d'essais sur le sens et la vie des photographies, jusqu'à ce que je fusse allée assez loin pour que le développement esquissé dans le premier essai, étayé puis prolongé dans les suivants, pût être récapitulé et généralisé de façon plus théorique. Et trouver son terme. [.] Ecrire sur la photographie, c'est écrire sur le monde. Et ces essais sont en fait une méditation prolongée sur la nature de notre modernité. » (Susan Sontag) Paru pour la première fois en 1977, Sur la photographie est devenu un livre culte sur le sujet.
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En septembre 1968, pour échapper à la police qui envahit l'Université de Mexico, Auxilio Lacouture se cache au quatrième étage de la faculté de Lettres et de Philosophie. Cette Uruguayenne, amie des poètes et de la poésie, passe treize jours et treize nuits ainsi enfermée dans les toilettes des femmes. "J'étais à la faculté ce fameux 18 septembre quand l'armée viola l'autonomie de l'université et entra sur le campus pour arrêter ou tuer tout le monde.
"Ainsi recluse, elle raconte son histoire au fil d'un vaste récit qui mêle passé et futur, évoquant les jeunes gens qu'elle a connus à l'université - génération bientôt sacrifiée par l'armée - et les événements de ces années troubles qu'elle a traversées comme une ombre. Par moments, cette réflexion prend également les allures d'un songe mystique au sein duquel surgissent certains personnages historiques tels Remedios Varo, peintre surréaliste épouse du poète Benjamin Péret, ou la poétesse salvadorienne Lilian Serpas.
Dans cet ouvrage qui fut l'un des premiers de Roberto Bolano à paraitre en France, on retrouve la combinaison, propre à l'auteur, d'une atmosphère angoissante, proche des récits d'Edgar Allan Poe, et d'une terreur politique bien contemporaine. A cet égard, Amuleto annonce les oeuvres futures de l'auteur, où les écrivains et les poètes jouent souvent un rôle essentiel : La littérature nazie en Amérique, Etoile distante, Nocturne du Chili...
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Les garçons sauvages
William seward Burroughs
- Christian Bourgois
- Titres
- 3 Novembre 2022
- 9782267046755
Un roman d'anticipation selon Burroughs...
Une bande de garçons adolescents, homosexuels et drogués, sèment le chaos et la destruction partout où ils passent, menaçant de faire sombrer le monde civilisé. Il se pourrait bien que ce futur ressemble étrangement, terriblement, à nos temps présents - même distordu par les images et le style hallucinés de Burroughs, qui entraîne son lecteur jusqu'aux tréfonds les plus insoutenables de la violence, du sadisme et de la pornographie.
Avec une radicalité qui, paradoxalement, finit par confiner à une certaine poésie non dénuée d'humour, William Burroughs nous convie à une vision cauchemardesque de l'avenir et un grand choc littéraire. -
à travers les errances des réfugiés chiliens fuyant le régime militaire, roberto bolano brosse une série de courts récits.
Une anecdote, un souvenir, un prétexte lui fournissent la trame de ces treize nouvelles où toujours s'immisce une remise en question du chili. treize variations sur les thèmes du désespoir, de la folie, de la littérature qui est essentielle, mais aussi de son absence, de la beauté qui disparaît, de l'amour, de la mort, du destin obscur des êtres
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Karim, dix-sept ans, un adolescent rêveur, cherche désespérément à échapper à la banlieue sud de Londres et à goûter aux fruits défendus que les années 1970 semblent offrir.
Entre son père d'origine indienne qui se découvre une passion pour la philosophie chinoise et se transforme en un gourou New Age initiant ses voisins aux secrets de la méditation, et sa mère british qui essaie de l'empêcher de sortir, il ne cesse de tenter de nouvelles expériences. Lorsque l'opportunité improbable d'une vie dans le show business se présente, Karim commence à gagner le genre d'attention qu'il espérait.
Avec la publication de ce roman d'éducation déjanté, à la sauce punk rock en plein coeur de l'Angleterre métissée, Hanif Kureishi s'est imposé dans le paysage littéraire comme une nouvelle voix singulière et un écrivain irrévérencieux qui brise les tabous.
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Dans ce « journal météorologique de l'esprit », Annie Dillard se fait la chroniqueuse d'une « vallée des merveilles » de l'État américain de Virginie où coule la rivière Tinker et se livre à une exploration quotidienne et solitaire de son environnement.
Elle décrit ainsi certains traits de la vie des mantes religieuses ou de celle des papillons Monarque, mais aussi celle des requins, des serpents venimeux, des parasites, leurs prouesses, beautés et déchéances, la violence et la cruauté mortelle de cet univers de prédateurs qui s'entre-dévorent.
Recluse volontaire parmi ces créatures, Annie Dillard est surtout une extraordinaire écrivaine qui lit la nature et tente de déchiffrer ses signes. Dans cette quête, elle cite Van Gogh, le Coran et Thoreau bien sûr, mais aussi entomologistes, astronomes, écrivains et chercheurs, trahissant ainsi avec beaucoup d'humilité une culture et une curiosité immenses qui font de cette double exploration de la vallée Tinker et de l'esprit humain un livre unique.
Récit d'un écrivain solitaire, ce texte est une splendeur d'écriture poétique, d'observation de la nature, et de réflexion quasi pascalienne sur la place de l'être humain entre l'infiniment grand et l'infiniment petit.
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L'Usine, un gigantesque complexe industriel de la taille d'une ville, s'étend à perte de vue. C'est là qu'une femme et deux hommes, sans liens apparents, vont désormais travailler à des postes pour le moins curieux. L'un d'entre eux est chargé d'étudier des mousses pour végétaliser les toits. Un autre corrige des écrits de toutes sortes dont l'usage reste mystérieux. La dernière, elle, est préposée à la déchiqueteuse de documents. Très vite, la monotonie et l'absence de sens les saisit, mais lorsqu'il faut gagner sa vie, on est prêt à accepter beaucoup de choses... Même si cela implique de voir ce lieu de travail pénétrer chaque strate de son existence ?
Dans une ambiance kafkaïenne où la réalité perd peu à peu de ses contours, et alors que d'étranges animaux commencent à rôder dans les rues, les trois narrateurs se confrontent de plus en plus à l'emprise de l'Usine. Hiroko Oyamada livre un roman sur l'aliénation au travail où les apparences sont souvent trompeuses. -
Il existe à New York une rue au nom évocateur : Division Avenue. Elle se situe dans une partie spécifique de Brooklyn, le quartier juif orthodoxe. C'est là que vit Surie Eckstein, qui peut s'enorgueillir d'avoir vécu une vie bien remplie : mère de dix enfants, elle passe des jours tranquilles avec sa famille. Alors qu'elle pensait être ménopausée, Surie découvre qu'elle est enceinte. C'est un choc. Une grossesse à son âge, et c'est l'ordre du monde qui semble être bouleversé. Surie décide de taire la nouvelle, quitte à mentir à sa famille et à sa communauté. Ce faisant, Surie doit affronter le souvenir de son fils Lipa, lequel avait - lui aussi - gardé le silence sur une part de sa vie. Un secret peut avoir de multiples répercussions ; il permettra peut-être à Surie de se réconcilier avec certains pans de son passé.
Avec Division Avenue, Goldie Goldbloom trace le portrait empathique, tendre et saisissant d'une femme à un moment charnière de son existence. Et nous livre un roman teinté d'humour où l'émancipation se fait discrète mais pas moins puissante. -
Etoile distante est une sorte de roman noir, qui mêle Histoire, politique, art et horreur.
Un certain Alberto Ruiz-Tagle, jeune homme séduisant et mystérieusement lointain, se présente
dans un atelier d'écriture que suivent le narrateur et son ami Bibiano O'Ryan, dans une ville
provinciale du Chili. Le coup d'Etat de Pinochet donne l'occasion à cet étrange artiste - qui désormais
s'appelle Carlos Wieder - de mettre en pratique sa conception radicale de l'art de la cruauté en
assassinant quelques femmes de sa connaissance dans des circonstances que le lecteur, comme le
narrateur, ne peuvent qu'imaginer. Ce lointain disciple de Dorian Gray élève ses cauchemars au
rang d'une esthétique de la cruauté.
Pendant les années suivantes, Wieder (ou Octavo Pacheco, Masanobu, Juan Sauer, entre autres
noms) poursuit sa carrière artistique (créateur de wargames, réalisateur de snuff movies) jusqu'à ce
que, 20 ans plus tard, poursuivi par un détective privé payé par des famille des « disparues », il soit
finalement tué dans les environs de Barcelone.
Mais Etoile distante, c'est aussi une prolifération tourbillonnante d'histoires qui accompagnent ce
récit sur la démence et le mal. Histoires folles, invraisemblables, traversées de rumeurs
invérifiables, comme autant de visions égarées de ceux que l'Histoire du Chili a brisés, d'épisodes
cruels et pathétiques où l'espace de quelques pages des monstres terriblement (in)humains
s'ébrouent : destins picaresques et tragiques de Lorenzo ou Lorenza, « gay » chilien handicapé, de
Juan Stein, poète, professeur de littérature et guerrillero au Nicaragua, de Diego Soto, traducteur de
Georges Perec, de Raoul Delorme, ancien légionnaire, devenu concierge et écrivain barbare... Autant
de vies où se bousculent l'horreur, le comique, la dérision, la parodie...
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Dans Le style Camp, Sontag tente de définir l'indéfinissable.
Le Camp, c'est une façon de voir le monde autant qu'une manière d'être. Cet art de valoriser l'artifice pourrait avoir pris corps selon Sontag pour la première fois dans Les Fourberies de Scapin, de Molière, en 1671, et autour de la figure de Louis XIV. La beauté androgyne de Greta Garbo, le film King Kong de 1933, ou encore Mozart, incarnent tous la sensibilité Camp - un mélange d'extravagance, de ludisme et de sérieux. Le Camp, en tant que subversion des normes sexuelles, est aussi une forme d'expression et un regard propre aux communautés queer.
Dans Culture et sensibilité d'aujourd'hui, Susan Sontag va plus loin encore. En théorisant notre « nouvelle sensibilité », elle suggère qu'il n'est plus possible de différencier l'art noble et l'art populaire et redéfinit la nouvelle fonction de l'art depuis la révolution industrielle. Emblématique d'une époque et de ses mouvances contestataires, ce second essai est une véritable déclaration d'indépendance par rapport à la critique traditionnelle : c'est l'un des textes critiques les plus lus et les plus influents des années 1960.
Publié à l'origine en 1964 et inclus dans son premier recueil d'essais emblématique, Against Interpretation, Le style Camp et Culture et sensibilité d'aujourd'hui ont été les premiers essais critiques à abolir les frontières entre la « haute » et la « basse » culture ; ils ont propulsé la carrière de Susan Sontag dans les années 1960. Ces essais ont initié une nouvelle façon de penser, ouvrant la voie à un tout nouveau style de critique culturelle. -
Vingt-cinq ans après avoir écrit un roman d'amour, un commis aux écritures revient sur ce traumatisme ancien et démarre une sorte de journal, à la recherche de ces innombrables écrivains négatifs qui emplissent de leur assourdissant silence l'histoire de l'écriture. Livres inachevés ou inachevables, succès posthumes, auteurs d'un seul livre, maniaques du pseudonyme, incapables majeurs, désespérés a priori, militants de l'ineffable ou nègres consentants... Tous ces petits-cousins de Bartleby forment une constellation d'où, à n'en pas douter, sont sortis les meilleurs, quand ils n'y sont pas tout simplement restés.
Dans ces labyrinthiques notes de bas de page destinées à commenter un texte invisible, en quête de tous ces livres qui demeurent en suspension dans la littérature mondiale, Vila-Matas montre à quel point cette crise touche à l'essentiel de tout projet d'écriture.
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Paris, avril 1938. Tandis que l'Europe est frappée par le fascisme et la guerre civile espagnole, le poète Vallejo se meurt, frappé d'un hoquet incurable. Madame Reynaud, une jeune et jolie veuve amie de la femme du poète, appelle à son chevet le mystérieux monsieur Pain - secrètement épris de ladite veuve. Vétéran de la Grande Guerre aux poumons brûlés, magnétiseur et adepte des sciences occultes, Pierre Pain pourrait bien être le seul capable de sauver le poète latino-américain d'un mal que les médecins traditionnels ne parviennent ni à identifier ni à juguler.
Mais à partir du moment où il se rend à la clinique Arago, la vie de monsieur Pain vire au cauchemar. Deux hommes se présentant comme des médecins, mais plus proches de tueurs à gage, s'attachent à le dissuader de guérir Vallejo. La mort de ce dernier semble en effet susceptible de favoriser la victoire des forces obscures en Espagne, où la guerre civile fait rage, et contribuer au triomphe de ces régimes qui se sont déjà emparés d'une partie de l'Europe.
Monsieur Pain s'efforce un temps de s'opposer à ce rituel maléfique, mais qui s'abîme dans l'angoisse d'un labyrinthe psychique, vaincu par des forces démoniaques.
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Nichée entre la jungle et le fleuve, la ville de San Cristóbal est bercée d'une langueur tropicale. Un jeune fonctionnaire aux affaires sociales y est muté pour mettre en place un programme d'intégration des communautés indigènes. Très vite, il découvre que le pittoresque y côtoie la noirceur. En effet, la torpeur locale est perturbée par l'arrivée d'un groupe d'enfants qui pillent les rues et effraient la population. D'où viennent-ils ? Quelle est cette langue incompréhensible pour les adultes, qui semble n'appartenir qu'à eux ? Comment les arrêter ? La tension monte dans la ville, jusqu'au drame. Deux décennies après les faits, le narrateur, encore hanté par les événements qui s'y sont déroulés, revient sur toute cette affaire.
Dans une échappée à l'ordre établi par les adultes, Andrés Barba nous invite à redéfinir notre idée même de l'enfance avec cette grande fable qui nous hantera longtemps.
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Fernando Pessoa a beaucoup écrit sur lui-même. Un singulier regard peut être vu comme un prélude à son oeuvre et le complément de son chef-d'oeuvre et livre total, Le Livre de l'intranquillité. Les textes qui composent le présent volume révèlent en effet des aspects méconnus de l'auteur à travers des textes et correspondances. Ils constituent un journal de sa vie intérieure, tout entière tournée vers l'auto-analyse.
On trouvera dans cet autoportrait passionnant, souvent impitoyable, la lente progression d'une personnalité en pleine gestation, depuis une adolescence chaotique jusqu'à une maturité magistrale. Les écrits très intimes rassemblés ici montrent l'angoisse, la solitude et la lucidité de l'écrivain et la genèse de sa personnalité.