" la fin du XXe siècle, notre époque, ce temps mythique, est arrivé et nous ne sommes que chimères, hybrides de machines et d'organismes théorisés puis fabriqués ; en bref, des cyborgs.
Le cyborg est notre ontologie ; il définit notre politique. le cyborg est une image condensée de l'imagination et de la réalité matérielle réunies, et cette union structure toute possibilité de transformation historique. dans la tradition occidentale des sciences et de la politique, tradition de domination masculine, raciste et capitaliste, tradition de progrès, tradition de l'appropriation de la nature comme ressource pour les productions de la culture, tradition de la reproduction de soi par le regard des autres, la relation entre organisme et machine fut une guerre de frontières.
" ainsi parle donna haraway, professeure au department of history of consciousness, à l'université de californie à santa cruz. elle est l'une des personnalités qui ont façonné le champ de la théorie féministe et des science studies. ses textes traduits en plus de 16 langues en font une auteure incontournable de la scène intellectuelle internationale, penseuse de la postmodernité et des technosciences.
La plus grande partie de son oeuvre est encore inédite en français. bienvenue dans le monde étrange de donna haraway peuplé de cyborgs, hybrides, femalemen, oncomice, coyotes et autres monstres. il s'y déjoue les dichotomies anciennes : féminin / masculin ; nature / culture ; vivant / artefact. bienvenue dans le monde de donna haraway, ses fabulations sont les nôtres, nos pires craintes ou nos meilleures espérances ? a l'évidence, les cartes politiques pour l'invention de nouveaux espaces.
Cette anthologie propose les textes essentiels de donna haraway : cyborg manifeste, situated knowledge, teddy bear patriarchy, ecce homo, modest witness, race.
Nos ennemis les bêtes ! L'homme fait tant de mal aux autres animaux qu'il se retrouvera bientôt seul sur Terre avec les bactéries et les virus... Comment inventer un droit pour les animaux ? Peut-on parler de langage et de culture à leur propos ? Comment les sauver ?
Comment dire Los Angeles, cette ville tentaculaire ? Sophie-Anne Delhomme, auteure de Quitter Dakar (le Rouergue, 2010) entend parcourir tous les rêves, tous les mirages de la cité légendaire. Par de courts fragments comme autant de microfictions, son récit cerne petit à petit une société faite de mille désirs parallèles. On y suit Olivia une photographe dans son travail d'archivage du réel, on y découvre surtout les nombreux homeless de la ville de passage dans un shelter (un abri) où des bénévoles leur coupent les cheveux et les maquillent. Au fil des pages se dessinent alors une communauté de destins, résumés par ce vers du poète Langston Hughes : « What happens to a dream deferred ? » Qu'arrive-t-il à un rêve qui dure et ne s'accomplit pas ? Sunset Paradise est le roman de ces rêves inaccomplis.
Ce livre est une tentative personnelle pour comprendre et expliquer ce qui fait la nature intrinsèque de la poésie. Eugène Green, qui a écrit lui-même de la poésie et qui a longtemps mis en scène les drames baroques, trouve dans ces deux mots les clés : les Grecs désignaient la poésie par un mot, poiÄ«sis, qui signifie faire, fabriquer. Les poètes du monde roman, eux, se définissaient par un autre mot, trobar en occitan , trouver en français... Au fil des pages, Eugène Green nous emmène dans une prodigieuse promenade à travers les langues et les littératures.
"Papiers" la revue de France Culture consacre son numéro de printemps à la politique : "La gauche, c'est par où ?", telle est la question. Pas de démocratie sans alternance et choix devant l'électeur. Or un peu partout dans le monde la gauche semble en miettes, incertaine de sa mission et de ses priorités : les minorités ? l'écologie ? les exclus et les migrants ? Un dossier spécial à l'occasion du 150e anniversaire de la Commune de Paris, où seront revisités les grands acteurs de la gauche, depuis Marx et Jaurès jusqu'à Mitterrand et Coluche.
Une histoire de l'humanité vue du côté du Malin, écrite par le sociologue Vilem Flusser. Ou comment le diable n'en fait qu'à sa guise en nous poussant vers les sept péchés capitaux. Une allégorie ironique qui décrit notre monde moderne...
Il était une fois un patineur, Alois Lutz, qui créa un saut magnifique à qui l'on donna son nom. Ce patineur, mort à 20 ans en 1918 n'a guère laissé d'autres traces de son existence... Un mystère qui ne pouvait que pousser Jim Palette, romancier et critique d'art, à enquêter sur le personnage. On suit donc le narrateur dans les sombres vallées d'Autriche à la recherche du moindre indice, de la moindre rumeur à propos de ce sportif tôt disparu.
Françoise Etchegaray dresse ici un portrait très vivant du grand réalisateur Éric Rohmer, avec beaucoup d´anecdotes sur les tournages et les montages des films. Ce livre est donc à la fois un hommage à l´un des maîtres de la Nouvelle Vague et un précis de cinéma. Où l´on s´aperçoit que plusieurs des grands films de Rohmer ont été tournés avec trois personnes et sans préparation.
Venise n'est plus dans Venise, les Vénitiens sont partis, remplacés par les commerces chinois, les spéculateurs et une administration incompétente et corromoue... Dans ce pamphlet rigoureux et informé, Casanuova démontre l'inéptie des différents plans pour "sauver" la ville, et propose une autre solution, radicale et en accord avec l'époque : Venise doit être privatisée et confiée à un gestionnaire de parc à thème. Une seconde Venise doit être construite non loin, pour les flots de touristes. Et la première doit être réservée aux happy few. Iconoclaste !
Deux jeunes alpinistes, enfouis sous une avalanche, retrouvent leur vie d´avant grâce à une improbable médecine d´avant-garde. Leur conversation reprend, un demi-siècle plus tard, là où ils l´avaient interrompue. Ferdinand est venu au chevet de Pascal. Une femme, Lola, traverse l´Atlantique pour les rejoindre.
Dans cette chronique des années 1970, la narratrice suit une analyse auprès de Jacques Lacan, vit les dernières heures de la bohème parisienne du côté de la Contrescarpe, croise le mathématicien Pierre Soury avec qui elle partage ses infortunes, se laisse entraîner par un beau médecin, ancien de la LCR à Ibiza, qu'elle épousera bientôt... Mais cette quête d'une vérité ne se laisse pas comprendre sans une scène primitive : l'inceste de sa cousine ainée Françoise dans son Bordelais natal...
La revue Papiers propose pour son numéro de rentrée un grand dossier sur les Etats-Unis à la veille de l'élection du président. Avec les entretiens avec les meilleurs écrivains et intellectuels américains. Pour mieux connaître cette Amérique désormais en compétition avec la Chine pour la place de plus grande puissance mondiale.
Niklas Luhmann est le plus grand sociologue allemand de la fin du XXe siècle, à la hauteur d´un Jurgen Habermas en philosophie avec lequel il a d´ailleurs dialogué souvent. Jusqu´à présent, sa grande oeuvre, La Société de la société, n´était pas disponible en français. Voici cet oubli réparé grâce au travail de Flavien Le Bouter, enseignant en sociologie et traducteur. Dans ce très gos ouvrage, Luhmann explique comment nos sociétés modernes sont devenues de sociétés de sociétés, chaque sphère (religieuse, juridique, économique, etc.) étant une société en elle-même. Sa recherche fournit une archéologie des médias nouvelle, puisqu´à chaque ""société"" correspond un média symboliquement généralisé : le droit, l´argent, l´art, l´amour, etc.
Philosophes, critiques d'art, artistes, jardiniers et paysagistes, et même agents de comédiens tentent de répondre à cette difficile question. Nous ne sommes plus à l'ère des Grecs de l'Antiquité pour lequel le Beau ne se pouvait concevoir sans le Vrai et le Bon.
Nous ne sommes plus à l'époque de l'esthétique du sublime, ni à celle de l'imitation de la Nature... Alors, quoi ? Pourquoi trouvons-nous beau ce visage, ce tableau, ce paysage ?
Dans son nouveau roman, François Meyronnis se livre à un jeu dangereux : mettre en scène la Parole elle-même et tenter grâce à elle de sauver le monde en perdition. Il s´appuie pour cela sur plusieurs sages, un peintre de la fin du siècle dernier qui ne peignait plus, un rabbi ayant vécu au début du XIXe siècle, des femmes aussi. ""Alors l´immense ouverture engloutissant le pire et le meilleur, il avait décidé de se mesurer à elle : de ne faire, toute sa vie, que cela."" Ainsi commence ce roman qui vise au plus haut de l´aventure humaine.
« Il n'est pas impossible que dans cette anthologie se soient glissés des textes apocryphes :
L'érotisme induit une littérature de la métaphore et de la dissimulation, si bien qu'il n'est pas toujours facile d'y distinguer le vrai du faux. Mais après tout, en matière de désir, a fortiori de désir sexuel, l'imagination doit rester reine. Et en matière de plaisir, a fortiori de plaisir des sens, les limites sont faites pour être franchies. » Édouard Launet, romancier et journaliste facétieux, a donc rassemblé des « inédits » érotiques, ou simplement coquins, d'auteurs que l'on ne soupçonnait pas attirés par la bagatelle : Victor Hugo, Chateaubriand, Henry James, Jane Austen, mais aussi Marguerite Duras et... Albert Einstein. Un Einstein amoureux semble-t-il de Marilyn Monroe !
Le livre, à la manière des ouvrages que l'on vendait « sous le manteau » autrefois, sera illustré par des dessins.
50 écrivains répondent à la question. Ce questionnaire fait suite en quelque sorte à deux initiatives précédentes, les surréalistes en 1919 demandant « Pourquoi écrivez-vous » à une centaine d'écrivains français, et le journal Libération renouvelant l'expérience en 1988 (auprès de 400 écrivains étrangers et français).
Une enquête nécessaire alors que le numérique et la vidéo accaparent petits et grands...
En supplément, « Papiers » fera une liste exclusive des « 30 livres de littérature à lire pour comprendre le monde contemporain ».
Les alertes du GIEC, les signaux de nombreux observateurs, les dérèglements climatiques de plus en plus nombreux... Malgré tous ces événements, rien n'y fait, nous continuons à vivre comme avant. Comme disait un président de la République (qui ne fit pas grand-chose durant ses deux mandats) : « la planète brûle et nous regardons ailleurs ».
Il faut croire que notre cerveau n'est pas fait pour prévoir ni anticiper. Nous sommes ainsi faits que nous savons que les menaces sont là, mais que nous préférons vivre l'instant présent.
Dans ce numéro spécial de Papiers, la revue de France Culture, écologistes, scientifiques et philosophes vous expliquent pourquoi nous n'arrivons pas à bouger nos modes de vie ni nos modes de production. Question de politique bien sûr, mais aussi question de psychologie.
Également au sommaire :
- La Bible n'est pas tombée du ciel, une conférence de Thomas Römer, professeur au Collège de France. Ce qu'on sait de l'écriture du texte...
- L'héritage de Toni Morrison. L'écrivaine noire américaine, prix Nobel, qui vient de mourir, est toujours d'actualité. Notamment par son message sur la tolérance, sur les vertus de la littérature, et par son combat pour les femmes et les minorités.
Le système de santé français est excellent pour les maladies du corps, mais est-il aussi bon pour soigner l'âme humaine ? Pourquoi la psychiatrie repose-t-elle toujours sur la chimie ? La psychanalyse a-t-elle encore droit de cité ? Nous publierons des témoignages (« En séance, étapes d'une psychanalyse »), des conférences (les apports des cognitivismes), des polémiques (entre psys et comportementalistes), etc.
En supplément, « Papiers » publiera une liste inédite des « 30 essais à lire pour comprendre le monde contemporain » choisis par les producteurs de France Culture.