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C'est à sa constante recherche de formes nouvelles, autant qu'à son imagination audacieuse, qu'Italo Calvino romancier - pour ne rien dire du conteur ni de l'essayiste - doit d'occuper une place de premier plan dans la littérature contemporaine. Le goût de l'expérimentation, le refus de se répéter, l'esprit ludique aussi, ont entraîné l'auteur du Sentier des nids d'araignée très loin du "néo-réalisme" de ses débuts : peu d'écrivains ont joué sur une telle variété de registres. On s'étonne, à première vue, que l'auteur du fabuleux Baron perché (1957) soit aussi celui du méditatif Monsieur Palomar (1983), et qu'au réalisme poétique de Marcovaldo (1963) aient succédé les jeux combinatoires des Villes invisibles (1972) et de Si une nuit d'hiver un voyageur (1979). C'est d'une même exigence, pourtant, que procèdent ces oeuvres si diverses. D'un même refus du biographique et de l'autofiction ; d'une même volonté de comprendre la complexité du monde, en rejetant les interprétations univoques ; d'une même conviction que la littérature, si elle se tient à bonne distance, peut intervenir sur la réalité. À sa manière ludique et singulièrement inventive, en associant le sérieux à l'ironie, Calvino outrepasse les frontières traditionnelles du roman : tantôt en réorientant le romanesque vers le conte et la fable, tantôt au contraire en l'associant, en héritier des Lumières, à la recherche scientifique. Imagination et raison, chez Calvino, ont noué une alliance exemplaire.
Yves HersantGrand format 69.00 €Sur commande
La divine comédie
Dante Alighieri
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 14 Octobre 2021
- 9782072888748
La lecture de La Divine Comédie est un voyage. Claudel le définit à merveille : «De celle qu'il aime, Dante n'a pas accepté d'être séparé, et son oeuvre n'est qu'une espèce d'effort immense de l'intelligence et de l'imagination pour réunir ce monde de l'épreuve où il se traîne, ce monde des effets, qui, vu d'où nous sommes, semble le domaine du hasard ou d'une mécanique incompréhensible, au monde des causes et des fins.» Le lecteur n'est jamais seul au cours de son ascension. Si Dante a besoin de guides - Virgile, Béatrice, saint Bernard -, il est lui-même l'accompagnateur et le complice de qui le lit. Les expériences qu'il évoque, il considère qu'elles sont communes à tous. Il apprivoise l'imagination en l'entourant d'objets familiers. Une fois encordé au poète, et captif de sa voix, on ne peut demeurer en arrière. «On n'avait pas entendu cette voix depuis l'Antiquité latine», disait Saint-John Perse. Plus qu'un autre sans doute, le lecteur du XXI? siècle est sensible à la conscience artistique qui habite Dante, à la manière dont il invente et manie d'un même geste la langue dont il use - «un acte qui vaut pour tous les temps, celui par lequel la poésie accède à soi» (Yves Bonnefoy). Dans cette édition, publiée à l'occasion du 700? anniversaire de la mort du poète, la traduction de Jacqueline Risset, d'une limpidité sans égale, voisine avec le texte original et bénéficie d'un appareil critique nouveau qui prend appui sur sept siècles de lectures aussi bien que sur les recherches les plus récentes.
Grand format 72.50 €Sur commande
Crime et châtiment
Fedor Dostoïevski
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 1 Décembre 1950
- 9782070101740
Crime et châtiment est le premier des cinq grands chefs-d'oeuvre qui rendront Dostoïevski immortel. Il ne l'écrivit qu'en 1865, mais il en avait eu la première idée douze ans plus tôt, alors qu'il était au bagne. Il songeait alors à un roman dans lequel un de ces êtres
forts, dont l'existence l'étonnait, qui ignorent les bornes du bien et du mal, écrirait sa confession. On sait que Dostoïevski, condamné à mort, fut grâcié et fit quatre ans de bagne. Cette terrible expérience, si elle eut une influence sur toute son oeuvre, n'est jamais aussi manifeste que dans les textes qu'on a réunis dans ce volume. On y trouvera, en effet, outre Crime et châtiment : le Journal de Raskolnikov, Les Carnets de Crime et châtiment et Souvenirs de la Maison des Morts, ouvrage que Tolstoï qualifiait de «plus beau livre de toute la littérature nouvelle, Pouchkine inclus».Beaux-livres 66.50 €Sur commande
Shirley - Villette (1849-1853)
Charlotte Brontë
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 22 Septembre 2022
- 9782070114962
L'immense succès de Jane Eyre (1847) fait de Charlotte Brontë une romancière reconnue. L'élaboration de son nouveau roman sera douloureuse : en l'espace de huit mois, Branwell, Emily et Anne disparaissent, faisant d'elle la seule survivante d'une exceptionnelle fratrie d'écrivains. Shirley paraît en 1849. En toile de fond, la lutte des ouvriers du textile contre la mécanisation. Au premier plan, deux héroïnes se disputant l'attention de Robert Moore : une héritière cultivée et fougueuse, et une orpheline douce et timide ; la première est inspirée d'Emily, la seconde d'Anne. L'ouvrage voit resurgir les héros des oeuvres de jeunesse (Napoléon, Nelson, Wellington), oeuvres dont on ne dira jamais assez l'importance. Il propose de magnifiques portraits de femmes cherchant leur place dans une Angleterre patriarcale.Pour Villette, qui suit en 1853, Charlotte fait appel aux souvenirs de son séjour à Bruxelles en 1842-1843. Élève puis professeur dans un pensionnat, elle avait été séduite (intellectuellement) par Constantin Heger, qui donnait des cours de rhétorique dans l'établissement tenu par son épouse. Elle transpose cette expérience dans le personnage de Lucy Snowe, qui s'éprend d'un confrère revêche. Certains contemporains ont jugé «pervers» l'humour de la romancière, mais le ton caustique et l'extraordinaire vivacité de la langue font aujourd'hui le charme du livre, où se mêlent réalisme et gothique - un gothique d'artifice, décalé. Aussi important que méconnu, Villette, qui fait la part belle aux non-dits et aux ellipses, et dont le dénouement est laissé à l'interprétation du lecteur, est un grand livre à la modernité troublante.
Grand format 70.00 €Sur commande
Ils ne sont pas légion, les écrivains auteurs d'un livre devenu plus célèbre qu'eux, si célèbre, à vrai dire, qu'il rayonne bien au-delà du cercle de ses lecteurs et touche des personnes qui, sans jamais l'avoir ouvert, en connaissent la trame et en utilisent les mots-clefs. De ce club fermé d'écrivains George Orwell est, aux côtés de Swift (qu'il a lu de près), un membre éminent. Le regard porté sur son oeuvre en a été profondément modifié. Ses deux derniers romans, La Ferme des animaux et plus encore Mil neuf cent quatre-vingt-quatre, ont en quelque sorte requalifié ses écrits antérieurs, hissant leur auteur au rang de classique anglais du XXe siècle, sans pour autant mettre fi n aux débats: l'éventail des jugements portés sur Orwell demeure grand ouvert, et il va du dédain à l'idolâtrie.
Sans tomber dans aucune de ces extrémités, il faut reconnaître la cohérence de l'oeuvre, tout entière fondée sur une ambition : « faire de l'écriture politique un art véritable ». « Un homme à la colère généreuse », « une intelligence libre », « le genre que haïssent également toutes les orthodoxies malodorantes qui s'affrontent aujourd'hui pour la possession de nos âmes » : ces traits empruntés à son portrait de Dickens dessinent l'autoportrait d'Orwell. Dans ses articles, ses essais, ses récits-reportages, ses romans mêmes, celui-ci fait partager ses convictions et ses refus. Ses écrits se nourrissent de ses engagements personnels, de sa démission d'un poste de fonctionnaire de la Police impériale des Indes (En Birmanie), de son intérêt pour la condition des indigents des deux côtés de la Manche (Dans la dèche à Paris et à Londres) ou pour le sort des mineurs du Yorkshire (Wigan Pier au bout du chemin), de son séjour dans l'Espagne en guerre (Hommage à la Catalogne) et de sa guérilla incessante contre les mensonges et les crimes staliniens. Mais ce sont donc ses deux derniers romans qui ont fait sa gloire ; l'allégorie animalière et la dystopie déguisée en farce tragique forment une sorte de diptyque dont la cible est la barbarie du totalitarisme.
Il reste que Mil neuf cent quatre-vingt-quatre occupe une place à part parmi les dystopies, si tant est que le livre ait réellement à voir avec ce genre. C'est que la puissance des scènes et des images inventées par Orwell demeure sans égale, qu'il s'agisse de l'affiche géante du Grand Frère, de l'oeil toujours ouvert du télécran, des minutes de Haine, et surtout, et avant toute chose, de cette langue, le néoparle (newspeak), créée pour éradiquer les pensées « hérétiques », autant dire toute pensée. Elle est véritablement au coeur du roman, et au centre des enjeux de sa traduction française. Comme tous les textes inscrits au sommaire de ce volume, Mil neuf cent quatre-vingt-quatre est proposé ici dans une nouvelle version, fidèle au style à la fois vif et rugueux de son auteur. L'ensemble, tous genres confondus, se lit comme l'almanach d'un quart de siècle de bruit et de fureur rédigé par un écrivain qui a toujours considéré qu'il n'existe pas de réalité sans observateur.
Grand format 75.00 €Sur commande
Journal d'un écrivain
Fedor Dostoïevski
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 28 Mars 1972
- 9782070107322
La traduction de Gustave Aucouturier est la première traduction française intégrale du Journal d'un écrivain munie de l'abondante annotation nécessaire pour éclairer des textes presque toujours rattachés aux faits d'une époque donnée de la vie russe et de la vie internationale.
Beaux-livres 65.50 €Sur commande
Romans et récits (1979-1991)
Philip Roth
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 24 Février 2022
- 9782070135516
«Tu tires des récits de tes vices, tu rêves des doubles pour tes démons» : c'est ainsi que Nathan Zuckerman, la créature de papier de Philip Roth, décrit son entreprise d'écriture dans La Leçon d'anatomie. Apparu sous la plume de l'écrivain Peter Tarnopol dans Ma vie d'homme (1974), ce double assumé du fictif Tarnopol et de Roth, lequel les invente tous deux en vertu d'un processus de création fait de reflets et de répliques, prend pour ainsi dire vie dans le premier cycle romanesque qui lui est consacré, Zuckerman enchaîné. Cette série de romans - une trilogie et son épilogue - offre à Roth l'occasion d'exposer les métamorphoses de la subjectivité. Elle met en scène quatre moments-clefs de la carrière de Zuckerman : la relation de l'aspirant écrivain avec son mentor (L'Écrivain fantôme, 1979) ; le romancier devenu une célébrité et la victime de son succès (Zuckerman délivré, 1981) ; l'homme souffrant de douleurs mystérieuses en pleine crise de la quarantaine, rattrapé à la fois par la complexité de sa vie amoureuse et sexuelle et par la mort de ses parents (La Leçon d'anatomie, 1983) ; l'homme de lettres privilégié face aux intellectuels de l'Europe de l'Est communiste (L'Orgie de Prague, 1985). On retrouvera Zuckerman dans La Contrevie (1986), un «labyrinthe de miroirs» (Philippe Jaworski), et un chef-d'oeuvre de virtuosité, qui est en quelque sorte la réponse de Roth au postmodernisme américain incarné notamment par Thomas Pynchon. Un brouillon donne à penser que le roman aurait pu être intitulé Tu dois changer ta vie ; «Tout peut arriver, et c'est précisément ce qui arrive : tout.» Pendant la période de création couverte par ce volume, Roth explore la frontière poreuse entre réalité et fiction. S'il occupe le devant de la scène jusqu'en 1986, Zuckerman n'est pas l'unique alter ego de l'auteur. Émerge en effet un nouveau personnage (de fiction ?) nommé Philip ou Philip Roth. Il dialogue avec Zuckerman dans Les Faits (1988), sous-titré «Autobiographie d'un romancier» ; avec des femmes dans Tromperie (1990), roman tout entier construit en dialogues - «la bande-son d'un roman sans images», selon Ph. Jaworski -, tandis que Patrimoine (1991), récit de la maladie et de la mort du père (non plus celui de Zuckerman, celui de Roth), est présenté comme «Une histoire vraie». Les faits seraient-ils enfin débarrassés de leur gangue de fiction ? À la fin de la lettre que le Roth des Faits écrit à son lecteur Zuckerman, il admet que les «faits» sont en réalité des souvenirs déjà retravaillés. Ses expériences personnelles et son passé ne prennent forme et sens qu'une fois racontés. Et c'est à un personnage de fiction, l'inévitable Zuckerman donc, que Roth confie le soin de porter un jugement sur son manuscrit «autobiographique». L'autobiographie est sans doute «le genre le plus manipulateur dans toute la littérature», estime Zuckerman. C'est le moins que l'on puisse dire. Toute tentative de figer la frontière entre
Grand format 73.00 €Sur commande
Sous étui illustré
Grand format 62.50 €Grand format 60.00 €Sur commande
Index par René Langumier
Beaux-livres 62.50 €Sur commande
Oeuvres complètes Tome 8 ; sonnets et autres poèmes
William Shakespeare
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 11 Mars 2021
- 9782072830174
Ce volume réunit l'ensemble de l'oeuvre lyrique de Shakespeare et met un point final à l'édition des oeuvres complètes de Shakespeare dans la Pléiade.
Vénus et Adonis (1593) et Le Viol de Lucrèce (1594) ont connu en leur temps un vif succès, notamment de scandale : si l'on ne voit parfois dans ces petites épopées mythologiques et érotiques que des exercices d'imitation sur des sujets tirés d'Ovide, leur charge subversive, bien réelle, n'échappa pas aux lecteurs contemporains. Les Sonnets (1609), au contraire, sont passés presque inaperçus lors de leur publication. Ils sont pourtant devenus l'un des fleurons de l'oeuvre de Shakespeare. Loin de n'être qu'un miroir où se lirait la vie bisexuelle de William S. à travers le triangle amoureux que le poète y dessine avec le « beau garçon » et la « noire maîtresse » auxquels il s'adresse, le recueil, ici retraduit par Jean-Michel Déprats, possède une force qui excède largement la question sexuelle. Figures de styles et effets sonores contribuent à d'infinis croisements entre les mots et la pensée (et la pensée dans les mots). Il n'y a pas d'interdits de langage pour Shakespeare : son invention est aimantée par une subversion, morale et esthétique, de tous les instants.
En France, les sonnets ne sont traduits qu'à partir de 1821, et ce n'est qu'en 1857 que François-Victor Hugo en donne une traduction intégrale. Traductions et réécritures se multiplient ensuite. L'anthologie qui clôt le volume donne à saisir les métamorphoses auxquelles s'est prêté, et continue de se prêter, ce monument de la poésie universelle.
Grand format 65.00 €Sur commande
Romans et nouvelles ; 1959-1977
Philip Roth
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 5 Octobre 2017
- 9782070196821
Vivement controversé à ses débuts, Philip Roth s'est peu à peu imposé aux États-Unis comme l'un des plus grands auteurs de sa génération. Les cinq livres réunis ici témoignent déjà de ce qui deviendra sa marque de fabrique : richesse de l'imagination, verdeur, vigueur de l'ironie, selon un alliage très particulier d'oralité et d'élégance, d'exubérance et de délicatesse. Cest à cette époque-là, et avec ces ouvrages, que Roth devient Roth.
Goodbye, Columbus (1959), l'extraordinaire recueil de nouvelles qu'il publie à vingt-six ans, et bien plus encore la très iconoclaste Plainte de Portnoy (Portnoy et son complexe, 1969) ont fait scandale, l'un au sein de la communauté juive, que les décapants récits de Roth se soucient peu de flatter, l'autre bien au-delà : la chronique familiale, psychologique et sociale dessinée au vitriol par Portnoy va de pair avec un langage où rivalisent le loufoque, la gouaille et une outrancière crudité. Le roman, qualifié de magistrale «orchestration de voix» et d'allègre «festival linguistique», est un véritable jalon culturel des années 1960. Tel un ventriloque, le protagoniste fait dialoguer sur le divan de son analyste les voix contradictoires qui l'habitent. Dans un torrent d'imprécations et de lamentations sont données à entendre la voix de l'enfant, celle de l'adolescent, celle de l'adulte torturé. Le plus souvent aux prises avec sa yiddishe mame grotesquement castratrice, Portnoy dialogue aussi avec son père humble et soumis, et avec ses maîtresses, de séduisantes shikses (jeunes filles non juives, en principe interdites), en qui il voit les incarnations de l'Amérique qu'il entend conquérir.
Multipliant les identités et les masques comme un acteur multiplie les rôles, c'est ensuite David Kepesh que Roth introduit sur la scène de son oeuvre. Ce professeur de littérature se voit transformé en une gigantesque glande mammaire dans Le Sein (1972), fable kafkaïenne à la fois fantastique et burlesque, tandis que Professeur de désir (1977) retrace son enfance en famille, son exploration effrénée de la liberté sexuelle pendant ses études, puis les expériences féminines contrastées de sa maturité. Malgré l'apparence «sage» de ce schéma biographique, la pratique de la fiction est toujours aussi affranchie et ludique - en témoigne, entre autres, l'épisode désopilant de la visite faite en rêve à la «putain de Kafka».
Enfin apparaît Nathan Zuckerman, qui accompagnera Roth jusqu'en 2007. Dans Ma vie d'homme (1974), il essaie de se libérer d'un mariage désastreux. La structure narrative, emboîtée et miroitante, du récit se complexifie, au point que Milan Kundera qualifia le livre de «chef-d'oeuvre de baroque». On a dit de Nathan qu'il était le travesti littéraire de Philip. Mais comme le souligne Philippe Jaworski dans sa préface, «la présence de "l'auteur" dans ses écrits de fiction ressortira toujours à une réalité de fiction». Au reste, «la réalité de l'écrivain pourrait tout aussi bien dériver de l'existence de son personnage».
Trad. de l'anglais (États-Unis) par Georges Magnane, Henri Robillot et Céline Zins et révisé par Brigitte Félix, Aurélie Guillain, Paule Lévy et Ada Savin. Édition de Brigitte Félix, Aurélie Guillain, Paule Lévy et Ada Savin. Préface de Philippe Jaworski.
Grand format 70.00 €Sur commande
Les mille et une nuits Tome 1
Anonyme
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 13 Mai 2005
- 9782070114030
Un roi, trompé par son épouse, décide de tuer chaque matin la compagne, toujours renouvelée, de sa nuit. Le royaume est en émoi. Une jeune fille, Shahrâzâd, tente le tout pour le tout. Elle raconte au roi de passionnantes histoires, et elle s'arrange pour que l'apparition de l'aube ne coïncide jamais avec la fin d'un récit. Ainsi, la curiosité du roi est tenue en haleine. Au bout de mille et une nuits, Shahrâzâd se voit reconnaître comme épouse légitime, mère et reine.Sur la naissance du recueil plane le plus épais mystère. Le premier témoignage connu date du X? siècle de notre ère. Une chose est sûre:pour les Arabes, le livre est étranger. L'Inde a eu sa part dans l'affaire, et l'Iran semble avoir joué le rôle décisif. Le recueil est anonyme:les Nuits sont une oeuvre de compilation. Leur histoire est donc celle d'une acclimatation assez réussie pour que ces contes puissent figurer dans la panoplie culturelle de l'honnête homme.Au début du XVIII? siècle, Antoine Galland découvre le conte de Sindbâd de la Mer. Il apprend qu'il appartient à un ensemble plus vaste et finit par recevoir de Syrie un manuscrit qu'il va traduire à partir de 1704. C'est le texte fondateur de la carrière universelle des Nuits. Le succès est immédiat, considérable, constant. Trois cent et un ans après Galland, Jamel Eddine Bencheikh et André Miquel proposent une traduction nouvelle, intégrale, appelée à faire date. Elle compte trois volumes.
Grand format 71.00 €Sur commande
«La seule chose que je désirais [...] profondément, avidement, c'était un regard lucide et désabusé. Je l'ai trouvé enfin dans l'art du roman. C'est pourquoi être romancier fut pour moi plus que pratiquer un genre littéraire parmi d'autres ; ce fut une attitude, une sagesse, une position ; une position excluant toute identification à une politique, à une religion, à une idéologie, à une morale, à une collectivité ; une non-identification consciente, opiniâtre, enragée, conçue non pas comme évasion ou passivité, mais comme résistance, défi, révolte. J'ai fini par avoir ces dialogues étranges : Vous êtes communiste, monsieur Kundera ? - Non, je suis romancier. Vous êtes dissident ? - Non, je suis romancier. Vous êtes de gauche ou de droite ? - Ni l'un ni l'autre. Je suis romancier.» Milan Kundera, Les Testaments trahis. Dans Le Rideau, Milan Kundera oppose à la «morale de l'archive», qui justifie la publication de tout ce qu'un auteur a pu écrire, la «morale de l'essentiel» : seuls appartiennent à l'oeuvre les textes que l'auteur juge dignes d'être retenus. Le reste relève de la biographie, peut-être des marges de l'oeuvre, non de l'oeuvre elle-même. La présente édition ne propose donc pas des Oeuvres complètes, mais une Oeuvre, complète dans la mesure où l'auteur en a lui-même dessiné les contours, fixé le titre et arrêté la présentation. Au sommaire de ces deux volumes figurent un recueil de nouvelles, neuf romans, une pièce de théâtre dont le point de départ est un roman et quatre essais consacrés pour l'essentiel à l'art du roman : quinze livres où se réalise pleinement la volonté esthétique de Milan Kundera, mûre, consciente, assumée. Le texte de ces livres, souvent retouché par l'auteur à l'occasion de rééditions ou de simples réimpressions, se veut aussi définitif que possible. On chercherait en vain, dans cette édition, une biographie de Kundera. On y trouvera en revanche la biographie de son oeuvre. En quinze chapitres, un par livre, François Ricard retrace le destin de ces livres et évoque les circonstances de leur publication, de leur diffusion, de leur réception. Ces chapitres sont enrichis d'extraits de déclarations, de notes ou de préfaces dues à Milan Kundera : autant d'écrits jusqu'alors difficilement accessibles, voire inédits en français.
Grand format 71.50 €Sur commande
Jack London, romans, récits et nouvelles Tome 1
Jack London
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 13 Octobre 2016
- 9782070146475
Nul n'est plus difficile à saisir que Jack London. Écrivain populaire, selon un étiquetage hâtif, lu dans les foyers plutôt qu'à l'université, mal édité aux États-Unis, pourtant traduit dans toutes les langues, connu et aimé dans le monde entier, il semble appartenir, plutôt qu'à la littérature, à un imaginaire collectif où la dénomination «Jack London» incarnerait l'esprit d'aventure sous ses formes les plus violentes. Sa vie, menée à un train d'enfer, est souvent confondue avec ses livres, l'ensemble composant une sorte de légende hybride dans laquelle «la vie» ne cesse de l'emporter en prestige sur des ouvrages qui n'en seraient que la pâle imitation. C'est oublier que les équipées du jeune London sont inspirées des récits héroïques lus dans son enfance : la littérature précède et commande la carrière tumultueuse du jeune aventurier risque-tout. Ses livres sont les produits d'une authentique volonté créatrice. Mais il faut être juste : London, mythographe de lui-même, n'a pas peu contribué à cette confusion. L'autodidacte, l'ange au corps d'athlète, l'écrivain-chercheur d'or, l'écrivain-navigateur, le reporter, le prophète de la révolution socialiste, le gentleman-farmer - les images qui composent le mythe sont largement une création de cet homme acharné à goûter de toutes les intensités que la vie peut offrir. Revenir aux textes de Jack London et le rendre à la littérature, telle est l'ambition de ces volumes, enrichis de la totalité des illustrations et photographies des premières éditions américaines. Les traductions, nouvelles, s'efforcent de ne pas atténuer les étrangetés d'un style que l'écrivain a souvent déclaré s'être forgé sans autre maître que lui-même. Tous les genres que London a abordés sont représentés : le roman, le récit, le reportage, l'autobiographie. Une place importante a été faite à la nouvelle : on propose en tout quarante-sept proses brèves, et c'est peut-être par là qu'il faut commencer pour saisir ce que London demande à l'écriture de fiction.
Grand format 71.50 €Sur commande
Oeuvres tome 3 : Ainsi parlait Zarathoustra et autres récits
Friedrich Nietzsche
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 12 Octobre 2023
- 9782072849022
Ce volume contient plusieurs oeuvres majeures. Initialement, le projet d'Ainsi parlait Zarathoustra, livre ici retraduit, était d'exposer la notion d'éternel retour sur laquelle se concluait Le Gai Savoir. Non seulement Nietzsche y rompt avec le genre aphoristique (auquel il reviendra), mais il y nourrit une ambition plus profonde que ne l'indiquent le lyrisme et le symbolisme de ce poème philosophique. Il espérait en effet y faire entendre la lutte des instincts à l'oeuvre dans sa propre pensée, et faire coexister le pathos musical et l'acuité de la réflexion lorsqu'elle parvient à d'irréductibles contradictions, comme celle de l'éternel retour, notion qu'il nomme aussi «midi et éternité», cette heure illusoirement immobile et sans ombre, éternellement vouée à n'être que fugitive. Le succès dont Zarathoustra a joui après la mort de Nietzsche a parfois occulté le reste de son oeuvre. Or Par-delà bien et mal et Pour la généalogie de la morale offrent un exposé plus abouti de sa pensée. À commencer par sa conception de la «volonté de puissance», sur laquelle il annonce alors préparer un ouvrage. Il abandonnera ce projet, utilisant ce qu'il en avait écrit dans Crépuscule des idoles et dans L'Antéchrist. Le livre publié en 1901 sous le titre La Volonté de puissance par sa soeur est un montage posthume qui falsifi e le projet originel. Chez Nietzsche, «volonté de puissance» désigne un projet et un concept, non un livre. Le volume se clôt sur Ecce homo, qui inaugure une nouvelle forme d'exposition de la pensée philosophique et propose un panorama de l'oeuvre de Nietzsche.
Grand format 76.00 €Sur commande
Oeuvres romanesques complètes Tome 3
Vladimir Nabokov
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 4 Février 2021
- 9782070113026
Textes traduits de l'anglais, présentés et annotés par René Alladaye, Jean-Bernard Blandenier, Marie Bouchet, Brian Boyd, Gilles Chahine, Yannicke Chupin, Maurice-Edgar Coindreau, Maurice Couturier, Lara Delage-Toriel, Agnès Edel-Roy, Raymond Girard, Donald Harper et Monica ManolescuAprès le succès planétaire de Lolita, Nabokov jouit d'une grande liberté créatrice. La suite de son oeuvre lance au lecteur, à son intelligence, à son imaginaire, un défi permanent. Le héros de Pnine (roman de 1957 ici proposé dans une nouvelle traduction), professeur d'origine russe enseignant dans une université américaine, c'est-à-dire doté d'une biographie proche de celle de son créateur, sera évincé de son poste par le narrateur du récit, qui se révèle être... Nabokov lui-même. Feu pâle (1962) met en compétition deux types de textes, un poème et son commentaire, deux narrateurs, qui sont l'image inversée l'un de l'autre, et deux univers antagonistes. Puis vient Ada ou l'Ardeur (1969), le chef-d'oeuvre de la période, et peut-être le chef-d'oeuvre de Nabokov. Livre ambitieux, maîtrisé - deux univers, deux narrateurs, de nombreux emboîtements narratifs et un brouillage constant des repères temporels - , c'est aussi, un an après Belle du Seigneur, un grand roman d'amour. Trois ans plus tard, dans La Transparence des choses - «une simple enquête au-delà des cyprès sur l'entrelacs des destinées prises au hasard», disait l'auteur, non sans mystère -, le narrateur, un certain Mr. R., romancier de son état, agit depuis le royaume des ombres... Enfin, Vadim Vadimovitch, narrateur de Regarde, regarde les Arlequins! (1974), le dernier roman publié par Nabokov (car L'Original de Laura restera inachevé et paraîtra après sa mort), ressemble à s'y méprendre à Vladimir Vladimirovitch Nabokov. Autobiographie fictive, variation sur le thème de l'identité, du double, de la copie et de l'original, ultime regard, teinté d'humour et d'ironie, d'un homme sur la trajectoire de sa vie et sur son oeuvre, c'est aussi l'occasion d'une confrontation finale avec un lecteur que Nabokov n'aura eu de cesse de provoquer, défier et enchanter.
Grand format 78.00 €Sur commande
Middlemarch / le moulin sur la Floss
George Eliot
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 10 Septembre 2020
- 9782072789335
Middlemarch (1871-1872) est le plus grand roman victorien, et aux yeux de certains le meilleur roman de langue anglaise, toutes époques confondues. Quête de la vérité menée de plusieurs points de vue, le livre ne saurait être réduit au destin de Dorothea Brooke, jeune fille altruiste et utopiste qui épouse un érudit desséché. Autour du couple gravitent de nombreux personnages, assujettis à des liens familiaux, conjugaux, de voisinage, d'intérêts. George Eliot entrelace les destins individuels, ménage des rebondissements dignes d'un feuilleton, sans jamais céder à la facilité : sa peinture psychologique est de la plus grande finesse lorsqu'elle décrit les désirs et les tragédies de ceux dont les vies s'entremêlent sur la trame d'une même étoffe. Son acuité peut se parer d'ironie, sans que jamais s'étiole la sympathie qu'elle éprouve pour ses créatures confrontées à la défaite de leurs aspirations. Les événements se déroulent dans l'Angleterre provinciale des années 1830, mais ce «plaidoyer pour la beauté des vies ordinaires» (Mona Ozouf) a pour sujet les passions humaines, qui sont sans âge.
Middlemarch est ici précédé du chef-d'oeuvre de la première période de George Eliot, Le Moulin sur la Floss (1860). Eliot, née Mary Anne Evans, a mis beaucoup d'elle-même dans le personnage de Maggie Tulliver, petite fille turbulente à la nature exaltée, passionnée par les livres, «aussi affamée de savoir qu'elle l'est d'amour» (M. Ozouf). Proust avouait avoir pleuré à la lecture de ce roman du paradis perdu de l'enfance. Maggie sera victime de l'ostracisme social - comme sa créatrice, qui vécut vingt-cinq ans avec un homme qui n'était pas son mari et chercha, à travers une oeuvre littéraire liant l'intellect aux sentiments, à obtenir cette respectabilité chère aux victoriens.
À sa mort, en 1880, elle fut célébrée comme «le plus grand romancier anglais contemporain». On ne lui permit pourtant pas d'être enterrée, comme l'avait été Dickens, dans le «Coin des poètes» de l'abbaye de Westminster.
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Romans, nouvelles et récits Tome 1
Stefan Zweig
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 19 Avril 2013
- 9782070116768
Édition établie sous la direction de Jean-Pierre Lefebvre Textes traduits par Bernard Banoun, Laure Bernadi, Isabelle Kalinowski, Claudine Layre, Jean-Pierre Lefebvre, Mathilde Lefebvre, Olivier Le Lay, Bernard Lortholary, Diane Meur, Claire de Oliveira, Stéphane Pesnel, Marie-Ange Roy, Dominique Tassel, Nicole Taubes Toutes les oeuvres reproduites dans les deux volumes de cette édition ont fait l'objet de nouvelles traductions.
Figurent au sommaire toutes les nouvelles connues à ce jour. Publiées pour la plupart du vivant de Zweig, souvent associées en fonction de leur thématique, elles paraissent ici dans l'ordre de leur rédaction ou de leur première publication. L'édition propose en outre le seul roman de Zweig publié de son vivant, connu en France sous le titre La Pitié dangereuse , ainsi que ses deux romans inachevés, Clarissa et Ivresse de la métamorphos e, qui révèlent un Zweig s'essayant à une écriture nouvelle, plus soucieux des facteurs sociaux et des conséquences morales de la Première Guerre mondiale.- À cet ensemble de fictions pures s'ajoutent deux ouvrages de nature également narratives, sinon fictionnelle : Le Monde d'hier , longue autobiographie et témoignage personnel sur la première moitié du XXe siècle, et d'autre part l'ensemble des quatorze miniatures historiques réunies (en plusieurs étapes) sous le titre Sternstunden der Menschheit, Grandes heures de l'humanité .
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«Puisant la matière de son oeuvre dans l'observation de soi nourrie par l'inquiétude morale et la soif de perfection, Léon Tolstoï (1828-1910) fait du roman réaliste, construit à partir de l'évocation plastique de l'instant concret, une épreuve de vérité soumise au critère esthétique de l' authenticité. Le sujet épique de La Guerre et la Paix étend ce critère aux mécanismes de l'Histoire, celui, tragique, d'Anna Karénine aux valeurs de la société et de la civilisation contemporaines dont il devient, après la crise existentielle de 1880-1881, le dénonciateur impitoyable au nom d'un christianisme ramené à l'exigence de l'amour du prochain et du perfectionnement individuel.» Michel Aucouturier.
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Au coeur des ténèbres et autres écrits
Joseph Conrad
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 28 Septembre 2017
- 9782072735455
Octobre 1899. Joseph Conrad redoute la stérilité : «Il n'y a rien à montrer finalement. Rien ! Rien ! Rien !» Il se croit guetté par le néant, alors qu'il n'écrit que des chefs-d'oeuvre. Six mois plus tôt, Au coeur des ténèbres a commencé de paraître en revue ; la rédaction de Lord Jim sera achevée l'année suivante ; Typhon suit de près. De quoi Conrad se méfie-t-il donc ? Des «obscures impulsions» de l'imagination. «Je veux considérer la réalité comme une chose rude et rugueuse sur laquelle je promène mes doigts. Rien de plus.» Il lutte pour rester à la surface, mais il a beau s'en défendre, les joyaux de son oeuvre viennent des profondeurs. Né en Ukraine polonaise, sous domination russe, puis «adopté par le génie de la langue» anglaise, Conrad sillonne les mers durant une vingtaine d'années. Il a trente-sept ans quand paraît son premier roman. Son oeuvre est impensable sans cette première vie passée à naviguer. Il s'est pourtant insurgé contre l'étiquette de «romancier de la mer» qu'on lui accolait. Ses navires sont surtout des dispositifs expérimentaux concentrant, dans un huis-clos en mouvement, les expériences humaines les plus aiguës. Fidèle au «plaisir de lire», on objecterait à bon droit que Conrad est malgré tout un romancier d'aventures. Il est vrai que ses personnages sont tantôt confrontés à des tempêtes formidables, tantôt à une «immobilité mortelle». ll leur arrive encore de trouver une mort brutale dans des contrées hostiles. Mais cela ne fait pas de l'oeuvre romanesque de Conrad un divertissement épique. Si l'héroïsme y est souvent introuvable, on y rencontre en revanche la trahison, l'enfer des âmes folles et l'impossible rachat. Sans oublier l'absurdité de la condition humaine. Au-delà de ses thèmes, la modernité de l'oeuvre de Conrad tient à l'extrême audace de la narration. Ses romans sont portés par des voix - celle de Marlow, bien sûr, mais ce n'est pas la seule -, et les récits sont savamment entrelacés, déjouant ainsi le piège des continuités arbitraires. Son oeuvre aussitôt traduite en France suscita l'engouement. Chose rare, La NRF lui consacre un numéro d'hommage quand, en 1924, il disparaît. L'année précédente, la même revue avait célébré Proust. Cest dire l'importance qu'avait déjà Conrad pour ses contemporains les plus avertis. Aujourd'hui plus que jamais, il est «l'un des nôtres». Depuis Le Nègre du «Narcisse» (1897), manifeste artistique dont l'ambition est de pouvoir justifier son «existence à chaque ligne», jusqu'au plus grand roman (ou «confession») de la dernière période, La Ligne d'ombre (1917), ce volume propose une traversée des trois décennies couvertes par son oeuvre. Chaque escale est indispensable. On regarde parfois vers la mer, parfois vers la terre, parfois dans les deux directions. L'intranquillité conradienne demeure inébranlable dans la tourmente. Bienheureux les lecteurs qui en feront leur boussole.
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Oeuvres complètes Tome 2 ; romans
Franz Kafka
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 11 Octobre 2018
- 9782070144327
La littérature doit beaucoup aux testaments trahis. La plus grande partie de l'oeuvre de Kafka, par exemple. Histoire connue. Franz Kafka demande à son ami Max Brod de détruire - vernichten, dit-il, «anéantir» - après sa mort les papiers inédits qu'il laisse derrière lui, ses manuscrits littéraires aussi bien que ses écrits personnels, journaux et lettres. Brod refuse d'obtempérer. Sa trahison, si c'en est une, est double. Il ne se contente pas de conserver les inédits : il les fait paraître. Aux romans et récits s'ajoutent bientôt, dans des versions d'abord édulcorées, les écrits intimes. Quant aux éditions françaises réunissant plusieurs textes, elles ne respecteront pas les recueils organisés et publiés par Kafka, mais mêleront - nouvelle trahison - récits publiés et écrits posthumes. Sur le résultat les avis divergent. Certains lecteurs en ont plusieurs. Un expert en testaments trahis comme Milan Kundera situe Kafka au sommet de son panthéon personnel et, au sommet du sommet, place les romans, tous trois sauvés par Brod. Pourtant, Brod lui paraît coupable : divulguer ce qu'un écrivain a souhaité voir détruire, c'est «le même acte de viol que censurer ce qu'il a décidé de garder». Quant au fait de mêler posthumes et ouvrages publiés par Kafka, cela produit, selon Kundera toujours, «un flot informe comme seule l'eau peut l'être, l'eau qui coule et entraîne avec elle bon et mauvais, achevé et non achevé, fort et faible, esquisse et oeuvre». Sans renoncer à aucune oeuvre ni à aucune esquisse - Brod fut peut-être un traître, mais sa trahison était à coup sûr nécessaire -, la présente édition adopte une disposition plus fidèle à l'histoire de la découverte de l'oeuvre de Kafka. Elle propose, en ouverture, l'intégralité des textes publiés par lui, ici restaurés dans la forme (recueil, petit livre ou publication dans la presse) qu' il a voulue pour eux. Puis viennent ses récits et fragments narratifs posthumes : ceux que l'on trouve dans ses Journaux, qui servaient aussi de laboratoire littéraire, et ceux des liasses ou des cahiers dans lesquels il composait la plupart de ses récits. L'ensemble est retraduit. Les conditions d'une redécouverte sont réunies.
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Histoire Auguste et autres historiens païens
Collectif
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 3 Novembre 2022
- 9782072950568
En 313, Constantin, empereur chrétien, accorde la liberté de culte à toutes les religions ; nul ne sera plus contraint de vénérer l'empereur à l'égal d'un dieu. En 391-392, Théodose, empereur très chrétien, interdit les cultes païens. Le monde a basculé. Ce qui est en cause, ce ne sont pas seulement des croyances et des cultes, mais toute une civilisation fondée sur la paideia - la culture, les moeurs et les pratiques de la Rome éternelle. C'est en ce sens que les historiens réunis dans ce volume peuvent être dits païens : nourris à l'antique paideia, ils en partagent toujours les valeurs. Ils écrivent entre 360 et 394 (avant 408 pour l'auteur des Vies et moeurs des empereurs) sous les règnes de princes chrétiens, occupent des postes importants, proches du pouvoir, et, par force, s'avancent masqués.De belles carrières restent ouvertes à ces lettrés, émules de Tite-Live, de Suétone ou de Tacite ; les empereurs chrétiens ne peuvent se passer d'eux. Les lois de 391-392 ne les réduisent pas au silence, mais ils sont assez lucides pour comprendre jusqu'où ils peuvent aller dans leur éloge du passé. La plupart évitent prudemment de parler du christianisme. L'Histoire Auguste, elle, s'autorise des moqueries, des parodies des Évangiles ou des Pères de l'Église, des allusions plus ou moins voilées. Le livre - trente vies d'empereurs, à partir d'Hadrien - est truffé d'indices révélant à des lecteurs choisis le fond de la pensée de son auteur, écrivain dissimulé, semet ridente, «souriant dans son for intérieur».Cet auteur pourrait passer pour le digne successeur du Suétone des Douze Césars. Il a du goût pour les frivolités d'alcôve, les anecdotes à portée moralisante, les prodiges et les oracles. Mais il se révèle en outre particulièrement imaginatif. L'Histoire Auguste n'est pas une oeuvre historique au sens moderne du terme : elle enrichit son récit par tous les moyens qu'offre l'écriture romanesque, jusqu'à effacer les frontières entre histoire et fiction. C'est l'occasion de savoureux morceaux de bravoure, d'autant plus soignés littérairement qu'ils sont historiquement douteux.Histoire sans autorité donc, mais pleine de vie et finalement de vérité : une oeuvre personnelle et sensible sur l'âge d'or du paganisme et sur son déclin. «Une effroyable odeur d'humanité monte de ce livre», disait Marguerite Yourcenar, qui y avait trouvé la matière des Mémoires d'Hadrien. Cette humanité en désarroi, c'est celle des païens qui assistent impuissants à la dissolution du monde auquel ils tiennent et appartiennent. À la bataille de la Rivière froide, en 394, les armées de Théodose affrontent l'usurpateur Eugène et le général Arbogast, soutenus par le parti païen. Théodose vainqueur, certains vaincus se donnent la mort. Parmi eux, Nicomaque Flavien senior, aristocrate, préfet du prétoire d'Italie, probable auteur de l'énigmatique Histoire Auguste.
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«La seule chose que je désirais [...] profondément, avidement, c'était un regard lucide et désabusé. Je l'ai trouvé enfin dans l'art du roman. C'est pourquoi être romancier fut pour moi plus que pratiquer un genre littéraire parmi d'autres ; ce fut une attitude, une sagesse, une position ; une position excluant toute identification à une politique, à une religion, à une idéologie, à une morale, à une collectivité ; une non-identification consciente, opiniâtre, enragée, conçue non pas comme évasion ou passivité, mais comme résistance, défi, révolte. J'ai fini par avoir ces dialogues étranges : Vous êtes communiste, monsieur Kundera ? - Non, je suis romancier. Vous êtes dissident ? - Non, je suis romancier. Vous êtes de gauche ou de droite ? - Ni l'un ni l'autre. Je suis romancier.» Milan Kundera, Les Testaments trahis. Dans Le Rideau, Milan Kundera oppose à la «morale de l'archive», qui justifie la publication de tout ce qu'un auteur a pu écrire, la «morale de l'essentiel» : seuls appartiennent à l'oeuvre les textes que l'auteur juge dignes d'être retenus. Le reste relève de la biographie, peut-être des marges de l'oeuvre, non de l'oeuvre elle-même. La présente édition ne propose donc pas des Oeuvres complètes, mais une Oeuvre, complète dans la mesure où l'auteur en a lui-même dessiné les contours, fixé le titre et arrêté la présentation. Au sommaire de ces deux volumes figurent un recueil de nouvelles, dix romans, une pièce de théâtre dont le point de départ est un roman et quatre essais consacrés pour l'essentiel à l'art du roman : seize livres où se réalise pleinement la volonté esthétique de Milan Kundera, mûre, consciente, assumée. Le texte de ces livres, souvent retouché par l'auteur à l'occasion de rééditions ou de simples réimpressions, se veut aussi définitif que possible. On chercherait en vain, dans cette édition, une biographie de Kundera. On y trouvera en revanche la biographie de son oeuvre. En seize chapitres, un par livre, François Ricard retrace le destin de ces livres et évoque les circonstances de leur publication, de leur diffusion, de leur réception. Ces chapitres sont enrichis d'extraits de déclarations, de notes ou de préfaces dues à Milan Kundera : autant d'écrits jusqu'alors difficilement accessibles, voire inédits en français.
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