Légendaire par ses héros éponymes, l'oeuvre de Joyce l'est encore par la manière dont elle a affirmé sa présence dans la littérature. Oeuvre canonique, référence obligée de la critique, elle s'impose maintenant au lecteur moderne avec toute la force que souhaitait son auteur. Elle est, pour tous les hommes du vingtième siècle, ce qui doit être lu et relu : tel est bien le sens de son accès à la Bibliothèque de la Pléiade, accès qui fut agité pour la première fois, en vain, au moment où l'Irlande, elle, de légende, redevenait histoire. Il est cependant moins important de s'interroger sur une incompréhension passée que sur une méconnaissance aussi actuelle que générale : car il est peu d'oeuvres qui aient aussi bien réussi à décourager son lecteur. Que se passe-t-il donc dans cet agencement de textes, qui leur confère cette insistance, faite de présence fabuleuse et d'inaltérable faculté de s'éluder ? C'est sans doute qu'ils participent à cette «restitution des lettres» qui est le propre de toutes les Renaissances. Peut-être ce dernier vocable prête-t-il à malentendus. Disons alors ceci : l'oeuvre de Joyce culmine sur un livre, Finnegans Wake, auquel fut consacré la moitié de son existence d'écrivain. Plus explicitement encore que son prédécesseur Ulysse, il est placé sous le signe du Phoenix. Mais il est révélateur que ce Phoenix soit un parc, un champ, un lieu en définitive identifiable au livre lui-même. Tel est bien ce que Joyce n'a cessé de viser : la restitution des lettres au livre, à ce champ symbolique de l'homme qui n'existe que pour être donné à lire, et donner à relire.
Légendaire par ses héros éponymes, l'oeuvre de Joyce l'est encore par la manière dont elle a affirmé sa présence dans la littérature. Oeuvre canonique, référence obligée de la critique, elle s'impose maintenant au lecteur moderne avec toute la force que souhaitait son auteur. Elle est, pour tous les hommes du vingtième siècle, ce qui doit être lu et relu : tel est bien le sens de son accès à la Bibliothèque de la Pléiade, accès qui fut agité pour la première fois, en vain, au moment où l'Irlande, elle, de légende, redevenait histoire. Il est cependant moins important de s'interroger sur une incompréhension passée que sur une méconnaissance aussi actuelle que générale : car il est peu d'oeuvres qui aient aussi bien réussi à décourager son lecteur. Que se passe-t-il donc dans cet agencement de textes, qui leur confère cette insistance, faite de présence fabuleuse et d'inaltérable faculté de s'éluder ? C'est sans doute qu'ils participent à cette «restitution des lettres» qui est le propre de toutes les Renaissances. Peut-être ce dernier vocable prête-t-il à malentendus. Disons alors ceci : l'oeuvre de Joyce culmine sur un livre, Finnegans Wake, auquel fut consacré la moitié de son existence d'écrivain. Plus explicitement encore que son prédécesseur Ulysse, il est placé sous le signe du Phoenix. Mais il est révélateur que ce Phoenix soit un parc, un champ, un lieu en définitive identifiable au livre lui-même. Tel est bien ce que Joyce n'a cessé de viser : la restitution des lettres au livre, à ce champ symbolique de l'homme qui n'existe que pour être donné à lire, et donner à relire.
C'est à une véritable découverte de Swift que nous convie cet important volume de la Bibliothèque de la Pléiade. Car en dehors des célèbres Voyages de Gulliver - le plus souvent lus dans des éditions incomplètes ou «adaptées» - et peut-être des Instructions aux domestiques, le lecteur français ignore tout de l'oeuvre considérable de l'un des écrivains majeurs du XVIII? siècle, profondément engagé dans toutes les luttes politiques, philosophiques et littéraires de son temps. Pacifisme, tolérance, liberté des peuples sont les trois points du programme que Swift défend tout au long d'ouvrages éclatants de hardiesse, de verve, de fougue et d'anticonformisme, tels que Le Conte du tonneau, Les Écrits de Bickerstatt, La Conduite des alliés, Les Lettres du drapier, etc. Une somme de textes inédits, présentés dans des traductions nouvelles, de riches introductions, des notes innombrables, un appareil critique considérable, étayé par les savants travaux d'Émile Pons, un Glossaire des langues gullivériennes, permettant, pour la première fois, le déchiffrement de passionnantes énigmes, font de cet ouvrage un événement littéraire.