En 1998, Les Cahiers Albert Cohen (n° 8) faisaient paraître un « numéro anniversaire » pour les trente ans de Belle du Seigneur. Pour saluer les cinquante ans du chef-d'oeuvre, ce numéro des Cahiers publie une série d'études sous l'intitulé « nouvelles approches ». Certaines complètent, prolongent et enrichissent des recherches entamées depuis longtemps sur des dimensions cardinales de l'oeuvre (la violence et le sacré, l'imaginaire sexuel, l'intertextualité, l'humour, l'ironie, le lexique de l'amour ou la poétique des incipit), d'autres explorent des thèmes inédits (l'ennui, la figure du pervers narcissique, la mimicry des études postcoloniales) ou risquent des hypothèses nouvelles (faut-il postuler un « narrateur » dans Belle du Seigneur ?).
Contributions de Carole Auroy, Baptiste Bohet, Jérome Cabot, Valeria Dei, Marc Hersant, Antonia Maestrali, Anne-Marie Paillet, Alain Schaffner, Anaëlle Touboul, Joëlle Zagury...
Ce volume d'articles permet de voir comment l'oeuvre d'Albert Cohen, pleine de références, souvent polémiques, à des artistes de toutes disciplines, fait la satire de leur usage social, quelle représentation particulière elle donne de certains arts tels que le cinéma ou la sculpture, et, au-delà, comment son auteur situe sa propre pratique artistique et sa créativité dans le large domaine des arts. Il s'agit en outre d'analyser les relations que ses textes entretiennent avec d'autres formes artistiques, notamment par l'adaptation cinématographique. Enfin, le rapport de l'oeuvre cohénienne à la création trouve également à se décliner par le biais d'ateliers d'écriture créative directement nourris d'elle.
Aucun lecteur de l'oeuvre de Cohen ne peut oublier les incorrigibles bavards qui cherchent constamment à y occuper le devant de la scène. Paroles solitaires ou parole collective, parlure sociale ou monologue intérieur, parole prophétique ou langue de bois : le champ d'étude est infini. Sans prétendre épuiser le sujet, toutes les études de ce recueil explorent des aspects nouveaux ou méconnus de la parole dans l'oeuvre de Cohen : parole des personnages comme « facteurs d'identification » (Jérôme Cabot), discours « intra-subjectif » (Jack Abecassis), mise à l'honneur d'un personnage «secondaire» de « beau parleur » (Antonia Maestrali), statut de la parole historique chez Cohen et Proust (Géraldine Dolléans), et traces du discours publicitaire (Claudine Ruimi)... Une étude hors dossier de Louise Noblet-César sur le statut du cycle romanesque cohénien vient compléter cette nouvelle livraison des Cahiers Albert Cohen.
Albert Cohen publie en 1938 un roman intitulé Mangeclous, tiré, dit-il, de l'énorme manuscrit de Belle du Seigneur pour faire plaisir à sa fille et aux éditions Gallimard qui attendent depuis huit ans la suite de Solal. Dans ce roman, rabelaisien par bien des aspects, les Valeureux, cousins céphaloniens du personnage principal, vivent une vie faite de chimères et d´initiatives souvent catastrophiques. Dans ce livre hanté par l´approche du second conflit mondial, Albert Cohen développe un humour sans frein qui ne sera égalé dans aucun de ses autres livres. Jamais le roman Mangeclous n´avait fait l´objet d'une étude spécifique. Il fallait combler cette lacune.
Le lecteur d´Albert Cohen est assez vite frappé par la multiplicité des références à la folie dans l´oeuvre. Pathologies diverses, folie prophétique de Solal, folie amoureuse, folie du monde : la folie est partout. Cohen, lui-même lecteur et admirateur de Freud, se livre à une psychopathologie de la vie quotidienne et nous conduit de l´appréhension clinique des comportements (narcissisme, mégalomanie, délire de persécution, scarifications, pulsions suicidaires) à une vision plus symbolique de la folie, carnavalesque au sens de Bakhtine ou prophétique au sens de Neher. Les sept articles qui composent cet important dossier (C. Stolz, B. Bohet, D. Poizat, M. Decout, M. Davies, A. Jean, C. Quint, A. Schaffner, nous invitent à une promenade dans les différents aspects de ce motif récurrent dans l´oeuvre, mais jamais exploré en tant que tel. Ce numéro comporte également une étude sur « Cohen et les moralistes » (C. Brochard) et sur les rapports entre « Corps et société » dans son oeuvre (G. Dolléans).
« Humorialiste » : c´est par ce mot-valise (où se retrouvent l´humoriste, le moraliste et le mémorialiste) que Judith Kauffmann, enseignante à l´Université de Bar-Ilan, caractérisa naguère l´oeuvre d´Albert Cohen dont elle fut l´une des meilleures spécialistes. Les Cahiers Albert Cohen rendent ici hommage à l´auteur de Grotesque et marginalité. Variations sur l´effet-Mangeclous (Peter Lang, 2000), qui nous a quittés en 2007. Certains articles sont directement en dialogue avec ses travaux et portent sur quelques-uns de ses thèmes familiers : le comique, le grotesque, la judéité , d´autres portent sur des sujets différents et fraient des voies nouvelles. Mathieu Belisle propose une analyse or
La Quatrième de couverture a été rédigé et envoyé sur fichier, cette présentation est la quatrième de couverture à votre livre imprimé. C'est une introduction que vous adressez à vos lecteurs, elle doit susciter leur intérêt, amorcer l'histoire (sans en dévoiler l'issue), planter le décor, introduire le ou les personnages principaux. Elle doit révéler votre style, l'originalité de vos sujets et de vos thématiques. Enfin, cette présentation pourra saisir les enjeux de votre réflexion et vos intentions d'auteur (rédigées à la 3e personne).
La parution de Belle du Seigneur en mai 68 constituait un double pavé dans la mare. Comment douter que la dénonciation, dans l´oeuvre d´Albert Cohen, de tous les pouvoirs - sexuel, social, militaire et politique - s´accordât avec la sensibilité libertaire du moment ? Mais à l´heure où l´on célébrait la fin des antiques morales répressives, voici qu´un écrivain faisait l´apologie des interdits, proclamait la grandeur des commandements bibliques et vouait aux gémonies le « maudit amour des corps » ! Le destin de Solal et d´Ariane n´a pas fini de nous surprendre : comment un roman aussi ambitieux, iconoclaste, contradictoire et désespéré, a-t-il pu rencontrer le grand public au point de devenir le cadeau idéal des amoureux ? Paradoxe d´une oeuvre qui, prétendant donner congé au mythe de la passion, est amenée à lui redonner vie. Mais Belle du Seigneur n´est pas seulement un « grand roman d´amour et de mort » : c´est aussi un roman métaphysique, un roman politique, un roman comique, une fête du langage. Ce sont toutes ces facettes du texte que, en 1998, Les Cahiers Albert Cohen avaient pris l´initiative d´explorer. Ce « numéro anniversaire » était devenu introuvable : il était temps de le rééditer, pour célébrer dignement les quarante ans du chef-d´oeuvre.
Si Belle du seigneur avait paru en 1939 et non en 1968, et que l'ensemble de la fresque romanesque eût été publié d'un seul tenant, l'histoire du roman français se fût écrite de manière sensiblement différente. Les inventions de Cohen seraient probablement apparues avec plus d'éclat dans le contexte littéraire de la fin des années trente que dans celui des années soixante, déjà bien occupées par une « autre modernité ». C'est cette histoire tourmentée de l'oeuvre qui lui donne une patine légèrement anachronique ou, si l'on préfère, inactuelle.
Ces Cahiers n°17 explorent divers territoires de la modernité cohénienne : rapport à la langue, rapport au genre romanesque, dialogue inédit avec deux grands contemporains, Faulkner et Bergson.
Son nom est longtemps resté ignoré des histoires littéraires,mais c'est de son vivant qu'il collabora à l'édition de ses oeuvres en Pléiade.Plus de vingt ans après sa mort,il importait de prendre la vrai mesure de son oeuvre.C'est à cette tâche que s'est consacré,à Cerisy-la-Salle, le colloque:"Albert Cohen dans son siècle".Qu'Albert Cohen soit de son siècle, tout l'atteste:son style, son esthétique,ses engagements,ses obsessions- celles d'une ère de soupçon et de désastres.Mais que cette oeuvre occupe dans son siècle une place singulière, qu'elle fasse entendre une parole décalée, orientée par un projet d'une rare unité, forçant la modernité à se confronter à nouveau à des catégories et à des questions anciennes(celles du sens,des valeurs)
« Visages d'Albert Cohen » : le titre de ce treizième numéro est un clin d'oeil amical, autant qu'un hommage reconnaissant, au livre de Denise Rachel Goitein-Galpérin (1922-2011) : Visage de mon peuple (Nizet, 1982) qui fut, pendant près de vingt ans, la seule grande synthèse littéraire sur l'auteur de Belle du Seigneur. Sur des thèmes variés (le sionisme, les Lumières, le corps, les figures de la maternité, le picaresque, le « nouveau roman ».), une dizaine de chercheurs explorent ici l'oeuvre d'Albert Cohen en prolongeant et renouvelant ces travaux pionniers.
Ce volume, initialement paru en 2003, a été revu et augmenté d'un témoignage de Charles Galpérin et d'un article de Denise R. Goitein-Galpérin elle-même sur les rapports entre Albert Cohen et André Spire.
Si la notoriété d'Albert Cohen repose sur ses romans et ses essais autobiographiques, l'inspiration éclectique de ses débuts littéraires a souvent été remarquée. Deux de ses pièces - l'une, inachevée : « La Farce juive », l'autre, Ezéchiel, au destin mouvementé - révèlent cet auteur l'émergence précoce (entre 1925 et 1930) d'une tentation théâtrale.
Présent dans la genèse de l'oeuvre, le théâtre offre également aux fictions des modèles de représentation : comment décors, personnages et scènes contribuent-ils à théâtraliser les romans ? La prégnance de la référence au théâtre n'exhibe-t-elle pas paradoxalement la défiance du romancier à l'égard de tout ce qui se donne comme représentation ? Comment la théâtralisation permet-elle dès lors de mettre à distance la comédie humaine ? Quelles perspectives les jeux spéculaires auxquels se livre l'écrivain dans ses essais ouvrent-ils pour saisir la complexité d'un imaginaire dramatique ?
Ce nouveau dossier des Cahiers Albert Cohen rassemble cinq études sur les enjeux de la théâtralité dans l'oeuvre et trois entretiens avec des metteurs en scène et des comédiens (Cédric Jonchière, Jean-Charles Pierrisnard et Valeria Daffara, Anne Quesemand) qui ont récemment porté l'oeuvre d'Albert Cohen à la scène.
Au nom d'Albert Cohen est attachée l'image d'une oeuvre inclassable qui échappe à toutes nos normes, qui bouscule nos habitudes de lecteur. Radicalité comique, lyrique, polémique : on trouve là une façon souveraine et absolument inattendue de renouveler le genre romanesque.
Si l'écrivain a affirmé avoir cessé de lire dans la trentaine, son oeuvre est pourtant marquée par ce qui pourrait tenir lieu d'une lutte avec et contre la littérature. Car ses textes regorgent d'allusions, de citations, de parodies, de pastiches, de réécritures parfois dissimulées, parfois affichées, où l'écriture se questionne elle-même dans le miroir de celle des autres.