Les migrations sont à envisager comme autant de contextes, à la lumière du genre entendu comme la production sociale des différences et des distinctions et leur incorporation matérielle, et comme l'ensemble des processus de fabrication, d'institution et de légitimation de rapports sociaux dissymétriques. Le fil conducteur est donc ici celui d'une réflexion sur les théorisations de la norme, énoncées depuis ce double point de vue, et sur les violences symboliques que celles-ci révèlent ou dont elles procèdent, qu'il s'agisse de la tentation universaliste de la théorie occidentale, d'une part, du refus radical de cette théorie, d'autre part, ou encore de la cristallisation autour des discours masculins de décolonisation.
Publié à l'occasion du Cinquantième anniversaire du rétablissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine (1964-2014), cet ouvrage est consacré à l'histoire des relations culturelles et linguistiques franco-chinoises, il se penche aussi sur les enjeux les plus actuels de ces échanges et sur les nombreuses perspectives ouvertes dans ce premier XXIe siècle. Les contributions présentées, dues aux meilleurs spécialistes - français et chinois, mais pas seulement -, s'enrichissent par ailleurs de témoignages des acteurs de ces échanges - diplomate ou artiste aujourd'hui en activité.
Tous les domaines fondamentaux de la relation culturelle franco-chinoise, au sens large, sont envisagés : l'action de la diplomatie culturelle, les médiations interculturelles, les manifestations culturelles communes ou croisées, mais aussi la question de l'apprentissage des langues, les sociabilités et les interactions académiques et littéraires, l'histoire des traductions et de leur diffusion - aussi bien dans la création littéraire que dans la documentation scientifique et technologique -, les coopérations universitaires ou artistiques.
« Toute mon oeuvre s'inscrit sous ce titre : Le Polygone étoilé. » Cette figure du polygone advient comme un enchevêtrement créatif, intégrant ce qui était déjà là et inventant les effets nécessaires à la complète visibilité de la forme désirée. Poésies, romans et pièces de théâtre de Yacine s'y trouvent rassemblées.
Avec le soutien de l'université Paris-Sorbonne.
Le poète, essayiste et prosateur franco-écossais Kenneth White élabore depuis le début des années 1960 une oeuvre singulière qui est aujourd'hui reconnue comme l'une des plus cohérentes de la post-modernité. En marge de tout lettrisme, l'écriture whitienne se veut à la fois simple et souple, puissante et vivifiante. Il a fondé, en 1989, l'Institut international de géopoétique, cherchant à déployer les énergies inhérentes à son oeuvre dans le social et le culturel.
Avec le soutien du CEMRA (EA 3016) de l'université Stendhal-Grenoble 3.
La francophonie littéraire voit, depuis plusieurs décennies, son lectorat se développer, accroissement favorisé par une offre éditoriale plus dense ainsi qu'un nombre plus conséquent de publications, de séminaires universitaires et de prix littéraires à lui être consacré. Comment les littératures francophones se donnent-elles à lire en ce XXIe siècle commençant ? Quelles poétiques les ½uvres francophones développent-elles ? Sur quels outils théoriques le monde de la recherche fonde-t-il ses lectures critiques pour saisir leurs spécificités, leurs éventuelles réinventions ? Et les auteurs, qui lisent-ils ? que lisent-ils aujourd'hui ? À quelles difficultés l'édition est-elle confrontée pour les diffuser et quelles modalités adopte-t-elle pour les faire malgré tout lire ? Faisant dialoguer écrivain.es, chercheur.es, étudiant.es, éditrices et directrices de revue et résonner les pratiques contemporaines avec celles plus anciennes, le présent ouvrage questionne la lecture des textes francophones, jusqu'aux plus récents, nativement numériques.
Du récit de voyage de Jean de Léry aux fantaisies archéologiques de Patrick Chamoiseau, en passant par la réflexion de Michel de Certeau et Gayatri Spivak sur les sciences historiques, cet ouvrage d'études remet en question le projet d'une histoire littéraire fondée sur la recherche d'effets de coïncidence identitaire entre langue et territoire, corpus et collectivité, souveraineté et élection spirituelle.
Il existe une Bretagne intérieure, présence mythique fondamentale dans la vie et dans l'oeuvre poétique de Guillevic. Sa Bretagne est une Bretagne de l'expérience, étrangère à l'érudition, née des rapports primordiaux établis entre l'enfant et le monde breton du début du XXe siècle. Sur ce temps et cet espace de la mémoire, personnelle et collective, l'adulte a dessiné les fondations d'un domaine mythique, vital et poétique, élémentaire et planétaire, sensuel et rêvé, dont le canevas sous-tend son oeuvre tout entière. C'est à partir de ce lieu reconnu que l'homme et le poète partent en quête des chemins matériaux de la mémoire, à travers la parole et le poème. C'est dans la connaissance du lieu qu'ils retrouveront les territoires intimes du non-lieu, qu'ils embrasseront tout un monde, depuis la trace lointaine de l'eau jusqu'au lieu sans lieu de l'étrangeté radicale et du corps amoureux, dans l'espace de l'instant dressé dans le poème.
La ville est appréhendée ici comme un prisme à travers lequel des écritures (1950-2010) ont pu dire un programme littéraire, une (des) appartenance(s), un désir de recommencement. Occasion de cerner ce que pourrait représenter une « littérature urbaine » à partir du corpus choisi (Québec, Acadie), en lien avec les scansions d'une histoire au pluriel. S'esquisse aussi, notamment au contact des écrivains de la migrance, une chronotopologie fondée sur les possibilités de figurations du temps données par l'objet urbain lorsqu'il se textualise.
Avec le soutien de l'université de Poitiers (France) et celui des universités du Nouveau-Brunswick et de Moncton (Canada).
La relation de la poésie française à l'histoire est au XXe siècle paradoxale mais bien réelle : relation d'extériorité assumée, oblique et non thématisée, elle n'est pas à chercher seulement dans un dispositif de représentation. Densité, vitesse, opacité : la poésie française donne à lire l'histoire de son temps d'une manière autre, irréductible aux discours sociaux ou historiens.
Avec le soutien du CTEL, université de Nice , de LLA-Creatis, université Toulouse 2-Le Mirail et de l'équipe « Littératures françaises XIXe-XXIe siècles » de l'université Paris-Sorbonne.
Littératures périphériques, petites, régionales, connexes, mineures, minorisées, combatives, marginales ? Mais que sont ces littératures que l'on peine à qualifier clairement ? Cet ouvrage allie approche théorique, comparaison de situations et témoignage d'auteurs s'exprimant dans le cadre original de ces littératures périphériques.
Avec le soutien de l'UBO.
À lire les littératures d'expression française d'aujourd'hui, qu'elles soient du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne, des Antilles ou de l'Océan indien, d'Europe ou du Canada, le trait saillant des écritures est leur charge historique. La création s'y nourrit de mythes, de motifs, de thèmes surchargés de correspondances symboliques. Des imaginaires individuels et collectifs s'y rencontrent. Aussi l'ensemble des textes ici publiés relève-t-il de la « littérature comparée », dans la mesure où il témoigne d'un champ pluridisciplinaire, trans-national, pluriséculaire et multiculturel.
Avec le soutien du conseil scientifique de l'université Paris-Est, et du laboratoire « Lettres, idées, savoirs » de l'université Paris-Est.
Conçu dans un constant dialogue avec Laurent Dubreuil, qui signe ici plusieurs essais et entretiens inédits, cet ouvrage aborde la question de l'indiscipline littéraire face aux différents régimes de savoir, face à la possession coloniale, et dans son rapport à l'histoire. Centré sur les littératures francophones, en particulier africaines et antillaises, il offre une contribution originale aux réflexions contemporaines sur l'apport des théories postcoloniales, et sur les relations entre littérature et pensée.
Avec le soutien de l'université de Strasbourg.
Il s'agit de la première monographie consacrée à l'oeuvre poétique et romanesque de Vénus Khoury-Ghata. À travers ses créations littéraires, cette écrivaine libanaise de langue française vivant à Paris, propose une alternative à une représentation cloisonnante du Liban et de l'identité libanaise. Son regard, développé en français depuis le "dehors", met à profit sa marginalisation à l'égard d'une littérature nationale soucieuse d'"authenticité culturelle "pour inventer d'autres images de son pays d'origine. L'effet littéraire et stylistique, produit par son écriture se situant à l'intersection des cultures et des langues, est particulièrement saisissant dans son emploi de l'image et de la métaphore. Dès lors que l'on considère la culture comme un processus plutôt que comme un patrimoine, la pratique métaphorique khouryghatienne du monde dévoile un dispositif stylistique qui ouvre des possibles dans les discours identitaires. En ce sens elle joue chez Vénus Khoury-Ghata le même rôle que la Relation dans la totalité-monde glissantienne. Par ce travail, l'oeuvre khouryghatienne ouvre la conscience nationale à la conscience mondiale en réalisant la rencontre de multiples cultures et oeuvre à la compréhension et à la reconstruction identitaire du peuple libanais.
En Occident, l'essor du roman est allé de pair avec celui de la démocratie : mais qu'en est-il en Afrique ? Comment la forme romanesque s'est-elle liée à cet horizon politique, au point d'en dénoncer les déroutes comme les dérives, de l'ère coloniale aux temps postcoloniaux ? Inversement, quelles poétiques particulières cette exigence démocratique a-t-elle suscitées ?
L'oeuvre d'Henri Lopes, écrivain et homme politique congolais de premier plan, peut se lire comme un véritable art du roman démocratique, particulièrement propice au traitement de ces questions. Elle est en effet le récit, sous couvert de fiction, des aventures de la démocratie en Afrique, de ses débuts glorieux à ses déboires récents. Elle est surtout un espace mettant en abyme, à travers toute une série de lieux, de circulations et de supports de diffusion (la presse, le livre imprimé, la radio et le cinéma), la réalité dialogique et parfois polémique qui caractérise ce régime au quotidien. Le roman démocratique est enfin, avec Henri Lopes, un certain art de conter et de mimer, qui privilégie les connivences avec son public et recourt aux modalités complémentaires du récit-confession et de l'enquête, puisant aussi bien aux sources du roman policier qu'à celles du récit ethnographique et du récit de filiation. Le tout au rythme d'une écriture francophone singulière, qui se joue souvent des codes littéraires - au risque de s'assumer parfois plagiaire.