La littérature mondiale a longtemps été définie comme un canon figé de chefs-d'oeuvre européens, mais, depuis une trentaine d'années, cette focalisation sur l'Europe et sur la notion de « chef-d'oeuvre » a fait l'objet de nombreuses remises en question. Paru initialement en 2003, Qu'est-ce que la littérature mondiale? est le premier ouvrage à interroger la portée et les enjeux contemporains de cette nouvelle conception de la littérature à l'ère de la globalisation. Au fil d'études de cas allant des Sumériens à la métafiction postmoderne, en passant par la poésie aztèque et le mysticisme médiéval, David Damrosch étudie les modes de circulation des textes à travers le monde et examine la manière dont les oeuvres se transforment lorsqu'elles passent du contexte national au contexte mondial. Considérant la littérature mondiale moins comme une somme de textes que comme un mode de circulation et de lecture, l'auteur soutient que toute oeuvre qui « s'enrichit » en traduction mérite de s'y inscrire.
Publié à l'occasion du Cinquantième anniversaire du rétablissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine (1964-2014), cet ouvrage est consacré à l'histoire des relations culturelles et linguistiques franco-chinoises, il se penche aussi sur les enjeux les plus actuels de ces échanges et sur les nombreuses perspectives ouvertes dans ce premier XXIe siècle. Les contributions présentées, dues aux meilleurs spécialistes - français et chinois, mais pas seulement -, s'enrichissent par ailleurs de témoignages des acteurs de ces échanges - diplomate ou artiste aujourd'hui en activité.
Tous les domaines fondamentaux de la relation culturelle franco-chinoise, au sens large, sont envisagés : l'action de la diplomatie culturelle, les médiations interculturelles, les manifestations culturelles communes ou croisées, mais aussi la question de l'apprentissage des langues, les sociabilités et les interactions académiques et littéraires, l'histoire des traductions et de leur diffusion - aussi bien dans la création littéraire que dans la documentation scientifique et technologique -, les coopérations universitaires ou artistiques.
La francophonie littéraire voit, depuis plusieurs décennies, son lectorat se développer, accroissement favorisé par une offre éditoriale plus dense ainsi qu'un nombre plus conséquent de publications, de séminaires universitaires et de prix littéraires à lui être consacré. Comment les littératures francophones se donnent-elles à lire en ce XXIe siècle commençant ? Quelles poétiques les ½uvres francophones développent-elles ? Sur quels outils théoriques le monde de la recherche fonde-t-il ses lectures critiques pour saisir leurs spécificités, leurs éventuelles réinventions ? Et les auteurs, qui lisent-ils ? que lisent-ils aujourd'hui ? À quelles difficultés l'édition est-elle confrontée pour les diffuser et quelles modalités adopte-t-elle pour les faire malgré tout lire ? Faisant dialoguer écrivain.es, chercheur.es, étudiant.es, éditrices et directrices de revue et résonner les pratiques contemporaines avec celles plus anciennes, le présent ouvrage questionne la lecture des textes francophones, jusqu'aux plus récents, nativement numériques.
Il existe une Bretagne intérieure, présence mythique fondamentale dans la vie et dans l'oeuvre poétique de Guillevic. Sa Bretagne est une Bretagne de l'expérience, étrangère à l'érudition, née des rapports primordiaux établis entre l'enfant et le monde breton du début du XXe siècle. Sur ce temps et cet espace de la mémoire, personnelle et collective, l'adulte a dessiné les fondations d'un domaine mythique, vital et poétique, élémentaire et planétaire, sensuel et rêvé, dont le canevas sous-tend son oeuvre tout entière. C'est à partir de ce lieu reconnu que l'homme et le poète partent en quête des chemins matériaux de la mémoire, à travers la parole et le poème. C'est dans la connaissance du lieu qu'ils retrouveront les territoires intimes du non-lieu, qu'ils embrasseront tout un monde, depuis la trace lointaine de l'eau jusqu'au lieu sans lieu de l'étrangeté radicale et du corps amoureux, dans l'espace de l'instant dressé dans le poème.
À lire les littératures d'expression française d'aujourd'hui, qu'elles soient du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne, des Antilles ou de l'Océan indien, d'Europe ou du Canada, le trait saillant des écritures est leur charge historique. La création s'y nourrit de mythes, de motifs, de thèmes surchargés de correspondances symboliques. Des imaginaires individuels et collectifs s'y rencontrent. Aussi l'ensemble des textes ici publiés relève-t-il de la « littérature comparée », dans la mesure où il témoigne d'un champ pluridisciplinaire, trans-national, pluriséculaire et multiculturel.
Avec le soutien du conseil scientifique de l'université Paris-Est, et du laboratoire « Lettres, idées, savoirs » de l'université Paris-Est.
Conçu dans un constant dialogue avec Laurent Dubreuil, qui signe ici plusieurs essais et entretiens inédits, cet ouvrage aborde la question de l'indiscipline littéraire face aux différents régimes de savoir, face à la possession coloniale, et dans son rapport à l'histoire. Centré sur les littératures francophones, en particulier africaines et antillaises, il offre une contribution originale aux réflexions contemporaines sur l'apport des théories postcoloniales, et sur les relations entre littérature et pensée.
Avec le soutien de l'université de Strasbourg.
Il s'agit de la première monographie consacrée à l'oeuvre poétique et romanesque de Vénus Khoury-Ghata. À travers ses créations littéraires, cette écrivaine libanaise de langue française vivant à Paris, propose une alternative à une représentation cloisonnante du Liban et de l'identité libanaise. Son regard, développé en français depuis le "dehors", met à profit sa marginalisation à l'égard d'une littérature nationale soucieuse d'"authenticité culturelle "pour inventer d'autres images de son pays d'origine. L'effet littéraire et stylistique, produit par son écriture se situant à l'intersection des cultures et des langues, est particulièrement saisissant dans son emploi de l'image et de la métaphore. Dès lors que l'on considère la culture comme un processus plutôt que comme un patrimoine, la pratique métaphorique khouryghatienne du monde dévoile un dispositif stylistique qui ouvre des possibles dans les discours identitaires. En ce sens elle joue chez Vénus Khoury-Ghata le même rôle que la Relation dans la totalité-monde glissantienne. Par ce travail, l'oeuvre khouryghatienne ouvre la conscience nationale à la conscience mondiale en réalisant la rencontre de multiples cultures et oeuvre à la compréhension et à la reconstruction identitaire du peuple libanais.
En Occident, l'essor du roman est allé de pair avec celui de la démocratie : mais qu'en est-il en Afrique ? Comment la forme romanesque s'est-elle liée à cet horizon politique, au point d'en dénoncer les déroutes comme les dérives, de l'ère coloniale aux temps postcoloniaux ? Inversement, quelles poétiques particulières cette exigence démocratique a-t-elle suscitées ?
L'oeuvre d'Henri Lopes, écrivain et homme politique congolais de premier plan, peut se lire comme un véritable art du roman démocratique, particulièrement propice au traitement de ces questions. Elle est en effet le récit, sous couvert de fiction, des aventures de la démocratie en Afrique, de ses débuts glorieux à ses déboires récents. Elle est surtout un espace mettant en abyme, à travers toute une série de lieux, de circulations et de supports de diffusion (la presse, le livre imprimé, la radio et le cinéma), la réalité dialogique et parfois polémique qui caractérise ce régime au quotidien. Le roman démocratique est enfin, avec Henri Lopes, un certain art de conter et de mimer, qui privilégie les connivences avec son public et recourt aux modalités complémentaires du récit-confession et de l'enquête, puisant aussi bien aux sources du roman policier qu'à celles du récit ethnographique et du récit de filiation. Le tout au rythme d'une écriture francophone singulière, qui se joue souvent des codes littéraires - au risque de s'assumer parfois plagiaire.