Syllepse
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Antisionisme, une histoire juive
Béatrice Orès, Michèle Sibony, Sonia Fayman, Collectif
- Syllepse
- Utopie Critique
- 12 Octobre 2023
- 9791039901536
Le signe d'égalité placé entre les termes « antisionisme » et « antisémitisme » constitue un véritable déni d'histoire, une forme de révisionnisme qui veut effacer toute trace de la longue tradition juive, religieuse ou séculière, d'opposition à l'idée d'État-nation juif.
Les coordinatrices de l'ouvrage rappellent, documents historiques à l'appui, que l'antisionisme traverse le judaïsme et la judéité, que ceux-ci soient diasporiques ou israéliens.
Le sionisme se perçoit et est perçu comme une qualité intrinsèque à la judéité et inséparable du judaïsme. Ses partisans opposent aux critiques antisionistes une rhétorique invariable : 1. L'État d'Israël est le représentant du judaïsme et le centre de toute vie juive. 2. Négation du caractère juif des Juifs antisionistes accusés d'être dans « la haine de soi ». 3. Le sionisme prétend résoudre le « problème juif » par la « normalisation du peuple juif » à travers la création de son État-nation. 4. Le sionisme se présente comme la seule réponse à l'antisémitisme, et Israël comme le seul garant de la sécurité des Juifs à travers le monde. 5. Le sionisme juge qu'en soutenant le droit au retour des réfugiés palestiniens et la nécessité de « dé-sioniser » Israël à travers les propositions d'un État commun de la mer au Jourdain (État binational ou État laïque de tous ses citoyens), les antisionistes oeuvrent à la destruction de l'État d'Israël.
Les documents publiés ici couvrent une période allant de 1885 à 2019 et font entendre la diversité des voix éminentes qui se sont élevées contre le sionisme - religieuses ou révolutionnaires, libérales ou humanistes - et des espaces où se déploie la pensée antisioniste juive : en Occident, au sein du monde arabe ou musulman, en Israël même. -
Apprendre à transgresser ; l'éducation comme pratique de la liberté
Bell Hooks
- Syllepse
- Nouvelles Questions Feministes
- 3 Octobre 2019
- 9782849507506
Si bell hooks est connue pour son engagement féministe, l'articulation de cet engagement avec les pratiques dans le domaine de l'édu- cation et de la pédagogie a été peu débattue en Europe.
Ce livre est un recueil d'essais sur la péda- gogie de l'émancipation qui aborde non seulement l'importance du féminisme dans les salles de classe mais aussi l'articulation de la théorie et de la pratique dans la lutte fémi- niste afro-américaine.
Hooks y parle de solidarité et d'économie politique, et de la façon dont la pédagogie des opprimés à laquelle elle a été formée par Paulo Freire peut s'appliquer à l'émancipation des Afro-américaines. Des cas particuliers y sont décrits pour souligner l'importance de l'enseignant·e dans la pratique de la liberté.
La traduction de cet ouvrage présente un intérêt bien au-delà du monde uni- versitaire francophone. bell hooks est une enseignante-chercheuse mais son travail trouve une résonance tant dans la théorie que dans les pratiques politiques. Ainsi, Apprendre à transgresser parlera aux lecteurs·rices intéressées par le féminisme, par les pratiques éducatives et par les stratégies antiracistes. C'est d'ailleurs ce qui la distingue de beaucoup d'ouvrages féministes publiés en français : le déploiement de la théorie en pratique de l'enseignement et la transformation de la salle de classe en lieu d'émancipation.
Les pratiques éducatives françaises et la sin- gularité des élèves dans le contexte scolaire ont été débattues en France ces deux der- nières années, et ce livre apporte un regard différent en décrivant des stratégies d'ensei- gnement dans un monde multiculturel.
Par ailleurs, l'intérêt du public pour l'inter- sectionnalité et le féminisme antiraciste s'est développé en France. Le modèle universa- liste français étant réinterrogé et la question de l'identité plus que jamais d'actualité, l'ouvrage de hooks constitue une contribu- tion importante au débat, que ce soit dans le champ disciplinaire des sciences humaines et politiques et dans le milieu associatif fémi- niste, LGBT et antiraciste.
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La classe populaire peut-elle gouverner ? Partis, mouvements, soulèvements
Jacques Bidet
- Syllepse
- Arguments Et Mouvements
- 12 Octobre 2023
- 9791039901550
L'ouvrage pose une question?: quelles sont les forces à rassembler pour que la classe populaire accède au pouvoir?? Il tente de répondre à une interrogation?: face au déferlement mondial du néolibéralisme, quelle stratégie et quelle organisation peut-on proposer?? Il préconise une alliance des couches sociales ayant leurs raisons propres de résister à l'emprise du capital.
L'auteur commence par prendre du recul historique. Il propose une relecture de l'histoire des partis anticapitalistes issus de la 3e Internationale et de la forme «parti unique» (une institution redoutable, à laquelle Marx n'avait pas songé) qui s'est imposée. Le livre fait un détour par la Chine pour examiner les rapports entre parti unique et classe dominante.
Le deuxième chapitre est consacré aux partis dits marxistes à l'occidentale dont l'obsolescence apparaît désormais évidente.
Le troisième chapitre examine l'alternative ainsi suscitée?: la «forme-mouvement», marquée par la figure du leader (théorisée par Ernesto Laclau et Chantal Mouffe), qui est apparue et qui semble antinomique avec la démocratie politique et sociale.
Devant cette double impasse, l'auteur propose de reprendre l'analyse de la société moderne. Avec Bourdieu, Foucault ou Habermas, il prend en compte, à côté du pouvoir du capital, un autre pouvoir, diversement appréhendé comme «?technocratique?», «managérial», «capital culturel» ou «pouvoir-savoir».
La société moderne se présente ainsi sous la forme d'un «duel triangulaire». Duel, parce qu'il y a bien deux classes. Triangulaire, parce que la classe dominante est elle-même composée de deux volets?: celui des privilégiés de la propriété (capitaliste) et celui des privilégiés de l'organisation (dirigeants ou experts), beaucoup plus nombreux. Sous l'hégémonie néolibérale, qui a précipité le désastre économique, social et écologique, la communauté humaine fait néanmoins entendre sa voix et poursuit sa résistance.
Les chapitres 4 et 5 cherchent à partir de là à établir les conditions que requiert une politique «?arc-en-ciel?» d'en bas. L'auteur détaille ainsi quatre conditions - surmonter le clivage fondamental qui divise les classes populaires, la primauté du local dans l'ensemble organisationnel, le respect de la diversité des identités politiques et la capacité à se protéger de l'hégémonie des «compétents». Tout cela ensemble prescrire un mode d'organisation que l'auteur, depuis longtemps engagé sur le sujet, notamment en s'exprimant dans la presse, cherche concrètement à définir.
L'annexe, qui s'ajoute à cet exposé, aborde le cas particulier de la France aujourd'hui. Et notamment la place qu'a prise à gauche La France insoumise, qui est interrogée au prisme des quatre conditions énoncées ci-dessus pour la construction d'une organisation politique populaire. -
Une enquête indispensable pour comprendre les événements de Barcelone aux premiers jours de la guerre civile d'un point de vue libertaire ainsi que les responsabilités des différentes directions anarchistes dans la défaite.
En effet, à Barcelone les militants antifascistes ont dû affronter le soulèvement militaire mais aussi des syndicats (UGT), les forces républicaines (socialistes, communistes, nationalistes catalans...), ainsi que leurs « directions supérieures » (CNT-FAI).
Selon l'auteur, la guerre d'Espagne était perdue dès lors que l'appareil d'État avait été laissé intact et que la lutte des classes avait été sacrifiée au nom de la collaboration (des ministres anarchistes ont participé au gouvernement républicain catalan) et de l'unité antifasciste.
Les leaders libertaires d'hier étaient devenus en quelques mois des notables : ministres, bureaucrates.
Agustín Guillamón a rassemblé les comptes rendus des réunions entre dirigeants libertaires mais aussi au sommet du gouvernement catalan, la Generalitat, avec les émissaires du gouvernement central. Il a également reconstitué les mobilisations populaires qui, à Barcelone et ailleurs en Catalogne, ont permis d'abord de battre les militaires factieux le 19 juillet 1936, puis qui se sont poursuivies avec la lutte des femmes pour le pain et le contrôle du ravitaillement, sur les barricades, pour le contrôle des casernes et des armes, mais aussi celui du contrôle des moyens de production. Il revient sur l'occupation du central téléphonique de la compagnie Télefónica par les militants de la CNT, qui déclencha le soulèvement de mai en contestant à l'État le contrôle des communications.
Les commentaires de l'auteur qui accompagnent le récit minutieux des événements ne peuvent que nourrir la réflexion de celles et ceux qui s'interrogent sur les chemins à prendre pour construire une société libérée de l'exploitation et de l'oppression -
Cultiver les communs : une sortie du capitalisme par la terre
Tanguy Martin
- Syllepse
- Utopie Critique
- 1 Juin 2023
- 9791039901352
Ce livre commence par expliquer comment l'appropriation de la terre a joué un rôle central dans l'émergence du capitalisme et la façon dont elle joue un rôle tout aussi important dans sa perpétuation.
Le foncier agricole est intégré à la logique capitaliste par son accaparement, sa marchandisation, sa financiarisation et la simplification de ses usages. Cela permet l'extraction de profit tout à la fois par la rente foncière, par la plus-value volée au travail paysan et par la destruction des écosystèmes.
Cette extension de la sphère capitaliste aux terres détruit les sociétés et les écosystèmes. De plus, elle restreint drastiquement l'exercice possible des droits humains et de la nature.
Le livre détaille ensuite les mouvements sociaux qui s'inspirent des théories des communs pour mettre en oeuvre une sortie du capitalisme par la terre aujourd'hui en France.
C'est le cas de l'acquisition et de la gestion collectives de terres pour y déployer des alternatives à l'agriculture industrielle. Mais c'est aussi l'objet de luttes d'occupation de terres et de désobéissance civile.
De manière plus méconnue, la tradition juridique de la régulation foncière agricole française a créé des mécanismes non marchands de distribution de la terre.
Initialement mis en oeuvre pour faire rentrer l'agriculture française dans le capitalisme, ils pourraient aussi être une piste pour le dépasser et éroder fortement la propriété privée. -
Les utopiques : postiers sans-papiers : récit de grève
Christian Schweyer
- Syllepse
- Les Utopiques
- 7 Septembre 2023
- 9791039901512
Mardi 11 juin 2019, 8 h du matin, le bus 103 déverse un flot de passagers à l'arrêt Val-de-Seine d'Alfortville (Val-de-Marne). Un groupe traverse la route et se dirige vers l'agence Chronopost. Une dizaine de vigiles attendent de pied ferme derrière la grille.
Mohamed sort un badge et la grille coulisse.
90 personnes envahissent la cour, dont une vingtaine de sans-papiers travaillant ou ayant travaillé à Chronopost, des sans-papiers du Collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry (Val-de-Marne) et une quinzaine de syndicalistes.
Il s'agit de dénoncer l'exploitation à l'oeuvre chez Chronopost par le moyen de la sous-traitance et de l'intérim et d'obtenir la régularisation de ces salariés sans-papiers.
Après quinze jours d'occupation, la justice ordonne l'évacuation. Les occupants se retrouvent devant l'agence et organisent un campement ; ils sont, certains soirs, 300. Au bout de six semaines, le campement compte quelque 110 personnes, qui y dorment et plusieurs dizaines d'autres qui y séjournent dans la journée. Il va servir de pôle d'organisation des actions et des manifestations visant les entreprises responsables, la préfecture, le ministère du travail et les entreprises où travaillent des sans-papiers qui n'ont pas été salariés de Chronopost.
Après plusieurs mois d'occupation, 26 grévistes sur 27 sont régularisés et les dossiers de 129 travailleurs sans-papiers mobilisés sont déposés. À la suite de ce dépôt, le campement est démonté le 16 janvier 2020.
Au cours des mois suivants, 46 régularisations et celle du 27e « Chrono » seront concédées par la préfecture.
Pendant la lutte, il fallait tout faire à la fois : organiser les grévistes, le couchage et assurer les repas, alimenter en essence le générateur, payer les petits déjeuners, informer sur la grève, faire en sorte que les délégués des Chronopost participent à des initiatives de popularisation, se défendre contre les arrestations, interpeller les entreprises du système Chronopost/La Poste, le ministère du travail, la préfecture, etc.
Le récit se termine avec la seconde grève des sans-papiers de Chronopost, qui débute en novembre 2021 et qui est toujours en cours au printemps 2023.
L'ouvrage est enrichi de nombreuses photos et documents : les rencontres avec les syndicats, l'analyse des circulaires ministérielles, des comptes rendus de réunions du comité de grève, les documents utilisés par les grévistes pour leur pointage quotidien, de nombreux tracts, des interviews de grévistes... -
Anticolonialisme(s) : points de vue du Sud
Frédéric Thomas, Collectif
- Syllepse
- Alternatives Sud
- 5 Octobre 2023
- 9791039901574
Alors que l'anti-impérialisme est régulièrement réduit à une stratégie reproduisant les postulats sinon les réflexes de la Guerre froide, le décolonial tend à se concentrer sur les enjeux intellectuels et académiques.
L'anticolonialisme - son histoire et sa permanence - demeure hors-champ.
Les luttes anticoloniales, toujours d'actualité, offrent un éclairage autrement plus complexe sur nombre de questions d'aujourd'hui, au croisement de la géopolitique et des mouvements sociaux.
Le passage à un monde multipolaire est-il acté ?
Signifie-t-il, à terme, l'effacement du ou des impérialisme( s) ?
Faut-il en parler au singulier ou au pluriel ? Et uniquement selon l'axe Nord-Sud ?
Comment, enfin, mettre en avant les combats émancipateurs sans céder à l'« anti-impérialisme des imbéciles » qui disqualifie des soulèvements populaires en soutenant des régimes autoritaires du « bon » côté de la frontière impériale ?
L'anticolonialisme permet de se dégager quelque peu d'une double fixation sur les États et sur le culturel, pour interroger à nouveaux frais les résistances aux processus de domination néocoloniale, ancrées dans le temps long des mobilisations sociales dans le Sud. -
Féministes : luttes de femmes, lutte de classes
Suzy Rojtman
- Syllepse
- Utopie Critique
- 1 Décembre 2022
- 9791039900706
Le mouvement féministe contemporain en France a plus de cinquante ans, un temps d'histoire, histoire d'un enthousiasme fou de se retrouver ensemble, émaillé de victoires décisives, mais jalonné de difficultés face à un patriarcat qui se défend bec et ongles.
Dans cette histoire, on oublie souvent une des actrices essentielles?: la «?tendance lutte de classes?» comme elle s'est définie elle-même, après Mai 68, dans les années 1970. Restituer cette histoire occultée, c'est le but de ce livre, réalisé à partir de trois colloques organisés par le Collectif national pour les droits des femmes.
Il aborde l'histoire pionnière du MLF et de toutes ses tendances?: celle des groupes femmes créés dans les entreprises et les quartiers, celle des militantes d'extrême gauche, de gauche, des syndicalistes, qui, impliquées avec conviction, ont bataillé dans leurs organisations respectives.
L'histoire des luttes ouvrières où les femmes ont dû s'affirmer (Lip, Renault, banques, Chèques postaux). L'histoire méconnue des groupes de femmes immigrées ou dans les populations colonisées. L'histoire des luttes pour la visibilisation et l'affirmation des lesbiennes.
C'est aussi celle de la conquête du droit à l'avortement et son remboursement, celle de la création de collectifs féministes?: contre le viol et contre le racisme?; de l'unité avec la création de la Maison des femmes de Paris, d'Elles sont pour et du Collectif national pour les droits des femmes, des combats internationaux avec la Marche mondiale des femmes. C'est la parole de ses actrices elles-mêmes qui donne corps et vie à cette histoire.
Ce sont les contributions de 28 autrices qui donnent corps à ce livre, illustré avec des documents d'époque. Un livre coordonné par Suzy Rojtman, active dès 1974 dans la tendance «?Lutte de classes?» du MLF, qui milite à l'heure actuelle dans le Collectif national pour les droits des femmes. -
Venceremos ! expériences chiliennes du pouvoir populaire
Franck Gaudichaud, Collectif
- Syllepse
- Coyoacan
- 31 Août 2023
- 9791039901499
Depuis la première édition de cet ouvrage, il y a dix ans, à l'occasion de la commémoration des quarante ans de l'assassinat de Salvador Allende, la société chilienne a vécu une période d'intenses bouleversements. L'estadillo, une révolte populaire exceptionnelle qui a commencé à l'automne 2019, a radicalement modifié les rapports de forces régissant le pays depuis la fin de la dictature pinochetiste.
La mise en mouvement de millions de Chiliennes et de Chiliens ravivait le souvenir de la période de l'Unité populaire (1970-1973) qui avait signifié, pour Hernán Ortega, président de la coordination des Cordons industriels de Santiago, « l'aspiration à une société différente, plus démocratique, plus égalitaire, permettant aux travailleurs d'atteindre un développement plein et entier, pas seulement du point de vue économique, mais aussi de celui de l'épanouissement intégral de l'être humain ».
Une page récente de l'histoire du Chili qui permet de (re)lire Venceremos ! sous un nouveau jour. Coordonné par Franck Gaudichaud, Venceremos ! raconte L'Unité populaire vue d'en bas, du point de vue de ceux qui la construisirent et la défendirent, au quotidien. Dans les quartiers pauvres et les usines, dans les organisations de ravitaillement, les comités de voisins, dans les cordons industriels et les commandos communaux, un mot d'ordre résonnait avec toujours plus de force : « Pouvoir populaire ». Et ce pouvoir populaire se construisait, soutenant et critiquant tout à la fois le gouvernement de l'Unité populaire. Quels furent les projets politiques, leurs acquis et leurs faiblesses, les débats et les mythes, leur organisation et leur ampleur ? Que nous disent, cinquante ans plus tard, ces évènement qui firent rêver la gauche internationale ? C'est à ces questions que ce livre s'efforce de répondre en republiant toute une série de documents relatifs à ce pouvoir populaire.
Pour cette seconde édition, deux acteurs du soulèvement de 2019, Karina Nohales, militante anticapitaliste et animatrice de la Coordination féministe du 8 Mars, et Pablo Abufom, éditeur et cofondateur du Centre social de Santiago, font le récit de cette période d'ébullition de 2019. Cet élan renouvelé du peuple chilien a conduit en l'espace de trois années à la défaite du président Piñera, nouvel avatar d'une droite autoritaire et décomplexée n'ayant jamais réellement rompu avec la violence de la dictature ; à l'accession au pouvoir d'une jeune génération militante, dont Gabriel Boric, dirigeant étudiant durant lors du mouvement de 2011 ; à un processus constituant qui se conclura violemment par le rejet des propositions issues du mouvement social en quête d'une sortie institutionnelle. Si le présent ne se fait jamais sans le passé, l'histoire des luttes populaires est toujours un nouveau voyage, s'alimentant sans cesse de la créativité et du dynamisme de celles et ceux qui se battent pour un horizon émancipateur. -
L'ennemi principal t.1 ; économie politique du patriarcat
Christine Delphy
- Syllepse
- Nouvelles Questions Feministes
- 26 Septembre 2013
- 9782849503942
- Être une femme, c'est avant tout être sujet à l'oppression - « La boîte à outils de Delphy vient déboulonner le mythe de la naturalité » (nonfiction.fr) « Précis et rigoureux [.], les articles de Delphy témoignent d'une pensée qui, à chaque ligne, essaye de réfléchir à contre-courant, de s'opposer aux évidences qui empêchent les opprimés de s'apercevoir du poids qui pèse sur leurs épaules et qui, parfois, les pousse même à apprécier leur propre oppression. Bref, autant d'invitations à penser autrement » (Rue 89).
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Des vies pour l'égalité : mémoires d'ouvriers immigrés
Abdellah Fraygui, Abdallah Moubine, Vincent Gay
- Syllepse
- Des Paroles En Actes
- 12 Janvier 2023
- 9791039901024
Dès les années 1950, la France fait venir massivement des ouvriers immigrés de ses colonies et bientôt de ses anciennes colonies, cette vague migratoire succédant à celles qui, depuis la fin du 19e siècle, ont constitué une composante essentielle de la classe ouvrière. L'industrie automobile a particulièrement utilisé cette main-d'oeuvre immigrée, notamment en région parisienne, ou toutes les usines ont vu affluer des travailleurs algériens d'abord, puis marocains, tunisiens, venus d'Afrique subsaharienne, de Turquie et de bien d'autres pays.
Ces travailleurs immigrés n'ont pas seulement apporté une contribution essentielle au développement industriel de la France durant les Trente Glorieuses. Ils ont également été, pour une partie d'entre eux, des militants de l'égalité, nombreux à s'engager dans des associations, à devenir syndicalistes, à animer des grèves, à représenter leurs collègues.
Abdellah Fraygui et Abdallah Moubine furent de ceux-là. Immigrés marocains arrivés en France à la fin des années 1960 et au début des années 1970, ils découvrent les usines françaises, le travail à la chaîne, la dureté des conditions de travail, la répression contre les syndicalistes, le racisme... Mais également des opportunités pour lutter, revendiquer, se battre pour sa dignité, dans les usines et dans leurs quartiers.
Des vies de luttes qu'ils livrent ici dans un récit à deux voix. -
Dictionnaire du peuple Rrom
Morgan Garro-Farré
- Syllepse
- Histoire : Enjeux Et Debats
- 25 Mai 2023
- 9791039901314
Minorité transnationale répartie aux quatre coins de la planète, les Rroms font régulièrement la une de l'actualité en raison de la stigmatisation dont ils sont victimes. Cependant, au-delà de leur apport culturel, parfois réduit à un folklore, ils sont mal connus.
Cet ouvrage sous forme de dictionnaire permet de découvrir, à travers son histoire, sa culture, ses figures les plus marquantes, l'histoire de ce peuple sans État qui revendique une existence et des droits.
Si l'histoire de la nation rrom reste largement à écrire, cet ouvrage s'attache à présenter certaines de ses nombreuses figures marquantes?: artistes, écrivains, poètes, sportifs, résistants...
L'histoire de ce peuple est également déclinée par pays et par thème. Ses pratiques culturelles font l'objet de nombreuses entrées, particulièrement dans les domaines de la musique, du cinéma mais aussi de la peinture. Les formes de stigmatisation que connaissent les Rroms sont également traitées, notamment au niveau européen.
Un lourd héritage historique tragique sur lequel ce Dictionnaire revient. Peu connues, les associations rroms sont largement décrites, et notamment leur coordination au niveau international. Leur histoire et leurs animateurs sont ici présentés mais aussi leurs débats.
L'ouvrage est composé de deux parties et comporte quelque 300 notices. La première partie est consacrée aux notions, aux événements ou aux lieux : « Afghanistan », « Caravane », « Flamenco », « Gadjo », « Gitan », « Nation », « Rrobia » (esclavage), « Samudaripen » (génocide), « Sédentarisation », « Ukraine », « Zygeuner », etc.
La seconde est composée de notices biographiques de personnalités rroms, connues et moins connues du grand public.
Ce Dictionnaire du peuple rrom est l'aboutissement d'un long travail de recherche mené par l'autrice depuis de nombreuses années au cours desquelles elle a tissé de nombreux liens avec cette communauté et ses associations. -
Face au colonialisme vert : Transition énergétique et justice climatique en Afrique du Nord
Hamza Hamouchène, Katie Sandwell, Collectif
- Syllepse
- Points Cardinaux
- 26 Octobre 2023
- 9791039901727
Les tensions écologiques, ses répercussions de plus en plus visibles et les dangers qu'elles font peser sur les écosystèmes mondiaux, imposent des réponses politiques, y compris aux segments les plus polluants du capital. Ils tentent en effet de maintenir les taux de profit tout en développant une économie durable.
Telle est l'équation impossible que les dominants cherchent à résoudre. Réfractaires à cette transition, les géants de l'industrie fossile, appuyés par les politiques néolibérales, se trouvent cependant au coeur de ce processus. Le développement d'infrastructures énergétiques « vertes » reste guidé par les recettes du passé qui ont fait leur fortune, à commencer par l'expropriation coloniale des richesses et du travail du Sud global.
Cet ouvrage explore les effets de ce nouveau paradigme en Afrique du Nord, qui se trouve confrontée à la violence tout à fait concrète des « bienfaits » de la transition sur leurs sociétés. Les institutions néolibérales internationales tiennent en effet les rênes de la plupart des discours sur le changement climatique, la crise écologique et la transition énergétique en Afrique du Nord. Leur analyse tronquée ne tient aucun compte des besoins des populations locales, des questions de classe, de genre ou de race. Ni la justice ni la remise en cause des relations néocolonialses ne sont au centre de leurs préoccupations.
Elles prônent des solutions axées sur la logique du marché et occultent les véritables causes des crises climatiques, environnementales, alimentaires et énergétiques. Il est grand temps de se tourner vers d'autres perspectives qui s'interrogent sur les systèmes hégémoniques et qui recentrent les débats sur les questions de justice et d'équité. C'est précisément l'objectif de ce livre évoquant les situations que doivent affronter les populations de pays tels que le Maroc, le Sahara occidental, l'Algérie, la Tunisie, l'Égypte ou encore le Soudan. Les chercheur·euses issu·es d'Afrique du Nord ayant contribué à cet ouvrage s'attellent à examiner les politiques et les pratiques des élites politiques, des multinationales et des régimes autoritaires et militaires.
Ce faisant, ils proposent des voies nouvelles pour une transition juste et équitable. Ils cherchent ainsi à contribuer aux processus de production de connaissances qui sauront soutenir les mouvements de résistance face aux agendas néocoloniaux soutenus par les multinationales, qui continuent d'accaparer les terres et de piller les ressources des peuples nord-africains. -
Portrait du pauvre en habits de vaurien : eugénisme et darwinisme social
Michel Husson
- Syllepse
- Histoire : Enjeux Et Debats
- 18 Mai 2023
- 9791039901338
Les réponses proposées par Michel Husson à ces questions sont documentées de façon tout à la fois très inédite et originale. C'est à un véritable voyage que nous invite l'ouvrage, une pérégrination dans les discours de toutes celles et ceux, des scientifiques aux romanciers, qui se sont employés avec force, depuis le milieu du 18e siècle, à rendre les pauvres responsables de leur sort et, ce faisant, à permettre aux classes privilégiées de rationaliser de façon plus ou moins élaborée leur statut.
Michel Husson montre avec une force grande puissance démonstrative à quel point les discours actuels résonnent avec ceux du passé. L'ouvrage propose aussi un regard inédit sur la place de Darwin dans cette chaîne de justifications. Michel Husson défend l'idée que Darwin avait laissé toutes les portes ouvertes à ce que l'on appelle le « darwinisme social », autrement dit à l'extension à l'espèce humaine du principe de sélection. Il nous révèle à quel point la pénétration du darwinisme social a été profonde y compris chez les progressistes.
Il montre aussi à quel point la science, tout particulièrement économique et statistique, s'est en partie dévoyée pour dédouaner le mode d'organisation sociale, quand il ne s'est pas s'agit, avec l'eugénisme, de défendre une représentation anti-humaniste du monde. Car l'un des apports théoriques de l'ouvrage, outre les thèses développées sur le darwinisme social, est de mettre en évidence un constat souvent occulté:
Une grande majorité des économistes qui ont jeté les bases de la théorie aujourd'hui dominante ont adopté des positions assimilables au darwinisme social.
Un ouvrage utile pour celles et ceux qui s'interrogent sur les racines des lignes de fracture de nos sociétés qui font obstacle à un projet de progrès social. -
Petite histoire politique des banlieues populaires
Hacène Belmessous
- Syllepse
- Arguments Et Mouvements
- 31 Mars 2022
- 9791039900218
L'histoire récente des banlieues populaires demeure un terrain en grande partie délaissé et inexploré. Pourtant, ces lieux concentrent depuis plusieurs décennies tous les débats, toutes les polémiques, toutes les fractures qui témoignent d'une société française qui ne sait pas comment aborder ces quartiers de relégation où dominent la pauvreté et la ségrégation. Évoquer ces quartiers, c'est convoquer toute la série de fantasmes qui servent de support aux pratiques discriminatoires quotidiennes : ils formeraient la dernière étape avant le « grand remplacement », des « zones de non-droit » qui mettraient l'ordre républicain à feu et à sang... Revenir sur l'histoire politique de ces quartiers, de ces villes, de ces banlieues c'est constater que le droit commun n'y a jamais été instauré malgré les promesses d'égalité républicaine par les promoteurs de la politique de la Ville. C'est aboutir à ce constat implacable: la République, dans les banlieues populaires, c'est pour leurs habitants quarante années d'humiliations sociales.
Cet ouvrage s'efforce de décrire et analyser ce qui s'y est joué durant cette période en abordant avec profondeur et de façon incisive une série de questions : la police, le logement social, l'islam, la politique de la Ville, les politiques conduites dans ces quartiers par les partis politiques aux affaires (de droite comme de gauche), etc. Pour cela, l'auteur s'est appuyé sur des archives locales de communes emblématiques (La Courneuve (93), Mantes-la-Jolie (78), Vaulx-en-Velin (69), Vénissieux (69), Montfermeil (93)...), des documents étonnamment souvent jamais consultés, et sur des entretiens avec des personnages historiques de l'histoire urbaine récente.
Cette histoire politique des banlieues livre finalement en creux ce qu'elles ont toujours incarné : les démons des mauvaises consciences françaises.
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Comme un goût de révolution : autobiographie d'une Black Panther
Elaine Brown
- Syllepse
- Radical America
- 5 Mai 2022
- 9782849509593
Enfant des ghettos de Philadelphie, adolescente noire dans un monde violent, militante révolutionnaire, chanteuse, cheffe du Black Panther Party : dans ce récit captivant, Elaine Brown revient sur sa vie, ses engagements, ses déchirements.
Née en 1943, Elaine Brown s'engage en politique progressivement, puis, en avril?1968, après l'assassinat de Martin Luther King, rejoint le Black Panther Party, créé deux ans plus tôt à Oakland. Chanteuse, elle enregistre deux albums pour le parti. En 1971, elle entre au comité central et en devient le ministre de l'information. Elle accepte la direction du Black Panther Party en 1974, quand Huey P. Newton part en exil à Cuba.
Cette plongée vibrante dans le parcours et l'expérience d'Elaine Brown ne passe sous silence ni ses erreurs, ni ses trahisons à ses propres engagements, ni les errements de cette formidable aventure collective, qui demeure un grand moment de l'histoire des mouvements de libération. Avec ce récit, Elaine Brown nous invite à repenser l'émancipation, la révolution, l'intime et le politique. -
La lutte emprisonnée : répression, droit et révolution dans l'Italie des années 1970
Elisa Santalena, Guillaume Guidon
- Syllepse
- Utopie Critique
- 9 Février 2023
- 9791039901031
Si l'Italie des années 1970 et sa formidable ébullition sociale et politique commencent à être bien documentées en France, la question du «?front de lutte?» qui s'ouvre autour de la répression demeure peu traitée. La politisation des détenus de droit commun dans les prisons italiennes de la fin des années 1960 est le point de départ d'une analyse qui se déplace, au fil des années, vers la question de la violence révolutionnaire des groupes armés et la riposte de l'État aussi bien à l'extérieur mais, surtout, à l'intérieur des prisons.
Les groupes militants de la gauche révolutionnaire investissent ce terrain avec une présence plurielle, allant du conseil légal à destination des militants ou des manifestants, par exemple, au soutien matériel, politique et affectif aux détenus.
Ces années voient également une politisation sans précédent de la sphère judiciaire?: avocats et juristes s'organisent pour apporter une défense aux inculpés de délits politiques?; les procès se transforment en arènes d'affrontement entre des conceptions antagonistes du droit, allant des procès de «?rupture?», théorisés lors de la guerre d'Algérie par Jacques Vergès, aux «?procès-guérilla?» des Brigades rouges. -
Transition "verte" et métaux "critiques" : points de vue du Sud
Laurent Delcourt
- Syllepse
- Alternatives Sud
- 15 Juin 2023
- 9791039901307
Promesse d'un monde libéré de sa dépendance aux combustibles fossiles, la transition énergétique n'est ni écologiquement neutre ni socialement juste.
Substituant une addiction à une autre, elle réclame pour se déployer des quantités infinies de métaux dits « rares », « critiques » ou « stratégiques ».
En relançant la course entre grandes puissances pour sécuriser leur approvisionnement, elle participe d'une « extension du domaine de la mine », repousse les frontières de l'extractivisme et sape les écosystèmes locaux et les droits des populations exposées.
Présentée aux pays du Sud riches en minerais comme levier de développement, elle les enferme dans le rôle historique de fournisseur de matières premières, pérennisant ainsi les rapports d'exploitation néocoloniaux et les inégalités systémiques. Du moins pour les plus pauvres d'entre eux, peu outillés pour profiter du boom technologique ou transformer sur place leurs ressources, alors qu'ils assument déjà l'essentiel des coûts sociaux et écologiques du verdissement des économies riches et émergentes.
Si des solutions (mécanismes de compensation, climate- smart mining facilities...) sont avancées pour adoucir l'impact de cette conversion aux énergies dites « renouvelables », aucune ne questionne les fondements et les limites de ce nouveau « capitalisme vert ».
Une juste transition doit s'attaquer aux asymétries dans la distribution des coûts et bénéfices. Et passer nécessairement par une révision en profondeur du productivisme et du consumérisme élitaire à l'origine des déséquilibres planétaires. -
Pour un panafricanisme révolutionnaire : pistes pour une espérance politique continentale
Saïd Bouamama
- Syllepse
- Points Cardinaux
- 20 Avril 2023
- 9791039901185
Née, paradoxalement, dans les lieux d'exil de la traite esclavagiste transatlantique, l'aspiration à une « communauté de destin » des peuples d'Afrique a toujours occupé l'horizon des mouvements politiques et sociaux continentaux. Saïd Bouamama tente aujourd'hui d'en actualiser les termes. Déjà auteur de Figures de la révolution africaine et de La Tricontinentale, les peuples du tiersmonde à l'assaut du ciel, le sociologue se fait d'abord historien et nous montre comment les principaux acteurs des luttes d'indépendance et certains des bâtisseurs des États-nations postcoloniaux concevaient cette perspective.
Sollicitant de nombreux écrits, propos et discours - produits notamment autour de la création de l'Organisation de l'unité africaine, en 1963, mais aussi à l'occasion du Festival culturel panafricain d'Alger de 1969 -, il nous donne ainsi à voir toute la richesse et la modernité des problématiques déjà explorées alors. Du Bissao-Guinéen Cabral jusqu'à l'Égyptien Nasser, en passant par le Sénégalais Diop ou encore le Congolais Lumumba, mais aussi les Martiniquais Césaire et Fanon, cet ouvrage donne à penser le foisonnement et la richesse des réflexions et pratiques panafricaines. Car c'est l'un des apports significatifs de cette « contribution » que de contester la frontière, selon lui artificielle (ou, pour le moins, politiquement tracée), entre Afrique dite « noire » et Afrique du Nord.
Soucieux de surmonter ces fractures, qu'elles relèvent de phénomènes historiques effectifs ou de constructions symboliques, l'auteur revient avec précision et sans concessions sur l'histoire anté-coloniale du continent, en particulier sur les traites esclavagistes dites « traditionnelles » ou « musulmanes ». De même, il développe une critique rigoureuse des multiples essentialismes (« négritude », « berbéritude », « afrocentrisme »...), pour certains hérités du regard « orientaliste » posé depuis les anciennes métropoles, qui compromettent le projet émancipateur panafricain.
Un projet qui, rappelle l'auteur et pour paraphraser Amílcar Cabral au sujet des indépendances, ne vaut que s'il se traduit en une amélioration réelle des conditions de vie des populations. -
L'ennemi principal Tome 2 ; penser le genre
Christine Delphy
- Syllepse
- Nouvelles Questions Feministes
- 26 Septembre 2013
- 9782849503959
- « Les femmes n'ont pas tort du tout quand elles refusent les règles de vie qui sont introduites au monde, d'autant que ce sont les hommes qui les ont faites sans elles », Montaigne - « Je n'ai jamais réussi à définir le féminisme. Tout ce que je sais, c'est que les gens me traitent de féministe chaque fois que mon comportement ne permet plus de me confondre avec un paillasson », Rebecca West « J'étudie l'oppression des femmes. Mais l'oppression des femmes est spécifique non pas parce que les femmes seraient spécifiques, mais parce que c'est un type d'oppression unique. »
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Nous vous écrivons depuis la révolution ; récits de femmes internationalistes au Rojava
Collectif
- Syllepse
- 4 Mars 2021
- 9782849509081
«Ce livre est parti d'un désir et d'une nécessité: partager les expériences, les rencontres et les émotions qui nous ont traversées au coeur de la révolution du Rojava. Un désir, parce qu'autant de beauté, d'énergie et d'espoir doivent être diffusés le plus largement possible et doivent pouvoir imprégner chacune de nos vies, chaque lutte à travers le monde. Une nécessité parce qu'il est de notre responsabilité de ne pas faire de ce temps au Rojava une expérience personnelle, mais de faire connaître le projet et la réalité révolutionnaire de celles qui nous ont tant appris.».
L'ouvrage que vous tenez entre vos mains a été pensé collectivement et écrit par des femmes : internationalistes, mères, journalistes, militantes, principalement françaises, qui ont passé de quelques jours à plusieurs années au coeur de la plus jeune révolution du Moyen-Orient.
Avec ce récit, elles nous invitent à découvrir le projet et la réalité des femmes du Rojava et du nord-est syrien, qui depuis 2012 travaillent minutieusement à la création de leurs structures autonomes : autodéfense armée et civile, éducation, coopératives, démocratie de base...
Textes de réflexion, poèmes, contes, extrait de journaux intimes, lettres, interviews, autant de formes différentes qui font palpiter ce livre et permettent d'approcher les émotions les plus intimes, la pratique quotidienne et les enjeux géopolitiques.
Une porte ouverte aux réflexions et discussions pour se nourrir ici de ce qui est expérimenté là-bas.
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Dionysos crucifié : essai sur le goût du vin à l'heure de sa production industrielle
Michel Le Gris
- Syllepse
- Utopie Critique
- 11 Mai 2023
- 9791039901321
Ce livre brosse le tableau des changements survenus dans le monde du vin au cours du 20e?siècle. En quelques décennies, une logique industrielle a soumis l'univers des produits de la vigne à de nouveaux schémas d'élaboration et d'appréciation.
Envisagée sous l'angle technique d'une maîtrise accrue des phénomènes fermentaires, cette sujétion industrielle a paru commode à la production et rassurante à la consommation.
Le vin étant un objet vivant, exposé durant son élaboration à de possibles maladies et dégradations, sa connaissance moderne - l'oenologie scientifique née des premiers travaux de Pasteur - a pour objet l'élimination du hasard, considéré sous son seul aspect de risques et d'évolutions malencontreuses.
De cette sécurisation technologique dans l'élaboration des vins aura résulté une incontestable diminution de breuvages altérés et impropres à la consommation mais aussi une reconfiguration du goût, qui est précisément l'objet de ce livre.
Depuis la première publication de Dionysos crucifié, sa critique radicale du vin à l'heure de son industrialisation massive aura montré toute sa pertinence et son actualité.
À partir d'une théorie générale du goût dans la société contemporaine, l'auteur décrit le destin particulier de cette boisson plurimillénaire, entre artisanat plus ou moins luxueux et production à grande échelle.
Nouvellement préfacé, l'ouvrage, paru pour la première fois en 1999, évoque également l'émergence, en ce domaine comme en d'autres, d'une résistance artisanale inattendue, avec ses avancées positives mais aussi ses limites intrinsèques.
En s'interdisant tout moyen artificiel dans la vigne comme dans les caves, le mouvement des «?vins nature?» s'inscrit certes en faux contre le processus général d'industrialisation des vins, sans peut-être questionner suffisamment les tendances simplificatrices à l'oeuvre dans l'esthétique gustative dominante. -
Les utopiques n.23 : retraites: pas d'austérité pour pépé et mémé
Gérard Gourguechon
- Syllepse
- Les Utopiques
- 6 Juillet 2023
- 9791039901369
Les vieilles et les vieux, comment la société les perçoit, comment ils et elles se voient.
« Une vieille ne devrait pas faire ça », interview de Geneviève Legay, agressée par la police à Nice, en 2018 (Celle qui n'était pas sage, Syllepse, 2019).
« Réflexions sur l'intergénérationnel », par Gérard Gourguechon, secrétaire de l'Union nationale des retraités Solidaires.
« Vieillesse et inégalités de vie », Bernard Ennuyer du Syndicat de la médecine générale.
« La baisse programmée du pouvoir d'achat des personnes retraitées ».
« Vieillir en société ? ».
« Les politiques municipales vers les personnes âgées » ; l'exemple de Fontenay-Sous-Bois.
« Des retraité·es Solidaires du Loiret racontent le suivi et le contrôle des EHPAD » par des syndicalistes.
« En EHPAD, les conditions de travail des personnels ont des conséquences directes sur les conditions de vie des malades », par Anissa Amini qui travaille dans ce secteur et est responsable nationale SUD- Santé sociaux.
« Les demandes et revendications des personnes âgées et retraitées », par Annie Dromer de l'Union nationale des retraités et des personnes âgées.
« Vieux, vieilles et immigré·es », par Verveine Angeli de la Fédération des associations de soutien aux travailleurs et travailleuses immigré·es.
« La situation des personnes retraitées en Espagne et au Brésil ».
« Les violences sexuelles à l'égard des femmes âgées ».
« Les personnes retraitées face aux problèmes de santé ».
« Une conférence gesticulée sur la ménopause », interview.
« La vieillesse, de puissants tabous ».
« Les Babayagas de Montreuil », l'« anti-maison de retraite ».
« La place des retraités et retraitées dans les organisations syndicales », par Gérard Gourguechon.
« L'histoire du secteur «retraité·es» » de la FSU.
« Les services à la personne », par Anne Anazaria de Femmes égalité.
« Pouvoir choisir et décider, ses dernières années et sa fin de vie », par des retraité·es Solidaires. -
Le coït dans un monde d'hommes
Andrea Dworkin
- Syllepse
- Nouvelles Questions Feministes
- 7 Mars 2019
- 9782849507155
À l'opposé de l'air du temps et de la pré tendue « égalité-déjà-là », de l'illusion que des pratiques sexuelles pourraient être « naturelles » et de l'oubli des rapports de domination, Andrea Dworkin aborde le coït en l'intégrant dans les rapports de pouvoir. Elle parle de « la baise » dans un monde dominé par les hommes, une certaine forme de sexe outil et matière de la domination, l'anéantissement des femmes dans la sexualité masculine, l'inégalité sexualisée des unes et des autres.
L'auteure ne s'adresse pas à un auditoire timoré, passif ou avide de textes consensuels. Le Coït dans un monde d'hommes ( Intercourse en anglais) est un livre violent qui explore le monde sexué de la domination et de la soumission. « Il procède en cercles descen- dants plutôt qu'en ligne droite. Comme dans un tour- billon, chaque spire plonge plus profondément dans ce monde » (Andrea Dworkin).
Les titres des neuf chapitres ouvrent sur des analyses subversives, dérangeantes : « Répugnance », « À vif », « Stigma », « Communion », « Possession », « Virginité », « Occupation et collaboration », « Pouvoir, statut et haine », « La loi », « Saleté et mort ».
En 1988, le poète et chanteur canadien Leonard Cohen saluait sa lecture d'Andrea Dworkin en ces termes:
« La gamme complète des arguments exposés dans ce livre est assez radicale, complexe et magnifique.
Intercourse est le premier livre que j'ai lu par un au- teur, masculin ou féminin, qui affiche une défiance qui soit profondément subversive au sens sacré - ex- traterrestre. Elle dit que notre monde est entaché par des préjugés humains, que les hommes et les femmes ont des idées erronées - même si ces idées ont dix millions d'années et qu'elles viennent de la bouche de dieu, elles demeurent erronées ! La position qu'elle adopte dans ce livre est si provocante et passionnante qu'elle crée une autre réalité et pourrait arriver à l'actualiser. Dans la situation actuelle, c'est ce genre d'attitude qui crée de nouveaux mondes - j'ai une profonde admiration pour Andrea Dworkin ».
Andrea Dworkin n'euphémise pas la réalité. Cela ne signifie cependant pas qu'elle exagère. Son travail, écrit-elle, nous entraîne dans les profondeurs de la vie sociale, « aussi étrange, amère ou salissante que soit la plongée ».
Lire cette immense écrivaine féministe, c'est trou- ver autre chose que ce que l'on pense savoir déjà.
Enfin, comme le rappelle Christine Delphy, la di- rectrice de la collection « Nouvelles questions fémi- nistes », dans sa préface au recueil de l'auteure, Sou- venez-vous, résistez, ne cédez pas, précédemment publié (Syllepse/Remue-Ménage, 2017) chez les mêmes édi- teurs, « pour défendre sa dignité, il faut d'abord en avoir une ».