Ce numéro «Folies?» permet de constater combien les points de vue et les théories sur ces phénomènes si difficiles à qualifier et à contenir sont nombreux et variés. Les frontières de la folie sont poreuses et friables et elle nous confronte à une expérience de notre monde en plus intense. Les désordres des affects, des émotions et des états psychiques permettent, dans les sociétés occidentales, de mieux connaître l'humain et ouvrent à l'exploration et à l'expérimentation de nos multiples formes de vie. Les contributions se déploient sur trois niveaux intimement imbriqués: les expérimentations, les expériences et les matérialités de la folie.
Axé sur l'attachement amoureux à des objets perçus comme dangereux sur le plan affectif, ce numéro propose d'examiner de manièrecomparative des cas de «partenaires» jugés illégitimes.Avec le souci de mettre en regard les conceptions qui président à la création de partenaires, on s'intéressera aux entités soupçonnées d'entraîner l'humain dans le trouble passionnel ou dans la confusion sexuelle: robots, gadgets électroniques, mais aussi poupées, personnages fictifs, sculptures,ombres, restes humains, plantes ou animaux...
Au-delà des formes de suspension multiples que la crise sanitaire du coronavirus engendre, elle donne également lieu à des reconfigurations, dont l'avenir nous dira dans quelle mesure elles sont ou non amenées à se pérenniser, de valeurs (métriques, mais aussi morales) à partir desquelles s'organisent les sociétés. Selon quelles mesures, dans ce cadre, la technocratie - entendue ici comme un mode de gestion politique fondée sur l'expertise techno-savante - est-elle conçue comme bénéfique ou délétère? Quels sont les effets concrets des dispositifs techniques et administratifs qu'elle engendre? Quelles lignes morales ceux-ci redistribuent-ils ou au contraire renforcent-ils? Ces questionnements semblent être, plus que jamais, d'actualité, et ce numéro offrira à lire une série de propositions argumentées de document permettant d'enrichir les perspectives liées au sujet.
Les mythes de bandits morts ou vivants se répandent aujourd'hui de manière instantanée par le biais des médias numériques. Des épopées traditionnelles, des vidéos, des photos, des musiques, ou encore des applications et des jeux vidéo sont bricolés pour célébrer des bandits plus ou moins sociaux, mais aussi des gangsters, des révolutionnaires et des politiciens mafieux. Ces bricolages transculturels et in situ, effectués par une multitude de «scénaristes» - dont les protagonistes eux-mêmes -, participent d'une écriture nouvelle des mythes de bandits.Oeuvrant dans des économies politiques violentes et instables, ils deviennent des modèles d'autorité toujours plus populaires et/ou des objets de culte, ils suscitent la peur, l'admiration, des fantasmes et certains leur prêtent des qualités extraordinaires, du charisme et parfois même des origines divines. Vivant dans la clandestinité ou élus démocratiquement, ces bandits sont à la fois qualifiés de Robin des Bois, de gangsters ou de mafiosi, et de «criminels» ou «terroristes». Ces figures contemporaines du bandit sont aussi largement mobilisées par des groupes politiques, des entreprises commerciales, ou encore des ONG environnementales. Malgré la prolifération de ces formes d'autorité, peu de travaux s'intéressent à l'écriture de ces mythes de bandits, à leurs temporalités et à leurs effets sur la production du pouvoir, de leur souveraineté et de leur légitimité.
La coopération intervient à tous les niveaux du vivant, de la formation d´un génome à la constitution d´organismes multicellulaires. Mais les êtres humains sont l´unique espèce où on observe des coopérations fortes, régulières, diverses, risquées, étendues et parfois coûteuses entre individus sans relations de parenté. Les notions de compétition et d´égoïsme chères aux théories de l´évolution et de l´économie classique ne suffisent à expliquer ce mode de relation. Aussi, comprendre l´évolution de la coopération est devenu un défi scientifique pour les années à venir.
La description ethnographique privilégie généralement le quotidien et la répétition rituelle plutôt que les fêlures ou les ruptures. Les sciences sociales se montrent d´autant plus silencieuses face à l´événement que celui-ci donne lieu, dans les media, aux discours les plus loquaces. C´est pourquoi ce numéro de Terrain s´attache à travers des exemples précis - une découverte scientifique, les voyages présidentiels, le procès Papon, les apparitions de la Vierge, l´affaire Lewinsky, etc. - à restituer à l´événement sa spécificité temporelle. Les articles rassemblés ici montrent la manière dont les individus (Bill Clinton ou Maurice Papon, Sadi Carnot ou satori...) autour desquels s´articulent l´événement et ses contextes, sont traversés par des forces collectives qui les dépassent. L´événement, pour les ethnologues et les sociologues, se définit par les séries au sein desquelles il s´inscrit. Car il ne suffit pas de faire le constat de l´irruption spectaculaire de l´événement, il faut en construire le sens, lui apporter une « valeur ajoutée » d´intelligibilité...
Sont étudiées dans ce dossier les attentes situationnelles plutôt qu'existentielles. Celles qui sont fonctionnelles, dans l'armée ou dans les prisons. Celles qui sont motivées par l'espoir d'un changement, comme c'est le cas pour les sans-papiers, les demandeurs d'asile, les mouvements millénaristes. Comment gérer les temps vides, l'ennui, l'inaction ? Comment s'organise la vie dans les lieux mêmes de l'attente : prisons, foyers, centres d'accueil, lieux clandestins ? Les déceptions liées à une normalisation qui tarde à venir ?
Contribution à une nouvelle facette des études anthropologiques sur le sang, ce dossier accorde la priorité à ce sang qui est celui des spécialistes de la santé publique et du domaine biomédical. Loin de laisser de côté le symbolique ou le surnaturel, il s'attache à montrer de quelle façon le social, le culturel et le religieux s'immiscent dans des contextes où, pensait-on communément, ils n'avaient guère leur place.