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Le goût sucré des pommes sauvages
Wallace Stegner
- Phebus
- D'aujourd'hui Etranger
- 28 Février 2004
- 9782859409753
Ce n'est qu'en 1990, soit trois ans avant sa mort, que stegner aura rassemblé en volume l'essentiel de ses nouvelles - dont on n'a retenu ici que la plus haute fleur (cinq textes, pas plus).
Il s'agit là pour la plupart d'oeuvres de jeunesse, l'écrivain avant assez tôt délaissé le genre pour se consacrer au roman puis à l'essai historique. quelques-unes d'entre elles peuvent néanmoins prétendre au rang de chefs-d'oeuvre - et d'autant mieux que s'y retrouve, à l'état natif en quelque sorte, le précieux minerai qui servira de matière spécifique aux romans. comme dans les grands romans de stegner, la vie est là, solidement campée dans le réel, charriant son lot d'espérances et d'épreuves.
Jusqu'à cette heure inévitable oú l'on se dit que ce rien, justement, apparaît comme la seule vraie richesse qui vous restera bientôt entre les mains. la sagesse de stegner, cavalier peu bavard, prend sa source dans l'antiquité : du côté de chez les stoïciens. il y ajoute son humour, et sa très fraternelle mélancolie. un cocktail comme l'amérique n'en offre pas souvent. conclusion du washington post : " l'un des plus grands ! ".
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Un gamin poussé en graine, détesté par son père qui, dans ces années 30 vouées à la crise, ne cesse de cracher sa haine des Juifs, des nègres et de Roosevelt, ainsi que son admiration pour le Japon conquérant et pour l'Allemagne nazie, s'engage dans l'U.S. Air Force en espérant montrer au monde et d'abord à ce père honni qu'il est lui-même quelqu'un.
Pilote bombardier, promu officier peu après Pearl Harbor, il prend des risques et se voit bientôt traité en héros alors que quelque chose en lui s'insurge contre cette guerre qui s'acharne, dirait-on, à tuer ses meilleurs copains. Bombardant Berlin, il ne peut s'empêcher de penser à tous ces pauvres diables qui, là-dessous, vont tout à l'heure rôtir à cause de lui dans les flammes. Seule façon de s'en tirer : blinder son coeur contre le désespoir, comme il l'a blindé au long de cette autre guerre qu'il n'a cessé de mener, des années
durant, contre son père.
Un récit bouleversant, rendu supportable par une forme unique d'humour : celui que l'on dirige contre soi quand on sait que tout est perdu. Ce qu'a parfaitement résumé Tim Cahill dans un texte saisissant : « Il aura été, parmi les écrivains de son temps, le champion de l'élégance morale : un homme capable de vous déchirer le coeur en trois mots, et l'instant d'après de vous faire pouffer de rire. Voué sa vie durant à une pauvreté ascétique haut revendiquée, cet éternel gamin aura usé son temps à ciseler ses phrases, apprécié par une étroite coterie d'écrivains et d'éditeurs éblouis par son génie discret. Ce livre, quatrième et dernier, qu'il nous a laissé en partant, est un chef-d'oeuvre. »
Récemment révélé aux lecteurs de langue française (La Ferme sur le rio Esmeralda, Le Plaisir le plus triste ,
Phébus 2002 et 2003), Thomsen, plutôt ignoré de son vivant, aura été reconnu sur le tard par ses pairs -
Wallace Stegner, Paul Theroux - comme l'un des premiers écrivains de son temps.
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La bonne grosse montagne en sucre
Wallace Stegner
- Phebus
- D'aujourd'hui Etranger
- 6 Avril 2002
- 9782859408152
Publié en 1943, c'est le premier " grand " livre de Stegner.
Celui qui le fera vraiment découvrir à une Amérique peut-être pas encore préparée à cela (Stegner parle des années 10, 20, 30 avec une franchise qui ne devait pas faire plaisir à tout le monde), mais qui lui vaudra plus tard les grandes orgues de la critique (" Superbe, inoubliable "/The New Yorker). Celui, surtout, qui le fera introniser un jour comme " le maître de la nouvelle littérature de l'Ouest ".
Bo Mason, un coriace à la jolie gueule, est persuadé que le monde, visiblement coriace lui aussi, finira par lui céder : l'Ouest n'est-il pas toujours là-bas à l'horizon, avec ses montagnes, ses trésors offerts à tous ? Nous sommes en 1905 et Bo oublie seulement qu'on vient de changer de siècle : l'heure n'est plus aux grands coeurs audacieux mais aux petits malins qui savent pousser leurs pions en douce - et au besoin graisser la patte aux flics chargés de faire régner l'ordre nouveau, celui du fric-roi.
Les lecteurs d'Angle d'équilibre ont déjà goûté au plaisir de suivre Stegner dans sa chevauchée d'une époque. Ils ne seront pas déçus. La Bonne grosse montagne en sucre, malgré son titre placide, les secouera sans trop de ménagement, les fera rire parfois, leur serrera surtout la gorge.
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