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Le goût sucré des pommes sauvages
Wallace Stegner
- Phebus
- D'aujourd'hui Etranger
- 28 Février 2004
- 9782859409753
Ce n'est qu'en 1990, soit trois ans avant sa mort, que stegner aura rassemblé en volume l'essentiel de ses nouvelles - dont on n'a retenu ici que la plus haute fleur (cinq textes, pas plus).
Il s'agit là pour la plupart d'oeuvres de jeunesse, l'écrivain avant assez tôt délaissé le genre pour se consacrer au roman puis à l'essai historique. quelques-unes d'entre elles peuvent néanmoins prétendre au rang de chefs-d'oeuvre - et d'autant mieux que s'y retrouve, à l'état natif en quelque sorte, le précieux minerai qui servira de matière spécifique aux romans. comme dans les grands romans de stegner, la vie est là, solidement campée dans le réel, charriant son lot d'espérances et d'épreuves.
Jusqu'à cette heure inévitable oú l'on se dit que ce rien, justement, apparaît comme la seule vraie richesse qui vous restera bientôt entre les mains. la sagesse de stegner, cavalier peu bavard, prend sa source dans l'antiquité : du côté de chez les stoïciens. il y ajoute son humour, et sa très fraternelle mélancolie. un cocktail comme l'amérique n'en offre pas souvent. conclusion du washington post : " l'un des plus grands ! ".
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Collins aura mis plus de vingt ans avant de ce décider à publier pour la librairie ce court roman où il avait logé la quintessence de son méchant esprit et de sa mauvaise éducation. Rien de moins que l'histoire d'un escroc du genre
sympathique racontée par lui-même. Un peu son Barry Lyndon, si l'on veut mais en beaucoup plus immoral.
Dans sa préface à l'édition de 1879 qu'il avait refusé d'expurger, il annonçait sans illusion : « Les pisse-vinaigre ne seront pas sans me reprocher une gaieté par trop débordante dans certaines parties de ces Confessions imaginaires »
La volée de bois vert par laquelle la critique bien-pensante de l'époque accueillit son livre dut le réjouir plus que le surprendre. L'essentiel pour lui et pour nous qui le lisons aujourd'hui, le coeur transporté d'aise à chaque nouvelle vachardise que distille le texte, l'essentiel n'était-il pas que certaines choses soient dites, écrites, et que la bonne société victorienne en prenne un bon coup pour son grade oe
Mission accomplie, et haut la main. Dans un registre certes différent de celui qu'exploite d'habitude le romancier on tremble, sans doute, mais on rit plus encore. Et si crime il y a bien (Collins, comme Hitchcock, ne serait plus lui-même si ses personnages n'enfreignaient pas la loi à un moment ou à un autre), c'est du côté du criminel que nous sommes forcés cette fois de nous ranger.
Ce qui, l'on s'en doute, n'est pas pour nuire à notre plaisir.
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Un gamin poussé en graine, détesté par son père qui, dans ces années 30 vouées à la crise, ne cesse de cracher sa haine des Juifs, des nègres et de Roosevelt, ainsi que son admiration pour le Japon conquérant et pour l'Allemagne nazie, s'engage dans l'U.S. Air Force en espérant montrer au monde et d'abord à ce père honni qu'il est lui-même quelqu'un.
Pilote bombardier, promu officier peu après Pearl Harbor, il prend des risques et se voit bientôt traité en héros alors que quelque chose en lui s'insurge contre cette guerre qui s'acharne, dirait-on, à tuer ses meilleurs copains. Bombardant Berlin, il ne peut s'empêcher de penser à tous ces pauvres diables qui, là-dessous, vont tout à l'heure rôtir à cause de lui dans les flammes. Seule façon de s'en tirer : blinder son coeur contre le désespoir, comme il l'a blindé au long de cette autre guerre qu'il n'a cessé de mener, des années
durant, contre son père.
Un récit bouleversant, rendu supportable par une forme unique d'humour : celui que l'on dirige contre soi quand on sait que tout est perdu. Ce qu'a parfaitement résumé Tim Cahill dans un texte saisissant : « Il aura été, parmi les écrivains de son temps, le champion de l'élégance morale : un homme capable de vous déchirer le coeur en trois mots, et l'instant d'après de vous faire pouffer de rire. Voué sa vie durant à une pauvreté ascétique haut revendiquée, cet éternel gamin aura usé son temps à ciseler ses phrases, apprécié par une étroite coterie d'écrivains et d'éditeurs éblouis par son génie discret. Ce livre, quatrième et dernier, qu'il nous a laissé en partant, est un chef-d'oeuvre. »
Récemment révélé aux lecteurs de langue française (La Ferme sur le rio Esmeralda, Le Plaisir le plus triste ,
Phébus 2002 et 2003), Thomsen, plutôt ignoré de son vivant, aura été reconnu sur le tard par ses pairs -
Wallace Stegner, Paul Theroux - comme l'un des premiers écrivains de son temps.
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Les frères Ludlow ne se ressemblent pas mais trouvent toujours le moyen de s'assembler - pour le meilleur et pour le pire.
Harry, l'aîné, est rusé et de sang plutôt vif. Il aime la mer parce qu'elle a goût de vérité, et s'intéresse aux humains parce qu'il les sait menteurs, prêts à vendre leur âme et débordants de belle imagination. Son métier - marin, mais d'esprit plutôt " corsaire " - flatte son sens de la liberté et son goût des rencontres - de toutes les rencontres. Son frère James, peintre de son état, et non sans talent, arbore quant à lui un masque plutôt froid.
Sur mer James le glacial se pose volontiers comme l'élève de son frère. A terre, les rôles s'inversent. Tous deux se retrouvent néanmoins autour de certaines valeurs : les Ludlow sont fils de gentleman.
Les deux frères, en cette année 1792 qui voit l'Angleterre aux prises sur toutes les mers avec les vaisseaux de la France révolutionnaire, sont recueillis à bord d'un navire commandé par le capitaine Carter, un maniaque de la discipline, avec qui Harry a déjà eu affaire autrefois.
Leurs échanges verbaux, maintenus dans la décence par le sens de la hiérarchie, sont d'une vachardise sans faille. Carter ne cesse de harceler Harry, de le persécuter même, cherchant visiblement à le pousser à la faute. Jusqu'au jour où l'on retrouve à bord un officier poignardé - et où James se voit désigné comme l'idéal coupable.
Harry va mener l'enquête et faire éclater la vérité : ce qui n'ira pas sans peine - car la vérité en question met en cause les moeurs de quelques marins et officiers amis des plaisirs interdits...
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La présente réédition (dans une traduction nouvelle) de ce classique absolu de l'aventure vécue est due à l'initiative de nicolas bouvier - qui n'aura pas eu le temps de l'accompagner jusqu'à son terme.
" ce n'est pas de la littérature, tenait-il à préciser, c'est peut-être mieux que ça... certains livres sont assez forts pour se passer des secours du style. " hiver 1941. une petite troupe de bagnards s'évade d'un camp russe situé tout près du cercle polaire. ils ne connaissent pas grand-chose à la géographie. ils songent " simplement " à gagner à pied l'inde anglaise : le soleil, pensent-ils, leur indiquera au moins la direction du sud.
Aucun d'eux n'est capable, sur les milliers de kilomètres qu'il leur faut parcourir - ils y mettront deux ans -, de situer le désert de gobi... que plusieurs réussiront pourtant à franchir sans provision d'eau. l'innocence, parfois, est la meilleure alliée du courage...
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La bonne grosse montagne en sucre
Wallace Stegner
- Phebus
- D'aujourd'hui Etranger
- 6 Avril 2002
- 9782859408152
Publié en 1943, c'est le premier " grand " livre de Stegner.
Celui qui le fera vraiment découvrir à une Amérique peut-être pas encore préparée à cela (Stegner parle des années 10, 20, 30 avec une franchise qui ne devait pas faire plaisir à tout le monde), mais qui lui vaudra plus tard les grandes orgues de la critique (" Superbe, inoubliable "/The New Yorker). Celui, surtout, qui le fera introniser un jour comme " le maître de la nouvelle littérature de l'Ouest ".
Bo Mason, un coriace à la jolie gueule, est persuadé que le monde, visiblement coriace lui aussi, finira par lui céder : l'Ouest n'est-il pas toujours là-bas à l'horizon, avec ses montagnes, ses trésors offerts à tous ? Nous sommes en 1905 et Bo oublie seulement qu'on vient de changer de siècle : l'heure n'est plus aux grands coeurs audacieux mais aux petits malins qui savent pousser leurs pions en douce - et au besoin graisser la patte aux flics chargés de faire régner l'ordre nouveau, celui du fric-roi.
Les lecteurs d'Angle d'équilibre ont déjà goûté au plaisir de suivre Stegner dans sa chevauchée d'une époque. Ils ne seront pas déçus. La Bonne grosse montagne en sucre, malgré son titre placide, les secouera sans trop de ménagement, les fera rire parfois, leur serrera surtout la gorge.
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Un homme de bonne famille se débarasse sans effusion de sang de son épouse devenue encombrante, pour épouser une riche héritière. Une lecture astucieuse de la loi sufit à le rendre libre. Mais les femmes, même réduites au pire, possèdent des réserves insoupçonnées de courage et de clairvoyance.
"Je vous le redis, découvrez Collins, l'ami, l'égal de Dickens". Olivier Barrot