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Rancho Bravo est un territoire sauvage de l'Ouest américain. C'est aussi un état d'esprit, une manière de concevoir la liberté, la vraie?: déguster un plat de fayots sous la nuit étoilée, se réchauffer devant une bonne flambée ou sillonner à cheval les plaines de l'Arizona. Mais Rancho Bravo, c'est surtout ce que le genre western peut produire de pire en matière de personnages?: des gangsters bas-du-front, des justiciers justiciables, des cowboys peureux et des cowgirls possessives, des militaires en manque affectif, des enfants cruels... des assureurs et des comptables.
Dans chacune des 12 histoires qui composent ce recueil, ces personnages se retrouvent malmenés sous la plume de Capron et le crayon de Blutch. L'univers du western n'est ici qu'un prétexte pour distiller un humour souvent féroce fait de scènes cocasses où l'absurde et le ridicule déclenchent l'hilarité.
Entourloupes et quiproquos, c'est le genre à la sauce parodique que les auteurs nous proposent, loin des clichés du cowboy viril et des femmes faciles du western classique de John Ford. Avec Rancho Bravo, Blutch et Capron nous serve un condensé d'humour noir qui vient dynamiter le politiquement correct, brisant au passage le manichéisme latent du genre. -
On imagine volontiers Anouk Ricard s'attabler chaque matin au bistro du coin, pour y dépouiller les Dernières Nouvelles d'Alsace ou La Provence, et traquer, à travers la presse quotidienne régionale, le crime crétin et le drame dérisoire.
Sa fantaisie se met alors au travail. Elle fait dérailler l'anecdote, l'envoie brinqueballer sur les chemins de traverse de la réalité, à la rencontre d'une conclusion, lamentable et loufoque dans sa logique même. Ces histoires courtes retrouvent l'humour anarchiste des récits en trois lignes de Félix Fénéon ou des détournements de Gabriel de Lautrec, basés eux aussi sur les faits divers.
La ménagerie de l'artiste peut sembler enfantine. Méfiez-vous des apparences. Le canard bleu, le cheval jaune ou le chien myope renvoient l'image d'une humanité mesquine, ridicule et pas au mieux de sa forme. Aussi empotés que décalés, les personnages de Faits divers prouvent de façon hilarante que le crime ne paie pas, du moins s'il est commis par des imbéciles.
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Dans un Japon médiéval peuplé de créatures étranges, la guerre entre deux clans menace. Pour éviter que cela ne dégénère, un jeune ninja aux talents extraordinaires est missionné pour infiltrer le camp adverse et s'emparer de la flèche, seul indice de l'accident qui a mis le feu aux poudres, exposer le félon qui en est responsable aux yeux de son camp, et mettre un terme à l'escalade...
L'univers de Gari gari convoque précisément les codes du chanbara, tels qu'on peut les retrouver dans les films d'Akira Kurosawa, mais déformés par la vision fantasmée et absurde d'un Japon « micolien?», peuplé de batraciens géants, de poissons mutants et autres yôkai anthropomorphes?; une source d'inspiration de l'auteur depuis toujours. Le récit, entièrement muet, laisse le loisir à l'oeil de se perdre dans ces entrelacs graphiques et se percuter aux cadrages vertigineux des scènes de combats aériens.
Une nouvelle fois, Hugues Micol se réinvente, par un dessin fait de pleins et de déliés, dans cette aventure haletante, jubilatoire et ambitieuse, de 174 planches. Lui qui nous avait habitué à ses masses noires d'encre de Chine nous bluffe une nouvelle fois par un dessin renversant, fourmillant de détail. Inattendu. Seuls les grands auteurs sont capables de telles révolutions. -
En 1919, dans le sud de la France, la guerre s'éloigne, le temps du retour a sonné. Mais les trains rapportent au pays autant de soldats que de tragédies. Les familles Rateau et Chaton attendent de revoir leurs hommes engagés sur le front. À l'ombre des arbres du grand jardin, l'espérance est un poison qui étouffe les coeurs. Seuls Alphonse Rateau, le mari de la narratrice, et Paul, le fils des voisins, reviennent vivants.
En apprenant la mort de son père, le petit René entreprend de construire un gigantesque toboggan dans la maison familiale. Sans le savoir, il va affecter la cohérence de cet univers. Les deux familles ne tardent pas à assister à d'étranges événements. Un ptérodactyle fait son apparition dans le ciel et des fantômes arpentent soudain les chemins du parc. Un jour, René découvre que son toboggan ouvre des fenêtres temporelles. Et si cette invention pouvait apaiser les blessures et les déchirements?? Et si les traumatismes de la guerre pouvaient être effacés par la puissance salvatrice de la vie??
Antoine Cossé donne avec Le retour un livre de la maturité. Son dessin jouant des clair-obscurs fait ici merveille, dévoilant des émotions que les personnages répriment. Plongeant ses protagonistes dans les rouages d'une machinerie fantastique propre à libérer les âmes, il croise les destins d'individus confrontés au deuil et à la perte de sens dans une fresque intimiste poignante. -
On imagine volontiers Anouk Ricard s'attabler chaque matin au bistro du coin, pour y dépouiller les Dernières Nouvelles d'Alsace ou La Provence, et traquer, à travers la presse quotidienne régionale, le crime crétin et le drame dérisoire.
Sa fantaisie se met alors au travail. Elle fait dérailler l'anecdote, l'envoie brinqueballer sur les chemins de traverse de la réalité, à la rencontre d'une conclusion, lamentable et loufoque dans sa logique même. Ces his- toires courtes retrouvent l'humour anarchiste des récits en trois lignes de Félix Fénéon ou des détournements de Gabriel de Lautrec, basés eux aussi sur les faits divers.
La ménagerie de l'artiste peut sembler enfantine.
Méfiez-vous des apparences. Le canard bleu, le cheval jaune ou le chien myope renvoient l'image d'une huma- nité mesquine, ridicule et pas au mieux de sa forme. Aussi empotés que décalés, les personnages de Faits divers 2 prouvent de façon hilarante que le crime ne paie pas, du moins s'il est commis par des imbéciles.
Dans ce deuxième tome, toujours aussi haut en cou- leur, Anouk Ricard s'est remise à table pour nous rassa- sier en anecdotes croustillantes d'ordinaire.
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Entre récit d'émancipation et ode à la nature, Grand cormoran nous convie sur les bords d'un fleuve aux côtés d'une âme esseulée qui se découvre un beau matin, une passion pour les oiseaux. De l'observation prudente à la fascination, le coeur brisé trouve peu à peu le réconfort qu'il cherche dans la contemplation de ses animaux libres de toutes frontières.
À l'écart du brouhaha de la ville, les aigrettes échangent des civilités sous les rires moqueurs des mouettes, alors que le merle se cache pour muer loin des regard indiscrets. Au sein de ce microcosme parfaitement orchestré, chaque volatile joue un rôle auquel on ne peut s'empêcher de s'identifier. Un lien sensible se tisse alors, une amitié silencieuse entre oiseau et humain, qui s'offre au regard. Ce spectacle sauvage et harmonieux était donc là depuis toujours, il fallait simplement prendre le temps d'y assister.
Avec toute la poésie qu'on lui connaît, Delphine Panique nous immerge dans une histoire délicieusement mélancolique, où le deuil amoureux laisse peu à peu la place à un sentiment de plénitude. Cet apprentissage de la solitude s'accompagne d'une satisfaction simple et universelle, celle de s'émerveiller à tout âge pour mieux se guérir de la dépendance aux autres.
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Calfeutré dans l'atmosphère moite de son appartement, un homme nu est avachi devant sa télévision. Les sacs poubelles jonchent le sol, les objets s'accumulent, l'espace se rétrécit. Seul sur son îlot de déchets, l'homme semble coupé du monde depuis une éternité. Mais voilà qu'un matin, il disparaît pour de bon... Quelques semaines plus tard, une équipe de nettoyage est envoyée sur place pour vider les lieux. Parmi les agents, Adel, effectue son premier jour dans l'entreprise. Très vite, le jeune homme ne peut s'empêcher de s'interroger sur les raisons qui ont poussé le dernier locataire à un tel isolement. Une curiosité imprudente qui l'amène à s'identifier dangereusement au mystérieux occupant.
Dans cette bande dessinée, Jérôme Dubois s'intéresse au phénomène hikikomori, un état psychologique qui pousse certaines personnes à vivre cloîtrées dans leur chambre pendant des mois, voire des années. Ce point de départ sert de socle pour questionner notre rapport aux présences invisibles et à la mémoire des lieux. La gamme chromatique du livre, faite de rouge/vert/bleu, accentue ce jeu entre espace intérieur et extérieur en convoquant un regard sur le monde qui ne passe que par les écrans. De l'ensemble naît une atmosphère aussi lumineuse que pesante, presque irréelle, à l'image du fantôme par les yeux duquel nous suivons une partie de l'histoire.
Jérôme Dubois signe avec Immatérielune oeuvre somptueuse et métaphysique en réussissant le pari osé de mettre des images et des mots sur l'invisible. -
Nous sommes au début des années 1930, dans une petite ville de la côte ouest du Japon.
NonNonBâ, une vieille dame misérable, mystique et superstitieuse, est accueillie dans la famille du jeune Shigeru. Encyclopédie vivante des croyances et légendes populaires de la région, elle abreuve l'imaginaire déjà débordant du petit garçon d'histoires de monstres et de fantômes. Les yôkaï, ces créatures surnaturelles qui peuplent l'univers des hommes, deviennent vite les compagnons de rêverie quotidiens de Shigeru, qui trouve en eux d'excellents guides pour visiter les mondes invisibles.
Si ces voyages l'aident à fuir et à comprendre les émotions parfois compliquées qui naissent dans son coeur, ils embrouillent aussi considérablement sa vie quotidienne: il est déjà bien assez difficile de savoir à qui se fier sans que des monstres bizarres et malicieux viennent s'en mêler... En conjuguant le ton de la chronique et les ambiances fantastiques qui ont fait sa réputation depuis Kitaro le repoussant (également publié aux éditions Cornélius), Shigeru Mizuki livre avec NonNonBô une oeuvre aussi touchante qu'exigeante.
S'inspirant des jours heureux de son enfance, il écrit la partition universelle du temps qui passe, du bonheur éphémère et de l'urgence de vivre, laissant à ses lecteurs le souvenir impérissable des rivages de Sakai-minato et réveillant pour chacun d'eux les accords précieux des nostalgies les plus intimes.
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Que se passe-t-il dans la tête de Nicole Claveloux lorsqu'elle s'endort ? Il y a d'abord Loïc Lalune, le chef décorateur de l'imagination, Lili et Zizi Frisson spécialistes des sensations ou encore Madame Reine Bancale, experte de la mémoire en charge des archives et bien sûr la Grande directrice, Nicole Claveloux elle-même. Mais voilà qu'une belle nuit débarque Charles Chaposec, responsable discernement du département «Logique et raison», un homme rigide qui souhaite effectuer un contrôle de gestion dans le secteur des rêves. Et c'est ainsi que notre joyeuse bande s'embarque dans un voyage haut en couleur au pays des songes et des cauchemars...
Plus de quarante ans après sa dernière bande dessinée, Nicole Claveloux reprend du service et livre une oeuvre d'une richesse incroyable. Jonglant avec brio entre différents styles de narration, l'artiste joue avec les limites du cadre, déforme les phylactères et convoque des apartés avec le lecteur pour jouer de la mise en abîme. Elle n'a rien perdu de son goût pour le baroque et son dessin conserve l'impact et l'étrangeté qui ont fait sa réputation.
Les personnages, tous présents dans le cerveau de la narratrice, représentent chacun un pan de la personnalité humaine. À travers eux, Nicole Claveloux nous parle du culte de la performance, du lien entre l'artiste et son oeuvre et de l'importance d'écouter ses émotions. Tout en conservant son trait si particulier rempli d'humour malicieux et d'onirisme, elle offre avec ce livre une ode à l'imagination et à la fantaisie, et ouvre au passage une véritable réflexion sur la création et le métier d'artiste. -
Shigeru Mizuki est né en mars 1922 à Sakai-minato, petite ville côtière du sud-ouest du Japon. Il connaît dans cette province tranquille une enfance libre et heureuse, période faste dont il s'inspirera à de nombreuses reprises dans ses mangas. Très tôt, il montre des aptitudes étonnantes pour le dessin, talent encouragé sans réserve par ses parents. Il a à peine vingt ans lorsque la guerre du Pacifique vient interrompre ses espoirs de carrière.
Enrôlé dans l'armée impériale japonaise, il est envoyé dans la jungle de Nouvelle-Guinée, où il va vivre un véritable cauchemar: il contracte rapidement la malaria, assiste à la mort de ses camarades et perd le bras gauche dans un bombardement... Détenu sur place à la fin de la guerre, il se lie avec les membres d'une tribu locale, amitié qui le sauvera de la famine, de la maladie et de la folie. Ce n'est finalement qu'en 1957, après une vie déjà trop riche de souvenirs et de blessures, qu'il entame la carrière de mangaka qui a fait de lui l'un des plus grands raconteurs d'histoires de son pays.
Auteur singulier et généreux, il ne cesse d'explorer tout au long de son oeuvre les univers qui se cachent derrière notre monde pour mieux dire sa profonde compréhension de l'âme humaine, et communiquer à ses lecteurs l'empathie qu'il éprouve pour toutes les formes de vie. Après NonNonBâ et Opération Mort (Fauves du Meilleur Album et du Patrimoine en 2007 et 2009 au festival d'Angoulême), les éditions Cornélius présentent avec Vie de Mizuki un autre chef-d'oeuvre et une nouvelle facette de ce géant du manga.
Le succès sans commune mesure de la bande dessinée au Japon, son ancrage dans la société, sa forme unique et ses thèmes de prédilection, s'expliquent une fois placés en regard de l'Ere Showa (1926-1989). Les biographies des pionniers du manga, de Vie et Mizuki de Shigeru Mizuki à Une vie dans les marges de Yoshihiro Tatsumi, témoignent autant de l'explosion d'un art populaire que de cette période parmi les plus complexes de l'histoire du Japon.
La Vie de Mizuki rappelle qu'en un peu plus d'un siècle, cet archipel presque exclusivement constitué de villages de pêcheurs s'est mué en l'une des plus grandes puissances industrielles mondiales. Entre-temps, un élan de modernité et de nationalisme a emporté ses hommes vers la guerre, avant de rapatrier les survivants sur une terre occupée, en perte d'identité, en marche d'industrialisation forcée, démunie de son armée et de son besoin de produire de l'énergie.
Cette société qui n'aurait plus besoin de se défendre ni de se nourrir allait accoucher d'une forme d'expression naturellement enfantine, mais d'une richesse indéniable: le manga. Shigeru Mizuki, cet artiste qui a ressuscité le goût du folklore au Japon, incarne plus que quiconque cette édifiante réaction artistique face au poids de l'Histoire: celle d'un homme qui a perdu un bras au combat et rentre dans son pays pour donner vie à un courageux fantôme à qui l'on a volé un oeil.
Récit d'un destin hors du commun, témoignage unique sur la mutation d'un monde, Vie de Mizuki est une extraordinaire fresque romanesque qui embrasse un siècle de chaos et d'inventions.
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Depuis plus de quinze ans maintenant, Éric Veillé s'évertue à traquer le sens de la vie dans les interstices du quotidien. Armé de son carnet de notes et de ses lunettes carrées, il fouille la tristesse des autres, observe les fesses des conifères, perquisitionne les chamois et interroge les clémentines qui chialent. Dans ce nouvel opus, il nous livre les conclusions de cette enquête au long cours et son verdict est sans appel : non content d'avoir des frères, le sens de la vie se multiplie.
Parcourant les cinq coins de l'humanité, Éric Veillé constate, documente, analyse et interroge. Il livre dans cet ouvrage près de 80 chroniques inédites, qui dévoilent toute la nature profondément prolifique et extrêmement contagieuse du sens de la vie. Alors, si vous vous retrouvez un beau jour à boire une mauresque sur les bords du lac Léman en compagnie de la brigade des moments suspendus, vous ne pourrez plus dire qu'on ne vous avait pas avertis. -
Depuis de nombreuses années, Pierre La Police rédige une chronique mensuelle pour le magazine So Foot, la seule revue à avoir réussi la jonction entre l'humour et le football, attirant des lectrices et des lecteurs plus sensibles à la rigolade qu'aux différentes techniques de flocage de maillots.
Se basant sur les travaux de généticiens, linguinistes et footballogues, ces billets offrent du football une image bien balancée : il y a du bon et du moins bien.
Après deux volumes parus respectivement en 2014 et 2018, les éditions Cornélius renouvellent l'essai et publient un troisième recueil qui ravira autant le néophyte, pour qui la formule «?dribble bordel?!?» est aussi obscure qu'un almanach des marées en araméen, que l'aficionado qui déchiffre couramment les points presse de Didier Deschamps.
Ils trouveront ici tout ce qu'ils doivent savoir sur l'apparition de Raymond Domenech dans une pizza, les drones de surveillance gynécologique ou le short anti-émeutes. Pierre La Police n'évite pas les questions qui fâchent?: violence, dopage, «?saucisme?» ou cruauté envers les aquariophiles, et leur apporte une réponse ferme et définitive?: c'est malheureux mais c'est comme ça. -
Le mangaka évoque les difficultés du métier à travers sa propre expérience. Il raconte ses années de galère pour percer dans le milieu, son retour en Nouvelle-Guinée et la nostalgie du bonheur dans un Japon en pleine expansion économique et culturelle.
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Qu'est-ce que l'Art, en vérité?? On en parle à toutes les sauces. On l'étudie parfois, comme on ausculte un animal. On l'envisage aussi comme un placement, plus fructueux que la pierre. Parfois même, on espère devenir l'un de ces artistes qui défraient la chronique des décennies durant. Mais en dehors de ça, à quoi sert l'Art??
Willem fait table rase des académismes et refuse de se laisser entraîner dans d'aussi futiles considérations.
Depuis la nouvelle édition très largement augmentée de ses Aventures de l'Art en 2019, Willem poursuit son état des lieux de l'Art et des artistes du 19e au 21e siècle. Toujours replacées dans leur contexte par la verve malicieuse et encyclopédique de Willem, ces anecdotes, réelles ou inventées, constituent la tentative la plus caustique et synthétique pour dresser un état des lieux de la création artistique depuis la fin de l'impressionnisme jusqu'à nos jours.
De ce panorama surgit, entre deux éclats de rire, la réponse à notre question initiale. À quoi sert l'Art?? À garder les yeux ouverts, tout simplement?! -
Mizuki pose une question aujourd'hui encore sans réponse : qui était Hitler ? Pour circonscrire cet effrayant mystère, il convoque les avatars du Führer : l'étudiant famélique, le caporal bavarois, l'agitateur politique, le chancelier du Reich, le chef de guerre.
De la synthèse de ces images multiples et contradictoires naît un personnage rusé et naïf, cabotin et cruel, inquiétant et ridicule, silhouette dérisoire qui sifflote, enrage, pleure et répète : "Mon empire durera mille ans". Son expression se concentre dans ses moustaches et dans un regard, tour à tour hypnotique comme celui de Mabuse, ou mouillé comme celui en battu. Pour décor, le mangaka use de photos d'archives, qui soulignent la froide réalité de la tragédie mais créent aussi l'ambiance expressionniste et angoissante d'une Allemagne hantée, possédée, où rôde la Mort montée sur son cheval pâle.
Claier et didactique, cette biographie déroule les étapes d'une catastrophe implacable, rythmée par le bruit des bottes. Si elle reproduit parfois la légende hitlérienne, noire ou dorée, elle évite de diaboliser son sujet, qui demeure humain, trop humain. Terré dans son bunker, l'artiste frustré meurt sous l'écroulement de son oeuvre, le Reich de mille ans. Il n'est plus qu'un cadavre anonyme parmi des millions d'autres.
Le charnier de l'Histoire engloutit les victimes et leurs bourreaux. Les ruines de Berlin font écho à celles de Hiroshima ou de Nagasaki. La folie de Hitler est celle d'un homme, de tous les hommes.
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Francis Tome 1 : Francis, blaireau farceur
Claire Bouilhac, Jake Raynal
- Cornélius
- Delphine
- 29 Août 2013
- 9782360810703
Une véritable ode à la nature : Francis, blaireau mâle de forte taille et de caractère impulsif, vit la nuit et se promène dans la campagne dans la journée.
Les conséquences de cet acte inconsidéré sont toutes présentes dans ce livre instructif.
Nouvelle édition considérablement augmentée.
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Cinq ans durant, l'ami des bêtes et mampion de karting Pierre La Police a donné des dessins d'humour au magazine 50 Foot. Se basant sur les travaux de généticiens, paleonutritionnistes, géologues racistes et mimistes mexicains, ils offrent du football une image bien balancée : il y a des avantages et des inconvénients.
A l'occasion de l'Euro 2012, les éditions Cornélius en publient opportunément une compilation qui ravira aussi bien le néophyte, pour qui la formule « dribble bordel» est aussi obscure qu'un almanam des marées en araméen, ou l'aficionado qui démiffre couramment le Ribéry.
Ils y trouveront tout ce qu'ils doivent savoir sur la cuisse de Ronaldhino, la casquette de Pirès, ou, Dieu leur pardonne, le sperme de Cantona. Pierre La Police n'évite pas les questions qui fôment, violence, dopage, racisme ou cruauté envers les canaris, et leur apporte une réponse définitive: c'est malheureux mais c'est comme ça.
Encore une fois Cornélius met au fond du filet ! Goal ! Goal !
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Fraîchement débarqué dans une ville étrange, un jeune homme trompe son ennui comme il peut dans son minuscule studio de banlieue aux allures de cellule de prison. Lorsqu'il surprend à sa fenêtre une conversation téléphonique évoquant une fête qui se tiendrait dans le secteur, il saute sur l'occasion et suit aveuglément le mystérieux bellâtre qui l'embarque à l'arrière de sa moto. Arpentant la ville à toute vitesse, les deux jeunes hommes traversent la nuit jusqu'aux confins les plus reculés de la cité, là où tout peut arriver.
Dans cette histoire qui entremêle le réel au fantastique, Henri Crabières nous emporte dans une course effrénée semée d'embûches. L'auteur joue avec les contraste et oppose un trait souple et détendu, à une issue inattendue de l'histoire, où la légèreté laisse place à un déferlement de violence inouï et inexpliqué.
Avec ce livre, Henri Crabières entraîne le lecteur dans un univers urbain aussi familier que dérangeant avant de le sécher d'un coup de poing dans l'estomac et lui couper le souffle. -
Francis Tome 3 : Francis cherche l'amour
Claire Bouilhac, Jake Raynal
- Cornélius
- Delphine
- 29 Août 2013
- 9782360810727
Depuis le premier tome des aventures de Francis, les adeptes du Blaireau Farceur se sont multipliés comme des hamsters.
Dans ce troisième opus, notre ami est de retour dans la campagne, mais en chasse, cette fois. Une quête ingrate et passionnée.
Et toujours une nouvelle édition considérablement augmentée.
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Seymour, 27 ans, d'origine irakienne, est monteur dans le cinéma du Hollywood des années 1970. Films de série B, bandes annonces... il n'est que simple exécutant au sein des studios Revery. Or, Seymour se rêve cinéaste, et espère qu'il pourra bientôt réaliser son premier projet, Blood of the virgin, un film de loup-garou qu'il a presque fini d'écrire. Lorsqu'on lui propose enfin de le produire, le budget alloué est minime, on lui en refuse la direction et il s'en retrouve très vite complètement dépossédé. Perpétuellement rabroué lors des conflits avec ses collaborateurs et leurs egos, Seymour traverse en même temps une crise dans son couple, fragilisé depuis la naissance de leur fils.
Tout semble lui échapper à mesure qu'il s'accroche. Seymour évolue dans un système qui broie les individus, les rend fous ou désabusés. Dans un monde où les apparences deviennent identités et les vérités avancent sous le masque du non-dit, il n'a pas d'autres choix que de partir en quête de lui-même et de la femme qui partage sa vie.
Cette histoire captivante et profonde sur le désenchantement du rêve hollywoodien s'enrichit de digressions géographiques et temporelles, de changements de points de vue et d'un découpage nerveux et cinématographique.
Sammy Harkham réussit avec brio à nous plonger dans le quotidien de ses personnages, dont la sensibilité et l'imperfection provoquent immédiatement l'attachement. -
Depuis quinze ans, Pierre La Police donne des chroniques au magazine So Foot, la seule revue à avoir résussi la jonction entre humour et football. Se basant sur les travaux de généticiens, paléonutritionnistes, ingénieurs des pieds et chimistes mexicains, ces bil- lets offrent du football une image bien balancée : il y a des avantages et des inconvé- nients.
À l'occasion de le Coupe du Monde 2018, les éditions Cornélius en publient opportu- nément une compilation qui ravira aussi bien le néophyte, pour qui la formule « dribble bordel ! » est aussi obscure qu'un almanach des marées en araméen, ou l'aficionado qui déchiffre couramment le Ribéry.
Ils y trouveront tout ce qu'ils doivent savoir sur les microbes dans les maillots de foot, le match Boston/Picardie ou encore, la violence dans les stades. Pierre La Police n'évite pas les questions qui fâchent : règles, dopage, racisme ou cruauté envers les aquario- philes, et leur apporte une réponse définitive : c'est malheureux mais c'est comme ça.
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Un jeune homme dans son lit, un pansement sur la tempe. Doug se lève et suit son chat noir, Inky - pourtant mort depuis des années - et se laisse entraîner de l'autre côté du miroir. Que s'est-il passé ? Une soirée punk, un concert, William Burroughs, une jeune femme nommée Sarah, des polaroïds, un amant jaloux... À grand renfort d'ellipses, Charles Burns fait voler en éclats nos repères spatio-temporels, multiplie les allers-retours entre rêve et réalité, nous place un foulard sur les yeux, nous fait tourner sur nous-mêmes et nous laisse seuls dans un pays inconnu, juste après le déluge. Inspiré par des influences aussi diverses que Hergé ou Burroughs, Toxic est un rêve sombre et fascinant.
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Le 25 juin 2005, lassé d'attendre que son pantalon se défroisse, Éric Veillé décide de partir à la recherche du sens de la vie. Équipé d'un carnet à dessin et d'une paire de lunettes, il mène sa quête entre Pornic et Le Pouliguen.
Se faufilant entre boulimiques en anorak et Nadine habituelles, il recueille chuchotis, grommelots et ronchonnages dans de petits sachets. Ce qu'il découvre alors est édifiant... Les sacs ont leur propre langage, certaines femmes donnent leur corps à la soupe et la moutre du sud est en voie de disparition.
Sous ses yeux, une humanité doucement abrutie profite de l'absence du chef pour siffler au bureau, grignote de petits apéritifs en papotant et attend la mort pour pouvoir dire : « Ah, la voilà ». Les hommes ressemblent parfois à Gérard Jugnot. Ils portent souvent une moustache à la place d'un prénom et regardent leurs semblables mâcher de la nourriture. Ce n'est pas passionnant mais ça change.
L'ennui se glisse dans les plis de la peau et pour se distraire d'un quotidien au goût de francfort industrielle, on évoque les mauvais moments ou les meilleurs, qui sont d'ailleurs les mêmes. On parle, on parle et un jour ça s'arrête.
On se rend compte, alors, que pour le sens de la vie, il fallait prendre la sortie d'avant. De toute façon, à cause des bouchons, on ne serait pas revenu à temps pour le dîner.
Un livre hilarant, qu'on glisse facilement dans la poche pour l'avoir toujours sous la main en cas de morosité passagère ou de vague à l'âme compulsif.