Noires Terres
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Certaines villes sont françaises depuis plus de mille ans : Chartres, Paris, Orléans, Reims, Tours... Identité incontestable, noms qui sentent bon la France éternelle, fiefs nationaux enracinés, en général, autour de leur imposante cathédrale à partir de laquelle ils développèrent le réseau étoilé de leurs rues. A Lille, ce n'est pas pareil... Nous sommes à la frontière, aux confins septentrionaux de l'Hexagone. Une frontière, qui, de plus, est géographiquement tout ce qu'il y a de théorique, car ici, c'est le « plat pays », où les monts sont des collines et les fleuves de tranquilles canaux. Terre de passages, de contacts, d'échanges paisibles ou violents : dès le Moyen Age, la vocation de Lille a été commerciale. Et aujourd'hui, en sautant les siècles, à moins d'une heure de Paris, d'une demi-heure de Bruxelles, à une heure quarante de Londres ou d'Amsterdam, la ville est devenue le centre d'une métropole tentaculaire de plus d'un million d'habitants, la quatrième de France, au coeur de cette Europe du Nord vouée au négoce et aux affaires. Ville-frontière, ville-carrefour c'est la diversité et la nouveauté constantes qui constituent son identité. Cette diversité est partout visible pour le promeneur attentif, car sous les sages alignements apparents de ses rangs de maisons, et l'unité du matériau qui les compose : la brique, la ville est une véritable mosaïque d'architectures...