Entre la fin du XVe et le milieu du XVIe siècle, Florence et Rome voient fleurir une multitude de peintures majeures représentant le Christ mort. De Botticelli à Vasari, en passant par les chefs-d'oeuvre de Raphaël et Pontormo, ces magnifiques scènes de Lamentation demeurent largement incomprises. Où les voyait-on ? Qui furent leurs promoteurs ? Plus généralement, comment la recrudescence de ces thèmes en Italie centrale peut-elle se révéler utile pour éclairer un tournant capital dans la création et dans l'histoire des mentalités européennes à la Renaissance ? Telles sont les questions débattues dans ce volume. En transgressant le cadre des études iconographiques stricto sensu à la faveur d'une approche interdisciplinaire, il s'agit d'analyser les déclinaisons visuelles d'un sujet universel tel que la mort du Christ comme un véritable phénomène historique. Dès lors, rien d'étonnant à ce que l'étude des formes et des styles croise sans cesse des interrogations fondamentales sur les conditions d'exposition et de visibilité, ainsi que sur l'histoire de la piété et des institutions italiennes à la veille de la séparation radicale entre les catholiques et les protestants. Entre anthropologie du sacré, réseaux de mécénat inédits et affaires diplomatiques de haute volée, l'ouvrage livre ainsi une réflexion stimulante sur la spiritualité, la culture et les transformations politiques propres à un territoire et à une période qui comptent parmi les plus fertiles - mais aussi parmi les plus tourmentés - de l'histoire et de l'art de l'Europe moderne.
La reproduction à l'identique de l'album Meuricoffre, acquis par le Louvre en 2018, est une belle occasion de feuilleter l'un des deux seuls carnets de portraits attribués à ce jour à Antoine Jean Gros (l'autre étant en collection particulière).
Précieux témoignage de l'activité de Gros comme portraitiste en Italie (1793-1800), il illustre la relation privilégiée que le peintre entretint à Gênes avec la famille du banquier franco-suisse Jean-Georges Meuricoffre (1750-1807) et de son épouse, la célèbre chanteuse d'opéra Celeste Coltellini (1760-1828). Cette dernière, à qui l'album appartenait, est sans doute l'auteur de plusieurs dessins du carnet, exécutés sous l'influence du maître. La belle galerie de portraits, dressés dans l'intimité de cette famille, restitue les physionomies de représentants de la haute société franco-suisse alors en rapport les Meuricoffre et, par leur biais, avec Gros.
L'étude qui accompagne la publication du carnet révèle l'identité, jusqu'alors inconnue, de ces personnages. Une description matérielle de l'album, support scientifique indispensable à sa compréhension, complète le propos. LA COLLECTION DU MUSÉE DU LOUVRE :
De Jacopo Bellini à Eugène Delacroix, six cents carnets d'artistes et albums de collectionneurs, conservés au musée du Louvre, permettent de mieux comprendre le processus créatif des maîtres qui les ont exécutés et d'apprécier le goût des amateurs qui se sont attachés à les constituer. Ces oeuvres précieuses et fragiles demeurent pour la plupart méconnues. Certaines d'entre elles, reproduites pour la première fois dans leurs dimensions d'origine, accompagnées d'une étude inédite, invitent désormais le public le plus large possible au plaisir de la découverte.
Le peintre admirable du Sommeil d'Endymion, de la Mort d'Atala et du Portrait de Chateaubriand fut aussi poète. Formé aux hu- manités classiques dans sa jeunesse, il est l'auteur de libres traductions de poètes antiques grecs (Alcée, Sappho...) et latins (Catulle, Claudien, Martial). En 1808 il entreprit l'imitation et illustration des Odes d'Anacréon, dont l'édition fut posthume. Le musée du Louvre conserve le précieux manuscrit du premier état de ce travail intense et foisonnant, dans lequel s'entremêlent la recherche poétique et l'invention des images - compositions ou vignettes - en regard du texte.Seul un fac-similé pouvait restituer ce tout organique dans son intégrité.
L'étude qui l'accompagne retrace l'histoire du manuscrit, les différentes étapes du projet d'édition et des versions posthumes, et analyse les sources esthétiques de l'artiste. L'écriture de Giro- det est parfois difficile à déchiffrer mais la transcription intégrale jointe à l'étude permet au lecteur d'en apprécier toutes les subtilités et de retrouver le charme de la poésie anacréontique.
Ce précieux livret d'inspiration japonaise recèle la quintessence de l'art d'être chat : un traité d'éthologie et de pensée féline déployé en 24 planches exceptionnelles.
Intellectuel raffiné et conseiller éditorial chez Officina Libraria, le chat Padamu a accepté de dévoiler l'ordinaire de l'une de ses journées, exemplaire...
Il s'est laissé portraituré sur le vif, heure par heure, et saisir par le crayon mordant de Jack Tow. Un portrait tout en majesté et élégance, dans les poses les plus (ou les moins...) plastiques.
Chaque moment, croqué par un dessin, est rehaussé par un aphorisme de Padamu traduit du miaou par Paola Gallerani qui, forte de sa compétence en matière d'idiome félin et de sa connaissance intime de son « collègue », a restitué toute sa sagesse et sa sagacité.
Le temps qui se déroule ici fait figure de véritable philosophie féline. L'art d'être chat, comme un art d'être...
Quelques exemples :
- « J'ignorais qu'il m'était interdit de grimper sur la bibliothèque mais maintenant que je suis informé je vais pouvoir... l'ignorer ».
- « L'empreinte de mes pattes sur ton dessin...
Il faut savoir apprécier mon art ».
Dès la fin du xixe siècle, lorsque Steinlen crée la célèbre affiche de la Tournée du Chat noir, les chats de Paris seront à l'honneur chez les peintres, les écrivains et les artistes en général. Parmi ceux-ci, Lila De Nobili (1916-2002), peintre, scénographe et costumière, occupe une place importante. En 1945 elle s'installe à Paris, sur la Rive gauche, qu'elle ne quittera plus. Elle peint et dessine des décors pour de nombreux théâtres, notamment la Scala de Milan, l'Opéra de Paris et le Covent Garden. À la demande des directeurs et des metteurs en scène les plus réputés, elle crée des costumes de scènes pour des célébrités telles que Maria Callas, Édith Piaf, Audrey Hepburn et Ingrid Bergman.
Après mai 68 elle décide de se consacrer exclusivement à la peinture, collaborant à différentes décorations murales avec l'architecte Renzo Mongiardino, et elle adopte son premier chat, qui partagera son appartement rue de Verneuil. La famille féline s'agrandit rapidement et Lila ne se lasse pas de la croquer, réalisant esquisses, dessins, ébauches et aquarelles.
Dans les dernières années de sa vie, Lila fait cadeau à une amie, elle aussi amoureuse des chats, de la plupart de ces oeuvres tout en profondeur et en délicatesse ;
Aujourd'hui cette extraordinaire collection est devenue un livre.
Cet ouvrage nous entraîne dans l'histoire du palais Médicis Riccardi, l'un des édifices les plus importants de la ville de Florence, et de ses richesses artistiques. Au fil des pages nous prendrons connaissance des événements qui ont conduit à la naissance du bâtiment - par la volonté de Cosme de Médicis et sur un projet de l'architecte Michelozzo - et de son évolution dans le temps, de l'âge d'or de la Renaissance au passage à la famille Riccardi au XVIIe siècle, jusqu'à son achat par l'administration provinciale florentine et à sa destination actuelle.
Le texte propose ainsi un voyage fascinant à la rencontre des lieux, des personnages et des époques, nous offrant des clefs pour comprendre l'histoire d'un palais qui touche à la légende et pour apprécier les célèbres chefs-d'oeuvre qu'il abrite, tels la somptueuse chapelle des Mages, ornée de fresques dues au pinceau magistral de Benozzo Gozzoli (milieu du XVe siècle), et la galerie des Glaces voulue par les marquis Riccardi, dont la voûte a été décorée par le peintre napolitain Luca Giordano (fin du XVIIe siècle).
Le livre, enrichi de nombreuses illustrations, accompagne le lecteur pas à pas dans sa découverte des merveilles du palais, des façades extérieures à l'harmonieuse cour intérieure, en passant par le jardin et le parcours archéologique en sous-sol, pour ensuite gravir l'escalier monumental qui mène à l'étage, où se trouvent la chapelle des Mages et la galerie des Glaces, mais aussi le salon de Charles VIII et plusieurs autres pièces dont la magnifique salle des Bas-reliefs.
Giotto (vers 1267 - 1337) fut le principal artisan du renouveau de la peinture occidentale depuis l'Antiquité. Cette manifestation n'a pas l'ambition d'apparaître comme une rétrospective du grand maître florentin - de toute façon irréalisable compte tenu du caractère inamovible de plusieurs de ses oeuvres maîtresses, fresques, croix peintes ou grands retables...
Mais entend, à partir d'un choix de pièces significatives, mettre en évidence son apport intellectuel et plastique, aborder également des questions telles que l'organisation de son atelier, la fonction matérielle et liturgique de ses panneaux peints, le rayonnement de son art...
Tout à fait représentatifs des différentes phases de sa production et de la variété de celle-ci, trois tableaux du Louvre constituent le point de départ de cette manifestation : le grand Saint François d'Assise recevant les stigmates en provenance de l'église San Francesco de Pise, une création signée de ses débuts, la monumentale croix peinte, souvent négligée par les spécialistes de l'artiste en raison de son mauvais état de présentation, mais aujourd'hui soumise à une restauration fondamentale, la remarquable Crucifixion acquise par le musée en 1999, qui permet d'envisager l'activité du peintre et celle de ses disciples à Naples autour de 1330, son influence sur le plan formel et iconographique par-delà les Alpes, favorisée par les liens étroits entretenus par les Anjou de Naples avec leurs cousins français.
D'autres oeuvres prestigieuses en provenance de collections françaises et étrangères - dessins, manuscrits, tableaux - viendront compléter la présentation de cet immense artiste dont le génie fut aussitôt salué par ses contemporains, Dante le premier.
Dans l'antiquité classique romaine les premiers «?recueils?» de modèles à imiter étaient grecs et l'un des moyens les plus sûrs et les moins onéreux pour le rejoindre parfaitement devaient s'offrir aux artistes sous la forme de statues de plâtre moulées, modestes relais des valeurs éthiques tant convoitées.
A l'époque moderne, ces mêmes valeurs recherchées, qu'elles soient morales ou politiques, renouvellent ces gestes d'appropriation de l'Antique par la constitution d'une repertoire semblable présenté dans la salle des Antiques du Roi au Louvre.
A partir du 7 novembre 2019, l'Académie de France à Rome - Villa Médicis -, pensée autour de cette idée, et le musée du Louvre, parents donc par nature, conjugueront leurs oeuvres pour presenter une exposition autour de l'appropriation de l'Antiquité en France, puis en Europe.
Adossées à leurs collections respectives, et aux résultats de vastes campagnes de restaurations conduits depuis plus d'une décennie, les deux institutions sont en effect aujourd'hui en mesure de restaurer la mémoire de ces oeuvres et d'écrire de belles pages de la transmission des modèles et de la creation française du XVIIe au XXe siècle, richement illustrés dans le present ouvrage.
Les feux d'artifices, sous l'Ancien Régime, participent de l'univers des fêtes : célébrations de naissances et de mariages royaux, de couronnements, de traités de paix ou de visites diplomatiques. Forme d'art par essence éphémère, dont l'achèvement va de pair avec la destruction, ils nous sont connus grâce à l'abondante documentation conservée liée aux fêtes : gravures et dessins, manuscrits et livres illustrés : à ceci près que s'agissant des feux d'artifices les dessins se font fort rares !
En 1770, 1771 et 1773, en France et plus précisément à Versailles, trois mariages -celui du Dauphin, futur roi Louis XVI, et de ses frères, le comte de Provence et le comte d'Artois- allaient marquer un moment d'apogée de cette forme artistique si particulière.
Du feu tiré à l'occasion du mariage du comte de Provence en 1771, le musée du Louvre conserve un exceptionnel témoignage : un album de dessins exécutés sous la conduite des artificiers en charge du feu, Morel, Torré et Seguin. Pour la première fois, le spectacle pyrotechnique se trouve décliné en chacun de ses tableaux, représentés dans l'intégralité dans leurs effets et figures, parmi lesquels deux « feux » à la nouveauté radicale : un grand palais réalisé uniquement en « feu bleu » et un portrait du roi jugé très ressemblant quoique dessiné là aussi rien qu'en lumières ! Ici les artificiers rivalisent et surpassent les peintres. Usant de feux fixes et mobiles par le biais de tout un dispositif de mèches, leurs pièces de feu et d'illumination font désormais tout le spectacle et rendent inutile la commande des traditionnels décors fixes aux peintres et architectes de l'Administration des Menus Plaisirs.
Aujourd'hui , c'est l'ensemble du carnet qui est pour la première fois reproduit à l'échelle réelle et étudié de façon exhaustive de manière à glisser entre les mains du lecteur et de l'amateur un peu de l'éclat de ces fêtes dont les feux participaient des dépenses parmi les plus élevées de l'Ancien Régime : des feux que l'on sait avoir été particulièrement goûtés de Louis XV après le décès duquel on ne connut plus pareilles féeries nocturnes.
Quelle étrange idée de la part des pouvoirs publics d'envoyer depuis 350 ans de jeunes artistes dans un autre pays ! Lorsqu'est créée l'Académie de France à Rome en 1666, le principe d'une telle institution est inédit. Il sera pourtant imité par toutes les nations d'Europe et d'ailleurs qui y fonderont à leur tour des académies.
Mais pourquoi Rome ? Que vient-on y chercher, que vient-on y faire ? Le propos de l'exposition est d'interroger la nature de ce lien au sein de la production des pensionnaires depuis 350 ans.
L'acquisition de la Villa Médicis en 1803 par Napoléon est la proclamation des ambitions de la politique artistique de l'État français. Le prestige du lieu et sa visibilité au sommet de l'une des collines de Rome donne tout son sens à cette acquisition.
Mais le piège se referme à la fin du xixe siècle. La modernité échappe au contrôle de l'État. Pour la première fois dans l'Histoire, l'art officiel devient un « art pompier ».
« Académique » devient une insulte.
La grande réforme voulue par André Malraux change assez radicalement la situation au tournant des années 1970. La création artistique à la Villa Médicis renoue avec la recherche expérimentale. Cette transformation profonde qui redynamise l'institution est encore une action de l'État.
La présence de cette institution à Rome est un dépaysement. Et la question de l'étranger, de la confrontation à l'autre, entre invitation et occupation, se pose continuellement pour chacun des pensionnaires, des visiteurs, des salariés de l'institution.
Être étrangers renvoie immédiatement à la question de l'identité, question si saillante de nos jours, dans une Europe confrontée aux migrations, aux déplacements, à la mondialisation.
Comment l'artiste d'hier et d'aujourd'hui se saisit de cette question ? Qu'est-ce que l'identité artistique française ? Que fut-elle ? Que peut-elle encore prétendre être ?
Aujourd'hui, les artistes pensionnaires de la Villa Médicis interrogent à nouveau le lieu, interrogent leur déplacement. Et souvent se tissent des liens avec le patrimoine romain, avec la ville de Rome, avec les Romains, renvoyant finalement à cette question : qui sommes-nous culturellement ?
Traversant le poids des exigences politiques et des enjeux de l'identité et du dialogue avec la ville de Rome, l'activité des pensionnaires a connu une évolution considérable depuis 350 ans. Elle est passée d'un travail collectif à un travail personnel ; d'une vie pour ainsi dire « monastique » avec un règlement très strict, à la liberté du pavillon individuel. La production elle-même est passée du visuel (décor pour les Maisons du roi) à l'universel (des pratiques artistiques les plus diverses), du politique à l'esthétique, de la production à l'exploration. En dépit de la volonté de contrôle de l'activité des pensionnaires, l'expatriation impose l'expérience de la liberté et du dépaysement.
L'exposition entend montrer la créativité des artistes au sein de l'institution à travers toutes ses transformations.
Le principe est donc de ne montrer que des oeuvres produites par les pensionnaires ou les directeurs de l'Académie de France à Rome pendant le temps où ils étaient pensionnaires ou directeurs. L'exposition, chronologique et thématique, se déroule sur sept salles.
Elle devrait présenter une centaine d'oeuvres (tableaux, dessins, sculptures, dessins d'architecture, partitions...) et se conclure par une installation vidéo proposant une rétrospective du travail des pensionnaires au cours des quarante-cinq dernières années.
EXPOSITION Académie de France à Rome, Villa Médicis 13 octobre 2016 - 15 janvier 2017
Cet ouvrage, qui fait également fonction de catalogue à l'exposition de New York et Eugene (Oregon), présente pour la première fois une étude complète de ce cycle de tapisseries consacrées à la Vie du Christ. Cet ensemble, l'un des grands « monuments » de la Rome baroque, est le fruit d'une commande du cardinal Francesco Barberini, neveu du pape Urbain VIII. La lecture attentive qu'en donne James Harper permet de le situer à la fois dans le contexte stylistique du baroque avancé et dans celui de la propagande politique et sociale de son commanditaire.
Le premier chapitre introduit le lecteur dans la Rome d'Urbain VIII ; les suivants retracent l'histoire de la manufacture privée du cardinal Barberini et l'activité de Giovanni Francesco Romanelli (Viterbe, 1610-1662), l'artiste qui a dessiné les cartons des tapisseries. Ensuite, l'auteur s'appuie sur des documents d'époque pour explorer les différentes utilisations de ce cycle par les Barberini, retraçant ainsi une véritable histoire du goût, avant de suivre le transfert des tapisseries aux États-Unis et leur installation dans la cathédrale St. John the Divine à New York, sur fond d'histoire du collectionnisme à l'époque du Gilded Age. Enfin, Marlene Eidelheit examine les aspects techniques des tapisseries ainsi que le long travail de restauration qui précédé l'exposition et le volume qui l'accompagne.
Acquis par le musée du Louvre en 1972, le carnet de dessins de l'architecte Gilles-Marie Oppenord (1672-1742) n'a été que très ponctuellement étudié et fait l'objet pour la première fois d'une publication en fac-similé dans son intégralité. Sa fragilité - la reliure ancienne ne permet pas une consultation aisée -, son intérêt historique - il constitue un témoignage unique sur les premiers pas d'un artiste lors de son séjour romain - et la variété des dessins qu'il renferme font de ce carnet l'un des plus séduisants du département des arts graphiques du musée du Louvre.
Une nouvelle exploration photographique de Chicago, une ville qui charme les visiteurs par son caractère profondément américain.
En plus de cent photographies (la plupart en noir et blanc), prises à Chicago entre 2006 et 2011, ce volume présente plusieurs aspects de cette ville riche en diversité : à partir des célèbres quartiers du centre (Downtown) où tant de films ont été tournés, les rendant familiers au monde entier, jusqu'aux banlieues et aux quartiers périphériques, dont chacun possède sa personnalité et son charme propre. D'une page à l'autre, les rues vides succèdent à la solennité des édifices et des quais ; la population qui vit et travaille dans la ville croise d'autres personnes, venues du Midwest pour découvrir des paysages urbains inattendus.
Un certain nombre de photos est consacré au monde du blues, des multiples clubs où le blues est joué et « vécu » nuit après nuit au Chicago Blues Festival, le grand événement de la fin du printemps auquel participe un public extraordinaire et varié, qui assure le spectacle au même titre que les artistes sur la scène.
Au cours de sa vie, le collectionneur parisien Gustave Dreyfus (1837-1914) recueillit dans son appartement en boulevard Malesherbes plus de mille six cent oeuvres d'art de la Renaissance : y figurent des sculptures de Desiderio da Settignano et Francesco Laurana, des tableaux attribués à Jacopo Bellini et Botticelli, ainsi qu'un nombre impressionnant de médailles et plaquettes qui en font une des collections de bronzes les plus importantes d'Europe, à l'égal du Musée du Bargello. Amateur passionné, Dreyfus est un personnage incontournable des salons intellectuels de son époque. Il connaît la marquise Arconati-Visconti, Edmond de Goncourt, la princesse Mathilde, les Camondo et les Rothschild, et encore de nombreux hommes d'art comme Auguste Rodin, Gabriele D'Annunzio ou Jules Massenet. Il fréquente Adolfo Venturi et le jeune Bernard Berenson, il est un habitué des cabinets du Louvre, où il rencontre Charles Ephrussi, Léon Bonnat ou des conservateurs réputés comme Clément de Ris et Philippe de Chennevières.
Grand voyageur, Dreyfus développe un goût et un talent exceptionnels, qui lui permettent de profiter de chaque occasion pour enrichir sa collection, tout en s'appuyant sur les illustres conseils d'Alfred Armand et Wilhelm von Bode. Aujourd'hui, la plupart de ses médailles et plaquettes italiennes, ainsi que ses tableaux et sculptures, se trouvent dans les plus importantes collections publiques américaines, notamment la National Gallery de Washington et la Frick Collection de New York, où elles sont arrivées par le biais du marchand d'art Joseph Duveen. D'autres prestigieux objets, tels que le buste de Diotisalvi Neroni par Mino da Fiesole et le Saint Jérôme de Bartolomeo Bellano enrichissent les collections du Musée du Louvre, auquel ils ont été offerts par Dreyfus et sa famille, avec un corpus d'une centaine de médailles et petits bronzes.
En 1778, le jeune peintre paysagiste toulousain Pierre Henri de Valenciennes se trouve à Rome où il fréquente de nombreux artistes étrangers venus se former, comme lui, au contact des monuments de la Rome antique et des oeuvres des maîtres de la période moderne, mais aussi se confronter à la lumière italienne. Parmi eux, Jacques Louis David a une influence décisive sur le travail de Valenciennes. Celui-ci développe pourtant un travail graphique qui lui est propre. Contrairement à la plupart des jeunes artistes, il ne fait presque pas de copies d'après l'antique ou les maîtres, mais il dessine des vues de Rome, ce « mélange d'antique et de moderne, cet assemblage d'irrégularité et de symétrie, d'incohérence et d'harmonie, de folie et de raison ».
Les 96 feuillets du Livre à dessiner de P. Devalenciennes nous entraînent, dans un camaïeu épuré d'encre noire et grise, du port de Ripa Grande à la basilique Saint-Jean-de-Latran, du Ponte Molle au Vatican, en longeant les rives du Tibre ou en parcourant les différents quartiers de la ville. Valenciennes trace sur les pages du carnet les panoramas d'une ville rêvée, qu'il modifie sans scrupules pour composer des agencements de volumes, quitte à simplifier, à tronquer ou à déplacer les architectures. Loin de tout pittoresque, le dessinateur cherche un idéal : les pages du carnet ne sont qu'en partie le reflet de ses promenades romaines, et plusieurs d'entre elles présentent des compositions inventées en agençant différents motifs, des paysages « composés ».
Cette exposition spectaculaire, réalisée à partir de deux des plus grandes collections d'art japonais newyorkaises, couvre un long espace de temps allant de la fin de la période Jomon (env. 1000-300 av. J.-C.) au siècle dernier. Elle explore la notion d'impermanence dans la culture japonaise au travers d'oeuvres d'art et d'objets de culte, ainsi que de la littérature et de la culture populaire, et montre comment ce concept conserve un rôle important dans le Japon contemporain. La première section - Retrieving Lost Worlds (« Récupérer des mondes perdus ») - est constituée essentiellement de sculptures, de poteries et d'amulettes remontant aux premières civilisations japonaises : les périodes Jomon, Yayoi et Kofun. Les vestiges rescapés de ces cultures archaïques nous rappellent que le temps efface les choses et leur encadrement, et que cette loi est inéluctable pour toutes les civilisations. Buddhism: Accepting Impermanence (« Bouddhisme : accepter l'impermanence ») examine la notion de transitoire dans le bouddhisme, religion profondément ancrée au Japon bien que provenant d'ailleurs. De magnifiques exemples d'art bouddhique illustrent l'idée que l'impermanence (mujo) est un pivot de la doctrine de toutes les écoles : l'existence est éphémère, caractérisée par la souffrance et, en dernière analyse, par le vide. Tea: Choreographed Ephemerality (« Le thé : l'éphémère choréographié ») analyse la cérémonie du thé, qui met en exergue les qualités de wabi et sabi, termes en lien avec les traits distinctifs de la vieillesse - une fleur fanée, la rouille sur le métal -, évoqués par des objets en céramique et en laque volontairement imparfaits et qui étaient utilisés lors des réunions contemplatives. La section finale du catalogue, Transforming Impermanence into Art (« Transformer l'impermanence en art ») consiste en une série de pièces diverses, des splendides exemples de calligraphie aux paravents, des célèbres estampes aux élégantes étoffes ornées de motifs en relation directe avec le concept japonais de mono no aware, « sensibilité délicate à la nature des choses ».
C'est au cours de son voyage à Rome et à Naples en 1917 avec Jean Cocteau et Igor Stravinsky que Picasso a l'occasion de rencontrer pour la première fois la sculpture romaine antique dans son cadre naturel, ainsi que la Renaissance et les peintures murales pompéiennes. Une visite à la Galerie Borghèse lui permet d'étudier les oeuvres du Bernin, qu'il retrouve à la basilique Saint-Pierre ; au Vatican il découvre également le Michel-Ange de la chapelle Sixtine. À Florence il regarde les tableaux de Raphaël, et reconnaît en Caravage le maître de la mise en scène.
La première exposition à Rome consacrée à la sculpture de Picasso est conçue comme un voyage à travers les siècles, en suivant le fil chronologique et thématique de l'interprétation plastique des formes et des sujets : histoires et mythes, corps et figures, objets et fragments. L'on y découvrira des chefs-d'oeuvre du grand maître espagnol, des photos d'atelier inédites et des vidéos illustrant le contexte où sont nées les sculptures.
Le catalogue présente un ensemble de réflexions nouvelles, développées à partir des associations visuelles et conceptuelles qu'engendre le dialogue exploré par l'exposition, examinant et illustrant une quantité importante d'oeuvres, dont certaines n'ont jamais été montrées au public.
Cette manifestation réunit pour la première fois le groupe d'esquisses peintes montrant le Christ en buste, auquel sont jointes certaines oeuvres essentielles qui leur sont étroitement apparentées, dont le magnifique Pèlerins d'Emmaüs de 1648 (Louvre) et la Pièce aux cent florins, une des plus célèbres eauxfortes rembranesques (85 oeuvres dans l'exposition au Louvre).
Rembrandt donne un nouveau visage à Jésus : prenant pour modèle un jeune juif de la communauté d'Amsterdam, il défia la haute autorité spirituelle du prototype transmis depuis l'Antiquité et promulgué par l'Église chrétienne universelle, et présenta une image du Christ radicalement différente de celle mise en avant jusqu'alors dans l'art européen.
Cette exposition explore ce développement dramatique survenu au milieu de la carrière de Rembrandt. Pourquoi et dans quelle mesure a-t-il choisi de rendre sa figure du Christ si radicalement différente de celle qui - y compris dans sa propre imagerie religieuse antérieure - dominait jusqu'alors ?
Le Christ, en tant qu'objet de méditation, devient nécessairement un objet de perception. De ce fait, certains moments du ministère de Jésus posent des questions analogues à celles entourant les événements qui ont suivi sa mort et sa résurrection : Le Christ dans la maison de Marthe et Marie, Le Christ apparaissant aux disciples, Le Christ apparaissant aux disciples sur le Mont des Oliviers se détachent de la sorte parmi les épisodes de la vie de Jésus.
L'exposition se veut une réunion inédite d'oeuvres rembranesques sur un thème décisif, encore à explorer. Avec le paradoxe d'un Christ apparemment peint d'après nature, sur le vif, l'exposition cherche à formuler une énigme, à la fois profonde et spectaculaire, qui se pose à l'histoire de l'art.
Léopards, flamants, dromadaires, grues, civettes et marmottes figurent parmi les protagonistes des 86 toiles peintes par Pieter Boel (Anvers 1622 - Paris 1674) entre 1668 et 1671, à une époque où, la « nature morte », flamande en particulier, étant très en vogue, personne encore ne s'est consacré avec un tel talent, et en tout cas jamais avec un tel esprit d'observation, à la « nature vivante ».
Les tableaux de Boel sont des études préparatoires pour le cycle de tapisseries desMois ouMaisons royales, commandé par Louis XIV. Exécutées par la manufacture des Gobelins sous la direction de Charles Le Brun, ces tapisseries représentent chacune une des résidences royales (du Louvre à Fontainebleau) qui forme le décor de scènes de cour et de chasse, tandis qu'en avant d'une balustrade, du côté des spectateurs, se promènent avec grâce hérons, cigognes, grues couronnées. Des autruches passent leurs têtes à travers les montants, des perroquets bequettent les fruits, tandis que divers animaux de basse-cour, plus ou moins nobles, picorent sous l'oeil d'un hérisson, qui, au beau milieu de la scène, prend un air, à juste titre, dépaysé.
Il ne s'agit pas d'animaux quelconques mais bien des hôtes de la nouvelleMénagerie de Versailles projetée par Louis Le Vau, véritable zoo d'avant-garde dont chacun des sept enclos porte le nom de l'animal qu'il abrite (cour des pélicans, cour des autruches, quartier des cigognes), autour d'un pavillon octogonal d'où les hôtes royaux, « sans plumes » ceux-là, peuvent en toute tranquilité observer la faune exotique. Pour ce joyau, Louis XIV ne lésina pas et ne s'étonna donc pas qu'il figure au premier plan des tapisseries, à l'égal de ses autres trésors : vases, orfèvreries et tapis. Mais ce qui est foncièrement nouveau à l'époque, c'est la façon dont Boel peint les animaux sur le vif, et sa capacité à saisir aussi bien leurs traits - reproduits de divers points de vue, en détails et avec le soin du naturaliste joint au sens de la composition du peintre - que leurs attitudes.
Dispersées dans une bonne trentaine de musées de province, les toiles, dix ans après la publication du catalogue, aujourd'hui épuisé, de l'exposition-dossier du Louvre édité par Elisabeth Foucart-Walter, restent peu connues du grand public.
Le présent volume offre, avec ses quarante planches disposées selon l'ordre des enclos de la Ménagerie du Roi Soleil, et décrites par le poéme du fontainier Claude Denis, une sélection de ces merveileuses peintures animalières, accompagnées de quelques dessins choisis parmi les centaines que Boel, appuyé à la balustrade du zoo de Versailles, a dû tracer sur le vif et d'une main alerte.
Ce livre magnifiquement illustré présente une riche panorama de la bijouterie contemporaine, des années 1940 jusqu'à aujourd'hui, à travers les chefs-d'oeuvre de l'extraordinaire collection duMusem of Arts and Design de New York, dont la conservatrice, Ursula Neuman, dresse ici une brève histoire.
Au fil de ces 300 pages, le lecteur pourra découvrir la fascinante diversité de matériaux, techniques et approches qui font de la bijouterie contemporaine un art excitant et intellectuellement si stimulant. Ces créations, qui ne reposent plus uniquement sur l'or et les pierres précieuses, démontrent que même les matériaux les plus communs, comme l'aluminium, le caoutchouc, le verre, le papier, les punaises et même de simples gachettes de revolver peuvent faire de surprenants bijoux.
La dimension internationale de l'orfèvrerie contemporaine est tout à fait représentée par les artistes confirmés et par les jeunes qui montent, aux Etats- Unis, en Europe, en Asie et en Australie, comme Gijs Bakker, Robert Ebendorf, Hermann Jünger, Sam Kramer, Otto Künzli, Linda MacNeil, Margaret DePatta, Bruno Martinazzi, Gio Pomodoro, Wendy Ramshaw, Art Smith, Kiff Slemmons, David Watkins et Anna Maria Zanella.
En 1922, un portraitiste de belle réputation et immense collectionneur, Léon Bonnat, légua au Louvre un recueil de vingt-trois dessins intitulé Disegni di A. Pollaivolo (?) 1429 + 1498. Cet album, qui avait antérieurement appartenu à de très bons connaisseurs de l'Italie de la Renaissance, apparaît aujourd'hui encore comme l'une des plus belles sommes d'études d'après le modèle vivant qu'un artiste orentin ait accomplies dans son atelier au e siècle. Malgré l'intitulé de l'album (manifestement moderne mais sans doute issu de quelque tradition), la critique moderne s'est interrogée sur son auteur. Elle a préféré, à celui du célèbre sculpteur orentin, le nom de son concitoyen Maso Finiguerra, qui, orfèvre et nielleur, est passé à la postérité pour avoir inventé l'art de la gravure. L'étude expose, d'une part, le pro l des deux artistes et la relation de l'ensemble des dessins aux di érentes pratiques d'atelier, et, d'autre part, une reconstruction de l'histoire du recueil qui permet d'imaginer comment il a été constitué à partir de carnets originaux démembrés. Une description page à page propose en outre une analyse précise de chaque feuillet, du point de vue tant de l'image que des matériaux et de la technique graphique.