Entre la fin du XVe et le milieu du XVIe siècle, Florence et Rome voient fleurir une multitude de peintures majeures représentant le Christ mort. De Botticelli à Vasari, en passant par les chefs-d'oeuvre de Raphaël et Pontormo, ces magnifiques scènes de Lamentation demeurent largement incomprises. Où les voyait-on ? Qui furent leurs promoteurs ? Plus généralement, comment la recrudescence de ces thèmes en Italie centrale peut-elle se révéler utile pour éclairer un tournant capital dans la création et dans l'histoire des mentalités européennes à la Renaissance ? Telles sont les questions débattues dans ce volume. En transgressant le cadre des études iconographiques stricto sensu à la faveur d'une approche interdisciplinaire, il s'agit d'analyser les déclinaisons visuelles d'un sujet universel tel que la mort du Christ comme un véritable phénomène historique. Dès lors, rien d'étonnant à ce que l'étude des formes et des styles croise sans cesse des interrogations fondamentales sur les conditions d'exposition et de visibilité, ainsi que sur l'histoire de la piété et des institutions italiennes à la veille de la séparation radicale entre les catholiques et les protestants. Entre anthropologie du sacré, réseaux de mécénat inédits et affaires diplomatiques de haute volée, l'ouvrage livre ainsi une réflexion stimulante sur la spiritualité, la culture et les transformations politiques propres à un territoire et à une période qui comptent parmi les plus fertiles - mais aussi parmi les plus tourmentés - de l'histoire et de l'art de l'Europe moderne.
La reproduction à l'identique de l'album Meuricoffre, acquis par le Louvre en 2018, est une belle occasion de feuilleter l'un des deux seuls carnets de portraits attribués à ce jour à Antoine Jean Gros (l'autre étant en collection particulière).
Précieux témoignage de l'activité de Gros comme portraitiste en Italie (1793-1800), il illustre la relation privilégiée que le peintre entretint à Gênes avec la famille du banquier franco-suisse Jean-Georges Meuricoffre (1750-1807) et de son épouse, la célèbre chanteuse d'opéra Celeste Coltellini (1760-1828). Cette dernière, à qui l'album appartenait, est sans doute l'auteur de plusieurs dessins du carnet, exécutés sous l'influence du maître. La belle galerie de portraits, dressés dans l'intimité de cette famille, restitue les physionomies de représentants de la haute société franco-suisse alors en rapport les Meuricoffre et, par leur biais, avec Gros.
L'étude qui accompagne la publication du carnet révèle l'identité, jusqu'alors inconnue, de ces personnages. Une description matérielle de l'album, support scientifique indispensable à sa compréhension, complète le propos. LA COLLECTION DU MUSÉE DU LOUVRE :
De Jacopo Bellini à Eugène Delacroix, six cents carnets d'artistes et albums de collectionneurs, conservés au musée du Louvre, permettent de mieux comprendre le processus créatif des maîtres qui les ont exécutés et d'apprécier le goût des amateurs qui se sont attachés à les constituer. Ces oeuvres précieuses et fragiles demeurent pour la plupart méconnues. Certaines d'entre elles, reproduites pour la première fois dans leurs dimensions d'origine, accompagnées d'une étude inédite, invitent désormais le public le plus large possible au plaisir de la découverte.
Le peintre admirable du Sommeil d'Endymion, de la Mort d'Atala et du Portrait de Chateaubriand fut aussi poète. Formé aux hu- manités classiques dans sa jeunesse, il est l'auteur de libres traductions de poètes antiques grecs (Alcée, Sappho...) et latins (Catulle, Claudien, Martial). En 1808 il entreprit l'imitation et illustration des Odes d'Anacréon, dont l'édition fut posthume. Le musée du Louvre conserve le précieux manuscrit du premier état de ce travail intense et foisonnant, dans lequel s'entremêlent la recherche poétique et l'invention des images - compositions ou vignettes - en regard du texte.Seul un fac-similé pouvait restituer ce tout organique dans son intégrité.
L'étude qui l'accompagne retrace l'histoire du manuscrit, les différentes étapes du projet d'édition et des versions posthumes, et analyse les sources esthétiques de l'artiste. L'écriture de Giro- det est parfois difficile à déchiffrer mais la transcription intégrale jointe à l'étude permet au lecteur d'en apprécier toutes les subtilités et de retrouver le charme de la poésie anacréontique.
Ce précieux livret d'inspiration japonaise recèle la quintessence de l'art d'être chat : un traité d'éthologie et de pensée féline déployé en 24 planches exceptionnelles.
Intellectuel raffiné et conseiller éditorial chez Officina Libraria, le chat Padamu a accepté de dévoiler l'ordinaire de l'une de ses journées, exemplaire...
Il s'est laissé portraituré sur le vif, heure par heure, et saisir par le crayon mordant de Jack Tow. Un portrait tout en majesté et élégance, dans les poses les plus (ou les moins...) plastiques.
Chaque moment, croqué par un dessin, est rehaussé par un aphorisme de Padamu traduit du miaou par Paola Gallerani qui, forte de sa compétence en matière d'idiome félin et de sa connaissance intime de son « collègue », a restitué toute sa sagesse et sa sagacité.
Le temps qui se déroule ici fait figure de véritable philosophie féline. L'art d'être chat, comme un art d'être...
Quelques exemples :
- « J'ignorais qu'il m'était interdit de grimper sur la bibliothèque mais maintenant que je suis informé je vais pouvoir... l'ignorer ».
- « L'empreinte de mes pattes sur ton dessin...
Il faut savoir apprécier mon art ».
Dès la fin du xixe siècle, lorsque Steinlen crée la célèbre affiche de la Tournée du Chat noir, les chats de Paris seront à l'honneur chez les peintres, les écrivains et les artistes en général. Parmi ceux-ci, Lila De Nobili (1916-2002), peintre, scénographe et costumière, occupe une place importante. En 1945 elle s'installe à Paris, sur la Rive gauche, qu'elle ne quittera plus. Elle peint et dessine des décors pour de nombreux théâtres, notamment la Scala de Milan, l'Opéra de Paris et le Covent Garden. À la demande des directeurs et des metteurs en scène les plus réputés, elle crée des costumes de scènes pour des célébrités telles que Maria Callas, Édith Piaf, Audrey Hepburn et Ingrid Bergman.
Après mai 68 elle décide de se consacrer exclusivement à la peinture, collaborant à différentes décorations murales avec l'architecte Renzo Mongiardino, et elle adopte son premier chat, qui partagera son appartement rue de Verneuil. La famille féline s'agrandit rapidement et Lila ne se lasse pas de la croquer, réalisant esquisses, dessins, ébauches et aquarelles.
Dans les dernières années de sa vie, Lila fait cadeau à une amie, elle aussi amoureuse des chats, de la plupart de ces oeuvres tout en profondeur et en délicatesse ;
Aujourd'hui cette extraordinaire collection est devenue un livre.
Giotto (vers 1267 - 1337) fut le principal artisan du renouveau de la peinture occidentale depuis l'Antiquité. Cette manifestation n'a pas l'ambition d'apparaître comme une rétrospective du grand maître florentin - de toute façon irréalisable compte tenu du caractère inamovible de plusieurs de ses oeuvres maîtresses, fresques, croix peintes ou grands retables...
Mais entend, à partir d'un choix de pièces significatives, mettre en évidence son apport intellectuel et plastique, aborder également des questions telles que l'organisation de son atelier, la fonction matérielle et liturgique de ses panneaux peints, le rayonnement de son art...
Tout à fait représentatifs des différentes phases de sa production et de la variété de celle-ci, trois tableaux du Louvre constituent le point de départ de cette manifestation : le grand Saint François d'Assise recevant les stigmates en provenance de l'église San Francesco de Pise, une création signée de ses débuts, la monumentale croix peinte, souvent négligée par les spécialistes de l'artiste en raison de son mauvais état de présentation, mais aujourd'hui soumise à une restauration fondamentale, la remarquable Crucifixion acquise par le musée en 1999, qui permet d'envisager l'activité du peintre et celle de ses disciples à Naples autour de 1330, son influence sur le plan formel et iconographique par-delà les Alpes, favorisée par les liens étroits entretenus par les Anjou de Naples avec leurs cousins français.
D'autres oeuvres prestigieuses en provenance de collections françaises et étrangères - dessins, manuscrits, tableaux - viendront compléter la présentation de cet immense artiste dont le génie fut aussitôt salué par ses contemporains, Dante le premier.
En 1778, le jeune peintre paysagiste toulousain Pierre Henri de Valenciennes se trouve à Rome où il fréquente de nombreux artistes étrangers venus se former, comme lui, au contact des monuments de la Rome antique et des oeuvres des maîtres de la période moderne, mais aussi se confronter à la lumière italienne. Parmi eux, Jacques Louis David a une influence décisive sur le travail de Valenciennes. Celui-ci développe pourtant un travail graphique qui lui est propre. Contrairement à la plupart des jeunes artistes, il ne fait presque pas de copies d'après l'antique ou les maîtres, mais il dessine des vues de Rome, ce « mélange d'antique et de moderne, cet assemblage d'irrégularité et de symétrie, d'incohérence et d'harmonie, de folie et de raison ».
Les 96 feuillets du Livre à dessiner de P. Devalenciennes nous entraînent, dans un camaïeu épuré d'encre noire et grise, du port de Ripa Grande à la basilique Saint-Jean-de-Latran, du Ponte Molle au Vatican, en longeant les rives du Tibre ou en parcourant les différents quartiers de la ville. Valenciennes trace sur les pages du carnet les panoramas d'une ville rêvée, qu'il modifie sans scrupules pour composer des agencements de volumes, quitte à simplifier, à tronquer ou à déplacer les architectures. Loin de tout pittoresque, le dessinateur cherche un idéal : les pages du carnet ne sont qu'en partie le reflet de ses promenades romaines, et plusieurs d'entre elles présentent des compositions inventées en agençant différents motifs, des paysages « composés ».
Cette manifestation réunit pour la première fois le groupe d'esquisses peintes montrant le Christ en buste, auquel sont jointes certaines oeuvres essentielles qui leur sont étroitement apparentées, dont le magnifique Pèlerins d'Emmaüs de 1648 (Louvre) et la Pièce aux cent florins, une des plus célèbres eauxfortes rembranesques (85 oeuvres dans l'exposition au Louvre).
Rembrandt donne un nouveau visage à Jésus : prenant pour modèle un jeune juif de la communauté d'Amsterdam, il défia la haute autorité spirituelle du prototype transmis depuis l'Antiquité et promulgué par l'Église chrétienne universelle, et présenta une image du Christ radicalement différente de celle mise en avant jusqu'alors dans l'art européen.
Cette exposition explore ce développement dramatique survenu au milieu de la carrière de Rembrandt. Pourquoi et dans quelle mesure a-t-il choisi de rendre sa figure du Christ si radicalement différente de celle qui - y compris dans sa propre imagerie religieuse antérieure - dominait jusqu'alors ?
Le Christ, en tant qu'objet de méditation, devient nécessairement un objet de perception. De ce fait, certains moments du ministère de Jésus posent des questions analogues à celles entourant les événements qui ont suivi sa mort et sa résurrection : Le Christ dans la maison de Marthe et Marie, Le Christ apparaissant aux disciples, Le Christ apparaissant aux disciples sur le Mont des Oliviers se détachent de la sorte parmi les épisodes de la vie de Jésus.
L'exposition se veut une réunion inédite d'oeuvres rembranesques sur un thème décisif, encore à explorer. Avec le paradoxe d'un Christ apparemment peint d'après nature, sur le vif, l'exposition cherche à formuler une énigme, à la fois profonde et spectaculaire, qui se pose à l'histoire de l'art.
En 1922, un portraitiste de belle réputation et immense collectionneur, Léon Bonnat, légua au Louvre un recueil de vingt-trois dessins intitulé Disegni di A. Pollaivolo (?) 1429 + 1498. Cet album, qui avait antérieurement appartenu à de très bons connaisseurs de l'Italie de la Renaissance, apparaît aujourd'hui encore comme l'une des plus belles sommes d'études d'après le modèle vivant qu'un artiste orentin ait accomplies dans son atelier au e siècle. Malgré l'intitulé de l'album (manifestement moderne mais sans doute issu de quelque tradition), la critique moderne s'est interrogée sur son auteur. Elle a préféré, à celui du célèbre sculpteur orentin, le nom de son concitoyen Maso Finiguerra, qui, orfèvre et nielleur, est passé à la postérité pour avoir inventé l'art de la gravure. L'étude expose, d'une part, le pro l des deux artistes et la relation de l'ensemble des dessins aux di érentes pratiques d'atelier, et, d'autre part, une reconstruction de l'histoire du recueil qui permet d'imaginer comment il a été constitué à partir de carnets originaux démembrés. Une description page à page propose en outre une analyse précise de chaque feuillet, du point de vue tant de l'image que des matériaux et de la technique graphique.
Pierre Subleyras (1699-1749) a été l'un des plus importants représentants du classicisme de la première moitié du xviiie siècle, grâce à une peinture qui, quoique monumentale, reste essentielle dans les gestes et contenue dans les sentiments. Sa remarquable célébrité est rappelée par la prestigieuse commande de la Messa di San Basilio pour Saint Pierre (aujourd'hui à Santa Maria degli Angeli, Rome). Vainqueur du Prix de Rome, il fut donc pensionnaire de l'Académie de France, se maria avec une miniaturiste romaine, Maria Felice Tibaldi, et resta dans la métropole romaine jusqu'à sa mort.
Les historiens de l'art italien ont négligé Pierre Subleyras en raison de sa patrie d'origine et de sa formation artistique, alors que pour les Français, sa carrière est essentiellement romaine et son oeuvre s'inscrit pleinement dans le développement de la peinture italienne de la première moitié du xviiie siècle.
Il Ritratto dell'abate Felice Ramelli, récemment acquis par la Galleria Sabauda (Musées royaux de Turin), a été défini par Pierre Rosenberg comme «?l'un des plus beaux portraits du xviiie siècle, que ce soit en Italie ou en France?».
Piémontais d'origine (Asti, 1666), Ramelli devint moine à Vercelli, où il eut pour maître de miniature son confrère Danese Rho. Abbé de Santa Maria Nova à Asti, il fut appelé à Rome par Clément XI Albani, qui le nomma abbé de la basilique Saint-Jean-de-Latran. Sa réputation d'artiste est liée à ses portraits en miniature, que révèle bien le splendide portrait qu'en fit Subleyras. La magnifique robe blanche de l'abbé contraste avec le fond sombre sur lequel on entrevoit deux portraits accrochés au mur. Un troisième, celui d'un haut prélat, est tenu par le prêtre, à côté d'une palette et d'une pile de livres.
Le Christ portant la croix, redécouvert récemment par Carlo Falciani et présenté ici, est né de l'amitié intense entre Giorgio Vasari (1511-1574) et Bindo Altoviti (1491-1557), influent banquier et collectionneur d'art raffiné.
Le tableau fut exécuté en 1553, juste après que Vasari fut passé au service de Cosimo de Médicis pour devenir définitivement un artiste de la cour du duc. Il est le témoignage de très haute qualité de la production du peintre dans la Rome du pape Jules II, ainsi que des expérimentations de son style, caractérisé par la réélaboration insatiable de modèles modernes et contemporains.
«This painting, which was intended for domestic devotion, appears rather distant from the magniloquent style and complex iconographies of Vasari's more commonly known works: its austerity and essential composition, avoiding narrative elements, as well as its sober and yet moving depiction of Christ, as noted by Falciani in his essay, bring to light a spirituality that will soon be marginalized by the Council of Trent.» Préface de Flaminia Gennari Santori (directeur Galleria Corsini, Rome)
L'exposition « L'Ultime chef-d'oeuvre de Léonard de Vinci, la Sainte Anne » et la publication du catalogue et de l'album qui l'accompagnent offrent la possibilité de replacer la Sainte Anne dans la carrière tardive de l'artiste. OEuvre de maturité autant technique que picturale dans laquelle Léonard a déposé tout son art, la Sainte Anne, véritable testament artistique, a eu une influence considérable sur l'évolution des arts, notamment en Italie au début du xvie siècle.
Les lecteurs de cet album pourront retrouver pour un tout petit prix les oeuvres emblématiques de cette exposition : les études, les dessins préparatoires, les esquisses de composition qui ont conduit Léonard jusqu'à l'ultime réalisation, les versions du tableau exécutées dans l'atelier du maître et qui montrent la fascination exercée par la Sainte Anne dès l'origine, et enfin les oeuvres de Michel-Ange ou de Raphaël qui témoignent de l'intérêt de ces artistes pour cette composition et dans lesquelles se lisent le respect de l'héritage léonardesque et le souci de le dépasser.
Rembrandt est l'un des plus grands peintres et graveurs de tous les temps. Principal représentant de l'âge d'or de l'art hollandais, il a exploré tous les genres, du paysage aux thèmes bibliques et historiques, en passant par le portrait qui fut une constante de sa recherche. Ce livre-accordéon montre seize détails de ses principaux chefs-d'oeuvre.
Quatrième de couverture Rembrandt Harmensz van Rijn (Leyde 1606 - Amsterdam 1669) est l'un des plus grands peintres et graveurs de tous les temps. Principal représentant de l'âge d'or de l'art hollandais, Rembrandt a exploré tous les genres, du portrait de groupe, dont il a révolutionné la conception, aux thèmes bibliques et historiques, en passant par le paysage et le portrait qui fut une constante de sa recherche. Doté d'une forte personnalité, d'une extraordinaire habileté technique, affinée par des expérimentations constantes, et d'une immense culture figurative, il a, tout au long d'une existence vécue à l'enseigne de la gloire comme de la misère, de liaisons contraires à la morale bourgeoise et d'innombrables deuils, recherché l'élément réel et naturel, visant à saisir la vérité dans ce qu'elle a de plus intime.
L'album accompagne l'exposition «Rembrandt et la figure du Christ » dans le Hall Napoléon au musée du Louvre.
La mention d'un tableau représentant « une tête du Christ, d'après nature », dans l'inventaire des biens de Rembrandt établi au moment de sa banqueroute en 1656, est le point de départ d'une recherche qui a abouti à l'exposition présentée au musée du Louvre en 2011, puis au Philadelphia Museum of Art et au Detroit Institute of Arts en 2011 et 2012.
En rapprochant les différentes têtes du Christ peintes par Rembrandt, qui n'avaient jamais encore été montrées ensemble, on a tenté de découvrir les raisons qui avaient pu pousser Rembrandt et ses élèves à renouveler l'image traditionnelle du Christ.
Quelle pouvait être la fonction de ces tableaux? Simples exercices d'atelier ?Minutieuses études destinées à être reportées dans de grandes compositions religieuses ?
Toutes ces peintures paraissent graviter autour des Pèlerins d'Emmaüs, l'une des oeuvres phares des collections hollandaises du musée du Louvre et l'une des plus célèbres représentations du Christ se révélant à ses disciples après la Résurrection.
Un modèle vivant, un jeune homme issu de la communauté juive d'Amsterdam, a-t-il posé dans l'atelier de Rembrandt, prêtant ses traits à Jésus ? Derrière cette question, on devine les grands enjeux de l'art de Rembrandt : l'amour de la nature, l'émulation avec les grands artistes de la Renaissance - aussi bien italiens que germaniques -,la volonté de renouveler les images chrétiennes, la faculté de se déprendre des habitudes artistiques pour explorer des voies nouvelles. «Rembrandt et la figure du Christ » : une silhouette, un visage, une expression., mais aussi une grande personnalité artistique qui s'épanouit pleinement lorsqu'elle affronte un thème universel, peut-être le plus difficile qui soit - peindre le visage du Christ.
Le titre reflète, en manière de plaisanterie, la coïncidence et la simultanéité des retrouvailles entre deux oeuvres très importantes sous la Tour Eiffel : évidemment, même s'il n'est pas nécessaire de le répéter, Luigi Miradori, dit le Genovesino (1605-1610 env. - 1656), ne s'est jamais rendu à Paris.
Ces oeuvres sont réapparues alors que l'exposition de Crémone (hiver 2017-2018) avait déjà été inaugurée, au même moment que celle de Piacenza (printemps 2018) ; la durée de la restauration a fait que l'on a pu y faire seulement allusion dans les deux catalogues. De même, la restauration des deux Santi vescovi qui se trouvaient autrefois à San Marcellino, à Crémone, a permis d'étudier de plus près l'équipement érigé en 1653 dans l'église des jésuites pour l'arrivée depuis Cologne d'une relique de San Bassano, évêque de Crémone oublié par la modernité.
Tandis que le livre était en phase de réalisation, d'autres oeuvres importantes du Genovesino étaient signalées au sein de collections privées, parmi lesquelles une inhabituelle représentation de la Disputa tra San Francesco Saverio e Fucarandono al cospetto del re del Bungo. Une toile qui, en raison de la rareté de sa mise en scène, ne pouvait que susciter les curiosités et enflammer les imaginations (ce n'est pas tous les jours que l'on trouve un tableau qui met en scène une bande de bonzes sodomites), ouvrant de nouvelles sources de recherche sur l'illustration dévote de l'évangélisation jésuite au Japon et sur la perception un peu confuse de l'Extrême-Orient de la part des peintres européens.
Le carnet dit « des Pyrénées » a été classé « Trésor national » en 2003 et a été acquis par le musée du Louvre en 2004. Partiellement publié à plusieurs reprises, il fait ici l'objet pour la première fois d'un « fac-similé » reproduisant l'intégralité de ses pages. Son état de conservation - seuls deux bifeuillets en ont probablement été distraits - et son importance historique - il est, avec la correspondance de l'artiste, la seule source directe de connaissance de ce voyage, le journal étant alors interrompu-, ainsi que la beauté de ses pages aquarellées en font l'un des carnets les plus remarquables du fonds Delacroix du Louvre.
En juillet 1845, Delacroix se rendit aux Eaux-Bonnes, petite station thermale des Pyrénées-Atlantiques, a n d'y suivre une cure prescrite par son médecin. Confronté au spectacle grandiose des montagnes surplombant la vallée d'Ossau, Delacroix s'exerce au paysage, traçant au l des pages de rapides croquis au crayon, dont certains, repris à l'aquarelle, sont parmi les plus beaux paysages de l'artiste. Il dessine aussi à plusieurs reprises le costume traditionnel des paysans de la vallée, dans lequel il voit une forme d'archaïsme antique. De retour à Paris à la n de l'été, il a pu voir, sur le conseil de George Sand, la tribu des indiens Ojibwas amenés en Europe par le peintre américain George Catlin avec son «Indian Gallery», d'après lesquels il a fait plusieurs pages de croquis très émouvants.
Cette publication est accompagnée d'une étude approfondie, qui permettra de comprendre la réalité matérielle du carnet (description codicologique) et d'éclairer le contexte dans lequel l'artiste a exécuté ses dessins.
La présente édition n'est pas un fac-similé au sens strict dans la mesure où les éléments rapportés (cachet, étiquettes, papier de couverture imitation cuir recouvrant les plats.) ne sont reproduits que par la photographie et non par collage. Néanmoins cette réalisation mettra à disposition d'un plus large public un substitut dèle de l'album et limitera la manipulation de l'original a n d'en assurer une meilleure conservation.
Livre-accordéon présentant les détails de seize peintures de Turner, chef de file du romantisme anglais qui a su associer sa maîtrise de la lumière à un talent visionnaire.
Quatrième de couverture Le Téméraire, un navire de combat de 98 canons lancé en 1798, se distingua lors de la bataille de Trafalgar ; il fut appelé ainsi en souvenir d'un navire français capturé quelques années auparavant.
Tout Turner en un coup d'oeil ! Quelle meilleure manière de découvrir et de connaître un artiste que d'embrasser d'un regard l'évolution de son style ? Ces monographies de poche, en livre-accordéon, donnent à voir une séquence chronologique de 16 magnifiques détails des principaux chefs-d'oeuvre et, au verso, la reproduction intégrale de l'oeuvre, accompagnée d'une brève notice qui en retrace la genèse et la signification. La biographie de l'artiste et la chronologie des oeuvres complètent ces petits classiques.
La Vie que Giorgio Vasari lui consacra en 1550 fut la toute première biographie d'Andrea Mantegna, grand nom de la peinture du Quattrocento, dont l'Arioste avait chanté la gloire dans le Roland furieux. Cette Vie, brève et lacunaire, fut implicitement critiquée par un chanoine de Padoue, Bernardino Scardeone, dans l'ouvrage qu'il fit imprimer à Bâle en 1560 : De antiquitate urbis Patavii et claris civibus patavinis. Aux erreurs et aux insuffisances de Vasari, Scardeone opposa un portrait entièrement nouveau des années d'apprentissage de Mantegna, dont il revendiqua l'origine et la formation padouanes, après avoir tiré de l'oubli la figure de son vieux maître, Francesco Squarcione. Vasari retoucha donc à son tour, dans la seconde édition des Vite, l'image qu'il avait tracée de la jeunesse d'Andrea. L'on doit à ce dialogue parallèle des deux écrivains l'anecdote qui met en scène Squarcione blâmant son disciple d'avoir peint, aux Eremitani de Padoue, des personnages semblables à des statues antiques colorées, impassibles et privés de la douceur des chose naturelles, thème dont l'écho se retrouvera jusque dans un passage célèbre de la Recherche du Temps perdu. Chez Mantegna, il est vrai, les arcs, les inscriptions grecques et latines, les frises rompues, les marbres, les montagnes fantastiques pénétrées de carrières ombreuses, les citadelles au loin paraissent faits de toute éternité pour s'accorder aux destinées d'une humanité de pierre. L'auteur des Vies ne goûtait guère cette poétique absolue de l'immobile, de la roche et de l'Antiquité, lui préférant l'autre face du génie d'Andrea, sa virtuosité dans l'exercice de la perspective, son inépuisable tendresse pour le détail.
En 1783, soit trois années après la mort de Gabriel de Saint-Aubin, Pahin de la Blancherie indiquait que l'on n'avait jamais rencontré l'artiste « qu'un crayon à la main, dessinant tout ce qui se présentait à ses yeux ». Cependant, malgré cette passion du dessin, le chroniqueur de la vie parisienne fut bien vite oublié et il fallut attendre les Goncourt à la fin du xixe siècle pour le redécouvrir. Chacun, dès lors, goûta l'art de Saint-Aubin et rechercha ses oeuvres. Grand collectionneur du xviiie siècle français, Camille Groult entra en possession d'un exceptionnel carnet réunissant plus d'une centaine de pages sur lesquelles le maître avait griffonné son quotidien. Longtemps ce rarissime témoignage de l'art de Saint-Aubin demeura jalousement gardé. Edmond de Goncourt ne put en donner qu'un dépouillement incomplet.
Quelques années après, Emile Dacier, grand spécialiste de l'artiste, ajouta quelques éléments nouveaux mais sans avoir obtenu de pouvoir examiner en détail le carnet. Le 20 novembre 1941, le Louvre en faisait l'acquisition. L'oeuvre livrait enfin tous ses secrets. Dacier en reprit l'étude et publia en 1943 un opuscule de quarante planches.
Aujourd'hui, c'est l'ensemble du carnet qui est pour la première fois reproduit à l'échelle réelle et étudié de manière exhaustive. De petites dimensions (18 x 12,5 cm), et réunissant 108 pages dont 103 illustrées et annotées entre 1759 et 1778, l'ouvrage est un document inestimable. L'artiste nous invite à parcourir les rues de Paris, à découvrir certains de ses monuments, à partager avec lui quelques événements marquants ou bien encore à vivre le quotidien de son petit monde peuplé de si nombreuses jeunes femmes toutes occupées à la lecture, à la musique ou aux travaux d'aiguille. De sa fine écriture souvent si difficile à lire, il a couvert de jour comme de nuit les pages de nombreuses annotations, noms de collectionneurs, prix de denrées, maximes ou bien encore localisations. Pour qui aime le Paris du xviiie siècle, pour qui cherche à mieux connaître l'art de Saint-Aubin, le carnet du Louvre invite indéniablement à la plus passionnante des découvertes.