å'dipe roi incarne le mythe grec le plus radical sur l'homme et la tragédie la plus accomplie du plus classique des tragiques grecs.
Condamné par le destin à tuer son père et à épouser sa mère, å'dipe a fui loin de ceux qu'il croit ses parents pour aller tuer un homme au carrefour de deux routes - son père -, puis épouser la reine de thèbes - sa mère. l'homme aux pieds tuméfiés paraît lentement au seuil du palais : il est seul, en plein jour, face à son peuple frappé par la pestilence. il poursuivra le criminel qui souille la lumière du soleil.
Son regard exprime la clairvoyance qui lui a permis de vaincre la sphinx. mais les trous de son masque annoncent aussi les orbites qu'il percera devant l'évidence : å'dipe rendra son visage conforme à son masque.
« L´épopée virgilienne n´est jamais languissante, elle a de la fluidité et du rythme ; avant même de saisir la beauté d´ensemble de l´oeuvre, nous percevons tout de suite, ligne à ligne, que l´écriture de l´Énéide est une des plus limpides et raffinées qui soit, semée de vers dont la pureté, l´opalescence et l´émotion donnent le frisson ».
Paul Veyne
L'Antiquité nous a donné les premiers génies, dont les génies du mal. Du mythe et de la fable à la littérature chrétienne, le lecteur de ces pages découvre ébahi les différentes facettes du jardin des supplices : meurtriers, princes et rois corrompus, dictateurs et tyrans, personnalités dépravées ou toxiques, pervers ou simples charlatans... Non seulement les Anciens les ont tous décrits, analysés ou représentés, mais ils ont eu quelques modèles d'exception. Entre pitié pour leurs victimes et fascination pour le mal, l'Antiquité tisse une tapisserie bigarrée des différents aspects du méchant, comme autant de figures fascinantes de l'altérité.
Prédécé d'un entretien sur le mal avec Daniel Mendelsohn, prix Médicis Étranger pour Les disparus.
En composant La Guerre du Péloponnèse, l'historien athénien Thucydide n'entendait pas seulement faire le récit du conflit qui, de 431 à 404 avant notre ère, avait opposé les deux plus puissantes cités grecques, Athènes et Sparte, mais aussi procurer à ses lecteurs un enseignement « pour toujours ». Il ne s'agissait pas seulement d'établir les faits de la façon la plus sûre, mais encore d'en éclairer le sens par les discours prêtés aux différents protagonistes. En suivant l'ordre chronologique, et en menant une enquête contradictoire, Thucydide a posé les fondements de la méthode historique : d'abord rechercher la vérité, ensuite dégager la logique des événements.
Écrire « un trésor pour l'éternité » telle était l'ambition de Thucydide. Elle fut amplement satisfaite : La Guerre du Péloponnèse n'a jamais cessé d'être lue et reste de nos jours un des chefs-d'oeuvre de la littérature antique. Sur son auteur cependant, nous n'avons que peu de renseignements. Thucydide est né entre 460 et 455 dans une famille aisée du dème d'Halimonte. Grand admirateur de Périclès, il participe à la vie politique d'Athènes et devient stratège. Cette charge ne lui attire guère d'honneur car il est contraint de quitter Athènes pendant 20 ans. C'est pendant l'exil qu'il rédige La Guerre du Péloponnèse, dont seuls 8 livres nous sont parvenus.
Contrairement à ce que l'on croit parfois, on voyage beaucoup dans l'Antiquité, à pied, à cheval, en voiture, surtout en bateau, le moyen le plus commode - bien que peu confortable et quelquefois dangereux - pour aller vite et loin. Et loin, ça peut vraiment l'être, la Méditerranée en tous sens bien sûr, mais aussi l'Inde, les côtes de l'Afrique tropicale, le coeur du Sahara, chez les barbares ou même sur la Lune ! Accompagnés de cartes, les textes de cette Bibliothèque idéale expliquent les raisons du départ, évoquent les destinations, les surprises et les déceptions. C'est aussi de nous qu'ils parlent, miroirs tendus aux enthousiasmes et aux peurs de tous les ailleurs étranges. On y trouve ceux qui avec courage se lancent dans l'inconnu, ceux qui cheminent douillettement, ceux qui ne voudraient pas partir mais qui le doivent, ceux qui restent et qui sont tristes, ceux qui se plaignent et ceux qui s'émerveillent, toute une palette humaine du sublime au médiocre, toutes les émotions aussi, Homère qui nous enchante, Aristophane qui nous fait rire, Simonide qui nous fait pleurer...
Qu'adviendrait-il des hommes si, un jour, les femmes s'emparaient du pouvoir ? les athéniens du vème siècle n'hésitaient pas à répondre : la mort.
C'est ce fantasme, ce cauchemar qu'aristophane met en scène dans lysistrata. pour sauver athènes et toute la grèce, les femmes décident de dire non à la guerre. quel moyen plus ingénieux pour convaincre leurs maris que la grève du sexe et la prise de l'acropole ? auparavant soumises au désir et à l'autorité de leurs époux, les femmes d'athènes luttent maintenant pour restaurer les vraies valeurs du mariage civique, seul garant de la pérennité de la cité.
Dans ce carnaval qu'est la comédie ancienne, les hommes cèdent : ils font la paix pour faire l'amour et pour se réapproprier le politique qui, le temps d'une pièce de théâtre, était l'affaire des femmes.
Probablement la plus célèbre des oeuvres sanskrites classiques, la Bhagavad-Gita n'est pas seulement un texte fondamental de la pensée indienne : depuis ses premières traductions européennes au XVIIIe siècle et sa lecture par les plus grands penseurs, elle a aussi eu une influence considérable sur la pensée moderne occidentale.
Incluse dans l'immense épopée du Mahabharata, elle se présente sous la forme d'un dialogue entre le dieu Krishna et le guerrier Arjuna alors que celui-ci doit sonner le début d'une immense lutte fratricide qui, il le sait, ravira la vie à d'innombrables membres de sa famille, alliés ou rivaux. Par son discours, Krishna montre à Arjuna la voix à suivre, celle du renoncement, du yoga et du détachement dans l'action rendu possible uniquement par la maîtrise des sens.
Les illustrations réalisées par Scott Pennor's pour cette édition mettent l'accent sur la dimension universelle de ce texte dont le message parle bien au-delà des cercles de spécialistes de la littérature sanskrite.
Cette entreprise éditoriale est doublement inédite, non seulement en français mais à l'échelle internationale, d'abord en raison de l'ampleur de l'oeuvre (63 discours, le même corpus occupe treize volumes dans la Collection Budé), d'autre part et surtout en raison de l'ordre chronologique adopté pour le classement des discours, ordre qui rompt avec la tradition textuelle habituelle. Cet ordre chronologique crée des voisinages inédits et donne une tout autre perception de l'oeuvre et de l'homme. La figure de Démosthène apparaît alors dans toute sa complexité, celle d'un homme qui a partagé sa vie entre les grands débats géopolitiques de son temps et une activité beaucoup plus triviale d'auxiliaire de parties impliquées dans des procès, celle d'un homme qui a connu beaucoup d'échecs et dont le rôle fut moins décisif que le mythe construit autour de son nom a pu le faire penser, mais aussi celle d'un homme qui a réfléchi avec beaucoup de profondeur sur le rôle du conseiller en politique, à bonne distance entre l'action directe et la définition d'axes et de principes valables pour un temps plus long et un espace géopolitique plus large. Les Lettres rédigées à Calaurie, peu de temps avant son suicide forcé, laissent voir aussi d'une manière particulièrement émouvante la déception et l'amertume cohabitant avec l'orgueil.
Lu Yu (733-804), auteur du Classique du thé, nous y décrit un art de vivre autour de cette boisson d'un raffinement insoupçonné. Il distingue neuf éléments primordiaux : la fabrication du breuvage, la sélection de la plante, les ustensiles employés, le choix du combustible, celui de l'eau, le séchage, la réduction en poudre, la cuisson et la dégustation. Il parcourut les principales régions de production du thé en Chine pour recueillir des informations autour de cette plante et faire un classement des meilleurs plants, s'adonnant à une critique des qualités de thé qui n'a rien à envier aux oenologues dans le domaine du vin.
À l'époque de Lu Yu, poésie, peinture, musique et dégustation du thé sont déjà et le deviendront encore plus après lui, des voies de développement spirituel. Influencé par son meilleur ami Jiaoran, un célèbre poète et moine Chan/Zen et ayant été lui-même élevé dans un monastère Chan, Lu Yu nous présente aussi le thé comme une Voie vers l'éveil et participe à la diffusion de cette boisson tant appréciée des lettrés, comme le montre notamment ce vers de Wang Wei (699-761) : « Une tasse de thé ! Je revis ! » La préparation du thé selon Lu Yu était fort différente de la mode actuelle par infusion des feuilles. Elle est décrite avec nombre d'images très poétiques qui font référence à des animaux ou des plantes et montrent le grand sens d'observation du monde végétal de Lu Yu. Ce texte a exercé une influence considérable, non seulement en Chine même, mais aussi au Japon et en Corée.
Le de amicitia, l'un des derniers traités de cicéron, s'inscrit dans une tradition de réflexion dont il ne nous reste avant lui que les témoignages de platon et d'aristote.
Mais cicéron, comme dans ses autres ouvrages, écrit pour son temps : au lendemain de l'assassinat de césar, il définit l'amitié à la fois d'après les concepts grecs et en fonction des conditions sociales et politiques de la vie romaine, avec l'intention d'en faire le fondement d'une renaissance de l'esprit républicain.
Cette alliance de la tradition romaine aux principes de sagesse grecs forme le coeur de l'humanisme cicéronien dont s'inspirera notre culture classique.
De Pline, Buffon écrit avec admiration, au fronton de sa propre histoire naturelle, qu'il « a travaillé sur un plan bien plus grand que celui d'Aristote : il a voulu tout embrasser, et il semble avoir mesuré la nature et l'avoir trouvée trop petite encore pour l'étendue de son esprit ». Le monumental livre de Pline n'est pas seulement l'un des documents les plus précieux que l'Antiquité nous ait laissés, il est surtout le signe d'une érudition bien singulière dans un tempérament parfaitement original. Nous ne saurons jamais avec certitude ce qui motiva cet homme de guerre et d'État à l'écriture d'une oeuvre dont l'esprit se pose au contraire de ce qui semble devoir constituer sa situation. Et l'on ne cessera jamais non plus de s'émerveiller face à l'étrangeté d'un livre qui non seulement recueille si vastement la totalité, traitant d'astronomie, de physique, de géographie, d'agriculture, de commerce, de médecine, d'histoire, de minéralogie, de botanique, d'art, de théologie ou de philosophie, mais également pose sur l'univers qu'il a rendu visible un regard de satiété dont ressort constamment la conclusion que les dieux sont pauvres et que cette totalité où ils habitent ne suffit pas.
L'émerveillement sincère devant tant d'objets, d'animaux, de parfums, de pierreries, de faits d'armes, de pays, de coutumes, de doctrines, de cultures et de cultes s'accompagne chez Pline d'une autre sincérité : celle d'une conscience d'homme ressentant la capacité du mystérieux recul dans lequel elle envisage la totalité et ses parties, s'y impliquant ou, précisément, bâtissant dans la neutralité l'encyclopédie du monde. Derrière l'entreprise gigantesque de Pline ressort non pas seulement la singulière richesse d'un contenu, mais la pensée qui s'en est détachée.
Au I er siècle de notre ère, Pline vient à la fois offrir la plus belle des encyclopédies R il reste aujourd'hui le seul auteur à rapporter certains phénomènes ou à constituer la source de nombreux faits R et donner expression à la conscience qu'elle ne se réduit pas à la totalité, si vaste soit-elle. L'Histoire naturelle est ce livre étrange et magistral qui dit d'un seul geste le contenu du savoir dans la condition de l'homme : tenant au creux de sa main l'univers entier qu'il transmet à tous, il est traversé en même temps par un souffle marginal, en qui est ressentie la preuve que son écriture n'est possible que si l'esprit est étranger à ce monde rempli d'étrangetés. C'est ainsi depuis un regard jeté du haut de sa condition que, dans cette oeuvre odysséenne, le lecteur assiste à l'éclosion de chaque détail du monde au sein de l'histoire d'homme.
La Consolation est un texte unique dans l'antiquité, un mélange de 39 proses et 39 poésies, où une figure allégorique, Philosophia, s'adresse à son élève (Boèce) et lui apporte la consolation de son enseignement (évidemment une présentation du monde de type néo-platonicien). Ce dialogue est l'oeuvre d'un haut personnage romain chrétien, sénateur et patrice, emprisonné et accusé de haute trahison, alors qu'il attendait la mort, vers 524 après J.-C.. Cette situation « d'urgence » et d'imminence de la mort (pensons à celle de Socrate), démenti par la belle sobriété du texte, est devenu un modèle pour la philosophie, dernier rempart de la beauté et de la méditation, symbole de résistance à l'oppression et de méditation sur la condition humaine.
La Consolation de Philosophie devait devenir l'un des ouvrages fondamentaux du Moyen Age, à côté de ceux de St Augustin, de St Benoît et de Bède le vénérable. C'est évidemment aussi un lointain modèle de la Divine Comédie de Dante. Boèce est un parfait représentant de la haute culture italienne de l'époque, déchirée entre sa fidélité à une tradition classique tenace (les satires grecques ou latines, la philosophie grecque, les consolations de Cicéron, Ovide ou Sénèque) et les réalités politiques de son temps, celui de l'Empereur Justinien (occupation par les Goths, la persécution des chrétiens, attrait d'un Orient encore brillant de sa vie culturelle).
Boèce, après des études approfondies, qui l'avaient mis en contact avec les sources grecques néoplatoniciennes, avait conçu un vaste projet d'acclimatation de la culture grecque en Occident par le moyen de traductions latines des grands textes philosophiques et scientifiques de l'Antiquité : c'est pourquoi il est révéré par tout le Moyen Age, qui lui doit sa connaissance des textes aristotéliciens et de leurs commentaires néo-platoniciens.
La présente traduction, inédite, est due à un spécialiste de Boèce ; elle tient compte des très nombreux travaux modernes (édition du texte latin chez Loeb en 1973).
Les Métamorphoses d'Ovide (43 av. J.-C.-17 ap.) sont pour la poésie latine une sorte de livre des records, de longueur (11995 vers évoquant ou narrant 250 métamorphoses en quelque 150 épisodes), mais aussi de variété des genres, des styles et des procédés narratifs. Couvrant toute l'histoire du monde, du chaos originel au temps d'Auguste où écrit le poète, sorte d'oeuvre-univers dont la structure labyrinthique fait un véritable et fascinant palais des mirages, « Légende dorée » ou « Vatican du paganisme », « Mille et une nuits de l'Antiquité » elles s'ouvrent sur un récit de la Genèse et s'achèvent, après un long et passionnant prêche philosophique prononcé par Pythagore (569-475 av. J.-C.), sur la promesse de divinisation de l'empereur régnant et d'immortalité du poète, après avoir offert au lecteur, sans jamais l'ennuyer, une profusion de récits épiques et de contes burlesques, édifiants, émouvants ou galants, dont la postérité n'a cessé de recycler les inépuisables joyaux.
Olivier Sers a traduit Ovide, entreprise sans précédent, vers pour vers, en alexandrins classiques restituant fidèlement le phrasé et la frappe poétique des hexamètres latins. Pour la première fois le lecteur moderne des Métamorphoses est placé dans la situation même du lecteur antique.
Dis-moi Muse, la colère d'Achille, les tourments d'Enée, la naissance du monde, les crimes d'OEdipe et les châtiments des dieux : la mythologie est un ciel infini et ses étoiles, dont nul ne sait si elles sont mortes ou vivantes, continuent de nous éclairer et de nous faire rêver. Elle occupe des pans entiers de notre imaginaire et des rayons entiers des bibliothèques.
Krishna épouse la belle Rukmini, incarnation de la Fortune. Celle-ci le prie de lui donner un fils et Krishna entreprend un long voyage vers le mont Kailasa dans l'Himalaya pour rendre les hommages au dieu Shiva qui seul pourra exaucer les jeunes époux. En route, Krishna rencontre des pishacha, ogres mangeurs de chair et buveurs de sangs, êtres parmi les plus impurs que l'on puisse imaginer. Contre toute attente, ceux-ci tombent dans une dévotion éperdue pour Vishnu, présent sur terre sous la forme de Krishna. Leur souhait : obtenir la libération tant désirée.
La Bhagavad-Gita publiée dans la même série affirme qu'aux yeux du sage, il n'y a pas de différence entre un brâhmane et un intouchable. Krishna et les ogres (qui compte 18 chapitres, tout comme la Bhagavad-Gita) illustre cette idée que la libération est accessible à chacun, quelle que soit sa classe sociale et quel que soit le dieu qu'il vénère, du moment qu'il le fait avec foi et application.
Le Kailasayatra (litt. "Le Pèlerinage [de Krishna] au Kailasa") figure dans la vulgate du Harivamsha, un long supplément au Mahabharata, qui raconte la biographie complète de Krishna. La présente traduction du Kailasayatra est la première dans une langue occidentale.
Dans cet unique exposé systématique de la doctrine épicurienne, Lucrèce nous enjoint à guérir le mal de vivre par la promesse du néant et à soigner notre angoisse par la contemplation des lois d'un monde fruit du hasard, où rien ne se perd ni ne se crée. Composer un traité de physique en vers enluminés de poésie et de beauté, de désespoir et de gaité, tel est le pari réussi du poète philosophe. Lucrèce a réussi à conjoindre deux incompatibles, l'explication et la célébration et s'est autorisé ce prodige immanent, une matière se faisant verbe parce que le verbe se fait matière. Ainsi ne craint-il pas d'établir une analogie entre la nature et son poème.
La Théogonie est le chant qu'élève en l'honneur des dieux Immortels un poète béotien inspiré par les Muses. Dans ce poème d'époque archaïque, Hésiode célèbre l'ordre divin du monde en racontant la formation de l'univers, la succession des générations divines et la répartition des honneurs parmi les dieux. L'histoire de la famille divine aboutit ainsi à la mise en place de l'ordre éternel de Zeus. Naissances, unions, conflits, alliances et combats dessinent une carte des puissances divines actives dans le monde. Ce processus théogonique attribue à chaque élément du cosmos, aux dieux immortels ainsi qu'aux hommes mortels, les prérogatives et la place qui leur reviennent.
Le poème d'Hésiode n'est pas seulement un chef-d'oeuvre de la littérature antique.
Il met véritablement en scène les puissances divines qu'un homme grec pouvait percevoir à l'oeuvre dans l'univers. La Théogonie atteste à quel point, en Grèce ancienne, poésie et religion étaient étroitement liées l'une à l'autre.
Les Entretiens de Confucius (Lunyu) sont, avec le Livre de la Voie et de la Vertu, l'ouvrage de la Chine ancienne le plus célèbre et le plus traduit en français.
Il se donne pour les propos du Maître recueillis par ses disciples et fournit un témoignage de son enseignement. Ce qu'il y a de remarquable dans cet ouvrage, c'est qu'il transmet moins une doctrine que ce que l'on pourrait appeler une « chorégraphie existentielle » qui a des résonnances éthiques et politiques. D'où l'usage très particulier du langage où le véritable contenu du message est en dehors des mots, dans le halo vague d'émotions suscitées par des paroles pour ainsi dire vides de sens. La traduction et les notes s'emploient à mettre en exergue cet aspect trop souvent négligé.
Les Entretiens ne sont pas l'oeuvre de Confucius lui-même. Ils n'en demeurent pas moins le document qui nous permet le mieux d'appréhender ce qu'a pu être la relation pédagogique - pratique tout à fait inédite et unique en son genre - instaurée par le Maître avec ses disciples à l'orée du Ve siècle avant notre ère. Il convenait donc d'en fournir une version qui permettait de restituer au plus près la figure de Confucius, alors même que celui-ci est l'objet d'une double tentative de récupération et de déni. D'un côté les autorités de Chine populaire, depuis un certain nombre d'années, s'emploient à le remettre sur son piédestal de Saint, légitimant ainsi leurs prétentions à l'hégémonie mondiale ; et de l'autre, la nouvelle école de sinologie américaine s'acharne à démontrer que Confucius n'a jamais existé et que les Entretiens sont une fabrication tardive datant de la seconde moitié du deuxième siècle avant notre ère.
Ce maître-livre de la réflexion machiavélienne déroule, le long de trois livres et de plus de 150 chapitres, un commentaire saisissant des dix premiers livres de l'Histoire romaine de Tite-Live. Chaque intitulé pourrait avoir valeur de maxime où se détache, en lame de fond, la célèbre devise de Machiavel «Faire face à la fortune». Les Discours subordonnent ainsi la vertu à la fortune c'est-à-dire la liberté des choix et des décisions aux nécessités de l'histoire. Ce faisant, l'auteur florentin contourne les héritages de la philosophie antique - en particulier platonicienne - les conceptions médiévales empreintes de métaphysique chrétienne ainsi que les modèles humanistes qui l'entourent, pour proposer une nouvelle définition de la «politique», dans sa théorie comme dans sa pratique.
« Celui qui désire une vie sans maladies sera bien avisé de ne pas prendre le remède prescrit par un médecin qui n'en connaît pas l'emploi. » L'ayurveda contemporain se réclame d'une origine ancestrale. Nombre de textes sanskrits anciens nous sont en effet parvenus mais que disent-ils au juste ? Cet ouvrage propose la première anthologie en langue française de textes classiques, introduits et commentés, pour découvrir cette médecine indienne traditionnelle et savante.
Les extraits, sélectionnés par Michel Angot au sein des grands traités ayurvédiques (Caraka-samhita, Susruta-samhita, Ashtanga-hridaya-samhita, etc.), fournissent des réponses à des questions comme : Qu'est-ce que la santé, qu'est-ce que la maladie ? Qui soigner, qui ne pas soigner ? Avec quoi soigner et dans quel but ?
Ni Platon ni Homère ni Cicéron n'ont prononcé le mot magique « utopie », forgé par Thomas More en 1516. Pourtant ils l'ont non seulement pensé, mais décrit dans des textes somptueux et profonds, tous rassemblés dans ce volume surprenant. Au lecteur de découvrir un véritable foisonnement, les mythes de l'âge d'or ou du paradis terrestre, les pays et les lieux imaginaires, les architectures, les villes, les Arcadies heureuses où il fait bon vivre, à l'écart, loin, les millénarismes enfin et les annonces prophétiques, bouleversantes, d'un règne divin.
Paix, justice, égalité, communauté des biens, la recherche d'une société idéale témoigne, en creux, du malheur et de la misère de la société humaine réelle, de l'injustice, des guerres, et de l'espoir inextinguible d'un monde meilleur.
« La fortune vient au-devant de l'homme actif et vaillant. Dire que c'est le destin qui nous donnera tout, c'est parler en lâche. Laissez le destin de côté et, ne comptant que sur vos propres forces, montrez de l'énergie.
Si, malgré vos efforts, vous ne réussissez pas, qu'aura-t-on à vous reprocher ? » Un roi, déplorant le manque d'instruction de ses fils, demande à un brâhmane versé dans la science politique de remettre les princes sur le droit chemin. Celui-ci s'exécute et met sur pied un programme d'enseignement en quatre parties : « L'acquisition des amis », « La désunion des amis », « La guerre » et « La paix ». Il propose aux jeunes princes de s'asseoir autour de lui et commence à leur raconter une série de fables imbriquées, sans négliger de faire ressortir les enseignements à tirer de chaque histoire.
Datant probablement du IXe ou Xe siècle, le Hitopadesha puise dans le fonds commun de fables et de contes et s'inspire, en les réarrangeant, de différents autres recueils, célèbres (comme le Pantchatantra) ou disparus. L'introduction de Michel Angot remet ce texte dans son contexte historique et insiste sur la vocation première de ces fables : enseigner la clairvoyance, la stratégie et la raison d'État aux jeunes princes.