Les exploits des Trois Mousquetaires fascinent toujours les lecteurs, Dumas combinant le prestige du roman historique à l'efficacité dramatique du roman-feuilleton. L'édition critique de Charles Samaran remonte aux sources historiques d'un récit ancré dans l'histoire nationale et l'imaginaire collectif.
Le cinquième volume d'À la recherche du temps perdu, paru en 1923, est le premier des trois posthumes. Il repose sur un étrange huis clos, entre Albertine, prisonnière insaisissable, et le héros, qui s'enferme dans l'enfer de la jalousie, mais s'approche du moment où va éclore sa vocation.
Poème allégorique complexe et foisonnant, La Divine Comédie mène le lecteur des neuf cercles de l'Enfer aux terrasses du Purgatoire pour aboutir aux neuf sphères du Paradis. Cette oeuvre est autant le récit didactique de la conversion de l'âme du poète perdu « au milieu du chemin de la vie » que l'avènement d'une création poétique universelle et totale alliant les traditions antique et médiévale au « poème sacré ». Sous l'égide de Virgile puis de Béatrice, Dante nous donne à voir des histoires tragiques et des visions mystiques, qui ont durablement inspiré les peintres, écrivains, musiciens et cinéastes. L'édition critique d'Henri Longnon éclaire la dimension historique et politique d'une oeuvre également ancrée dans les débats de son époque.
Le manuscrit d'À rebours, conservé à la Bibliothèque nationale, est le seul vestige connu de la phase prééditoriale du roman de J.-K. Huysmans, publié en mai 1884. Ratures, ajouts, variantes ou ébauches avortées: le travail d'écriture est sensible dans ce brouillon, dont l'édition critique devrait faciliter les comparaisons avec le texte publié. Rédigé à grands traits ou griffonné et débordant l'espace de la ligne, nous voyons naître un texte qui marquera l'histoire littéraire: oeuvre en germe, mais déjà oeuvre à part entière.
Héroïne à la fouge délicieusement exotique, Indiana échappe à tout plan romanesque. Par elle transparaît la réalité de l'âme humaine, l'authenticité des passions et des voluptés. Entre Paris et la Réunion, entre la Restauration et la monarchie de Juillet, elle profile les déchirements d'une société, mais aussi les déploiements d'une révolte intérieure contre des moeurs patriarcales et bourgeoises. Avec ce premier roman signé de sa seule plume, George Sand obéit à une impulsion ; impulsion à la verve éminemment moderne et dont la justesse lui vaudra la reconnaissance immédiate de ses pairs.
L'appareil critique de cette édition, soigneusement établi par Pierre Salomon, rend toute justice à la place de l'auteure dans son siècle.
Pons est l'archétype du personnage balzacien : monomane entièrement voué à sa passion de collectionneur et martyr d'un entourage vénal, il révèle ces « moeurs que les familles ensevelissent dans l'ombre ». Mais il est aussi un de ceux qui reflètent avec le plus d'authenticité le portrait intime de Balzac. oeuvre de maturité, venant clore le diptyque qu'il forme avec La Cousine Bette, Le Cousin Pons nous rappelle la noble gran- deur du bien en dépit d'un monde qui ne le laisse pas triompher. La présente édition, savamment introduite et annotée par Anne-Marie Meininger, met en lumière sa place capitale dans une Comédie humaine dont il fut la dernière pierre...
Anne-Marie Meininger est spécialiste des oeuvres de Balzac et de Stendhal. Grande préfacière, elle dirigea notamment les éditions des Scènes de la vie parisienne (1977) et du Rouge et le Noir (1931).
Formée à partir de plusieurs nouvelles, cette Scène de la vie privée est l'une de celles que Balzac aura le plus longuement remaniées. S'y orchestrent, comme autant de drames intimes, des saynètes de la vie conjugale, au coeur desquelles le destin amer de Julie Aiglemont se noue d'âge en âge, en tant qu'épouse puis mère. Alliant l'art de la satire, de la peinture sociale et du rocambolesque, Balzac livre un roman-feuilleton engagé, qui interroge avec acuité la condition des femmes dans ce jeu d'apparences qu'est le mariage.
Ainsi déploie-t-il, sur fond historique, une trame éminemment moderne, que cette édition critique établie par Maurice Allem se propose de mettre savamment en lumière.
Balzac projetait l'écriture d'une nouvelle : mais La Cousine Bette se déploie au fil de sa plume, grossit et finit par s'imposer comme l'un des drames les plus riches et les plus fournis de La Comédie humaine. Lisbeth Fischer n'est pas seulement la parente pauvre, elle est l'incarnation féminine de la frustration et du sadisme qui, par jalousie, s'emploie à causer la ruine financière et morale de sa propre famille. Figure redoutable dans laquelle l'auteur télescope les femmes qui l'auraient malmené, elle représente le pendant noir du Cousin Pons. Cette édition critique de Maurice Allem remet à l'honneur «ce roman terrible» avec lequel Balzac n'entendait pas moins que surpasser Eugène Sue.
Maurice Allem, de son vrai nom Léon Allemand, fut historien de la littérature et co-éditeur de la revue des Lettres françaises. Cet éminent philologue, spécialiste de la littérature française au xix e siècle, signa d'importantes monographies sur Balzac, Sainte-Beuve, Musset, ainsi qu'une étude historique, La Vie quotidienne sous le Second Empire (Paris, 1948).
« Mon livre est tout entier une invective contre les romans de chevalerie » avertit sans détour Cervantès. Difficile, en effet, de prendre au sérieux les aventures abracadabrantes de cet hidalgo improvisé, adoubé par un aubergiste, et suivi comme son ombre par un écuyer paysan. En défiant la littérature chevaleresque et en se jouant des codes, Cervantès ne se cantonne pourtant pas à la caricature. Ridicule jusqu'au panache, Don Quichotte de la Manche se hisse dès le xviie siècle en mythe intemporel que l'on ne cesse de lire et de réinterpréter. Enrichi d'un apparat critique de Maurice Bardon, l'ouvrage à la polyphonie foisonnante continue de surprendre par sa modernité et par son burlesque sublime.
Le récit cadre de l'Heptaméron place l'oeuvre de Marguerite de Navarre dans la lignée du Décaméron de Boccace : dix personnages se réfugient dans une abbaye et partagent des histoires. Elle s'en démarque cependant en proposant après chaque récit de véritables « disputes » rendant compte des contradictions de l'âme humaine.
Paul et Virginie est depuis sa parution en 1788 une des oeuvres les plus lues, éditées et diffusées de la littérature française. La présente édition s'efforce de donner les éléments nécessaires pour comprendre l'oeuvre dans son contexte premier et dans le projet général de l'auteur.
Corinne, qui s'est choisi une existence sous le signe de la liberté créatrice, est prête à vivre en union libre avec Oswald. Ce roman philosophique traite à travers ses personnages des rapports entre les nations et les sexes mais aussi du conflit de l'individu avec la société, conflit d'autant plus tragique que l'héroïne est femme et artiste.
Le Médecin malgré lui. Pastorale comique. Le Sicilien ou l'Amour peintre. Amphitryon. Georges Dandin ou le Mari confondu. L'Avare. Monsieur de Pourceaugnac. Les Amants magnifiques. Le Bourgeois gentilhomme. Psyché. Les Fourberies de Scapin. La Comtesse d'Escarbagnas. Les Femmes savantes. Le Malade imaginaire. La Gloire du Val-de-Grâce. Poésies diverses.
Les Lettres d'une Péruvienne paraissent pour la première fois en 1747. Une seconde édition augmentée de trois lettres et d'une introduction historique paraît en 1752. La présente édition du texte de 1752 comprend les variantes de l'édition de 1747 et des documents qui soulignent l'originalité de l'ouvrage.
Dans ce chef-d'oeuvre de la littérature polémique, Pascal défend, avec pour seules armes l'ironie et l'indignation, les droits de ce qu'il nomme « la vérité » et ceux de la conscience contre la violence des institutions. Le riche paratexte en éclaire les enjeux historiques, littéraires et spirituels.
Comment être plus moderne que Scarron, en un temps où l'on goûte de nouveau le mélange des genres, du burlesque au galant, du grotesque au réalisme, du vraisemblable au romanesque, de la satire des caractères à quelques observations sociales essentielles? Au travers d'aventures comiques et amoureuses, ce romancier très conscient des jeux et des enjeux de la fiction donne à réfléchir «comiquement» à ce que c'est que de «raconter une histoire», pour le plaisir et l'instruction des lecteurs.
Édition établie par Jeanne-Lydie Goré à partir du manuscrit autographe (B.
N. Res 14944) complété par le cahier et les feuillets autographes (FF), enrichi des corrections et additions ajoutées par Fénelon à la " copie dite de l'abbé Porée ".
Quand il écrit Mademoiselle de Maupin en 1835, Théophile Gautier y verse toute la liberté et l'ardeur de ses vingt-quatre ans. Un coup d'éclat valu d'abord par ce destin amoureux rocambolesque de Madeleine, actrice scandaleuse, qui manie l'épée comme le travestissement. Mais aussi par un art de la forme composite qui allie correspon- dances et récits, fantaisies et morceaux de bravoure ; ou encore par une préface devenue célèbre, fustigeant non sans verve les journalistes braillards en temps de polémique, et affirmant un art exempt de tout autre dessein que lui-même. Adolphe Boschot, à qui l'on doit cette édition critique, nous le rappelle bien : « Avant de parler de Maupin, il faut la relire, et avec soin. »
Indissociables du reste de son oeuvre, les écrits philosophiques de Diderot ont pour- tant traversé les siècles dans la clandestinité : éclipsés par le rayonnement de l'Encyclopédie, souvent amputés par l'auteur lui-même pour ménager ses contemporains, il leur reste beaucoup à nous révéler. C'est la pensée la plus authentique, la plus personnelle et la plus audacieuse de Diderot que la présente édition, établie par Paul Vernière, s'attache à rendre dans le respect des textes manuscrits. De la Lettre sur les aveugles au Rêve de d'Alembert, toute la profondeur de ce philosophe matérialiste, qui arc-boute sa morale sur les connaissances nouvelles en physiologie, se retrouve dans ces pages aux allures de conversations.
Au-delà de l'esthétique naturaliste, Germinie Lacerteux inaugure un nouveau type de roman psychologique, où le personnage incarne le discours médical tout en suscitant la compassion du lecteur. Cette édition de référence renouvelle la lecture de l'oeuvre à la lumière de nombreux inédits et d'un important dossier de réception.
Cette édition est strictement chronologique. Le tome I est abondamment illustré, puisqu'il reprend toutes les gravures de Jarry lui-même, et celles qu'il convoque pour les commenter. Outre un rigoureux établissement du texte, l'apparat critique renouvelle entièrement la connaissance que l'on avait de la manière d'écrire de Jarry, à partir de ses cultures les plus diverses.