Qui a tué le roi Hamlet ? Sa veuve, la reine Gertrude ? Son frère Claudius, devenu roi en épousant la veuve ? Le jeune prince Hamlet, visité par le fantôme de son père, les soupçonne tous deux... "Il est admis par tous qu'Hamlet est plus vivant qu'un homme qui passe." Alfred Jarry.
En 1777, quand la promenade des Champs-Elysées devient un lieu public et que « tout Paris y est », le comte d'Angiviller, directeur des Bâtiments du roi, décide de la doter d'un gardien, fort d'une petite troupe de quatre soldats. Il les choisit parmi des militaires sûrs, les troupes suisses, et nomme à leur tête Ferdinand de Federici, originaire des Grisons, homme dévoué, zélé, d'extraction modeste, qui va faire de cette promenade sa « chose ».
Chaque semaine, Federici écrit un « rapport », décrivant ses actions de police et son lien de plus en plus affectif à cet endroit entre ville et campagne, fréquenté par les aristocrates comme par les pauvres hères, lieu des jeux, des loisirs, des promenades et des parades, espace de la séduction, de la convoitise, du voyeurisme, mais aussi de l'émeute et de la violence. Les querelles, les duels à l'épée ou au pistolet, les batailles collectives, les jeux de barres interdits, les chapardages, les émeutes d'étudiants, les ventes à la sauvette, les attroupements autour des carrosses, les dragues de prostituées et les « agissements des pédérastes », sont le pain quotidien de la garde des Champs-Elysées.
Federici et ses hommes sont les rois du flagrant délit: ils surprennent la vie de Paris sur le vif, la ville la plus populaire comme la plus mondaine. A chaque rapport, de son écriture vive, colorée, réaliste, Federici croque des scènes qui ressemblent à des esquisses de peintre, aux zébrures de la vie quotidienne du XVIIIe siècle, nous donnant des informations à la fois banales et captivantes.
ces mémoires datent de 1759, l'année de candide.
jamais les petits violons de m. de voltaire n'ont fait entendre musique plus vive et plus entraînante. mais que le lecteur n'attende pas la moindre confidence. qu'il n'attende même pas un récit complet des événements auxquels voltaire fut mêlé dans la période qu'il raconte. s'il feint d'écrire son autobiographie, son propos est autre : il procède à un règlement de comptes. dans son esprit, ses mémoires ne doivent pas tant servir "à la vie de m.
de voltaire" qu'à la vie du roi frédéric ii de prusse. ce livre a d'ailleurs été autrefois édité sous le titre vie privée du roi de prusse. le mélange de ressentiment et d'admiration est évident. le ressentiment n'a pas rendu voltaire injuste : il n'a fait qu'aiguiser sa lucidité. le texte est suivi d'un choix de lettres qui donnent un autre éclairage sur ce que l'on a appelé l'aventure prussienne de voltaire.
cette édition permet de se faire une idée complète de ce que furent les relations du poète et du roi.
le comte molé (1781-1855) est bien connu des historiens du premier empire, de la restauration et de la monarchie de juillet ultime héritier de la plus illustre des familles de robe, distingué par napoléon, il a poursuivi une brillante carrière de " grand commis ", qui le conduisit au ministère des affaires étrangères, puis à la présidence du conseil.
mais ce personnage officiel dissimule une personnalité aussi complexe qu'attachante. mathieu molé commença par être un adolescent solitaire, introverti, à la sensibilité frémissante, que le cauchemar de la terreur obligea de bonne heure à ne compter que sur lui-même : c'est ce que nous révèle la première partie de ses mémoires, retrouvée en 1939. ces souvenirs de jeunesse nous apprennent ce que fut le dur apprentissage de la vie dans la france renaissante du directoire.
ils nous offrent enfin un tableau contrasté de la période consulaire : bonaparte ouvre le siècle nouveau, oú vont apparaître de nouvelles étoiles montantes (ainsi chateaubriand, sur lequel molé apporte un témoignage incisif).
C'est en 1919 que Johnston devint le tuteur de P'u-Yi, le dernier Empereur de la dynastie Ch'ing qui, sans aucun pouvoir politique, vivait encore dans la Cité interdite avec une cour, des serviteurs et toutes les préséances qui étaient dues à son rang. Johnston bénéficiait d'un traitement de faveur particulier : lorsqu'il entrait dans une pièce où se trouvait l'Empereur, ce dernier devait se lever et attendre qu'il se fût assis. Ce professeur anglais raconte ses journées d'enseignement avec P'u-Yi, certains de ses traits de caractère, son intelligence et son intérêt pour la politique de la toute nouvelle République. Johnston nous donne une vision très intéressante de la vie de cour à l'intérieur de la Cité interdite, toujours avec un souci d'historien de la pensée philosophique ou politique chinoise. C'est de la Cité interdite - où arrivaient journaux et messagers de toute la Chine - que Johnston voyait se mettre en place les rivalités entre partis, factions, et personnalités diverses, jusqu'à la chute de l'Empereur.
« Faites l'amour, pas la guerre » : telle n'aurait certainement pas été la devise du marquis de Valfons. Si l'on en croit ses Souvenirs, il a autant fait l'amour que la guerre. Et toujours dans la joie. Né à Nîmes en 1710, ce petit gentilhomme languedocien embrasse simultanément la carrière des armes et celle d'un don Juan aux aventures piquantes, que lui facilitent ses fréquents séjours à Versailles. A vingt ans, il est déjà au fait des secrets de la Cour. Quasi incognito, il assiste aux débuts de la liaison de Louis XV avec madame de Pompadour. Chose rare, il plaît aux femmes sans se faire haïr des hommes, d'où le nombre de ses amis aussi élevé que celui de ses maîtresses, qu'il désire, qu'il aime à sa façon, celle d'un libertin accompli. Aide de camp préféré du maréchal de Saxe, distingué par le roi et les ministres, il devient l'un des gentilshommes les plus répandus dans le monde. Consécration suprême : le monarque l'invite aux soupers des petits cabinets. Mais il ne doit pas à ses seuls talents de courtisan son avancement rapide dans l'armée. Sa bravoure, son intelligence de la tactique, son humanité à l'égard des soldats justifient ses promotions : le militaire philosophe se cachait sous les atours du petit marquis. Troussés d'une plume alerte et spirituelle, ses Souvenirs sont l'une des plus vivantes chroniques de la cour au XVIIIe siècle.
En 1739, charles de brosses, âgé de trente ans, conseiller au parlement de bourgogne, part avec un groupe de gentilshommes à la découverte de l'italie.
Pendant une année, il adresse à ses amis et parents de dijon des lettres si appréciées qu'on en fit des copies. a son retour, le futur président travaille à partir de sa correspondance afin de remanier ces lettres, qui furent éditées pour la première fois en 1799, ces " lettres familières " constituent un des plus charmants récits de voyage en italie qu'un écrivain français nous ait laissé. charles de brosses est libertin, cultivé, ironique, fin observateur et décrit brillamment les moeurs, les événements du temps et l'italie de toujours, celle des arts.
Dans les Mémoires de l'abbé Morellet revit un microcosme qui, à Paris, rassemble philosophes, gens du monde et gens " en place ".
Quelques dizaines de salons, quelques cafés, deux ou trois sages de théâtre, les Tuileries et l'Opéra : voilà l'univers. Morellet fait le récit d'une existence intimement mêlée à la vie littéraire et artistique de ces quarante ou cinquante années qui furent sans doute les plus belles de notre histoire. La description des " années heureuses " qui précèdent la Révolution nous apporte un des témoignages les plus riches et les plus complets qui soient.
Nous voyons Mme Geoffrin sourire et Diderot s'envelopper dans sa robe de chambre pour contempler, goguenard, deux prêtres disputer d'athéisme ; Mlle de Lespinasse flatter ses visiteurs pour les faire parler et le baron d'Holbach, venimeux, alimenter le " complot " contre J.-J. Rousseau... Poètes, musiciens, journalistes, peintres, " amateurs ", hommes de lettres de toute espèce composent des tableaux colorés où se mesurent les nostalgies et les regrets de toute une époque détruite par la Révolution.
L'aspect le plus original des mémoires de la baronne d'oberkirch réside sans doute dans le tableau fidèle qu'elle nous donne d'abord de la vie au xviiie siècle dans une province française au statut très particulier : l'alsace, son pays natal.
Elle nous raconte avec fraîcheur et esprit ses séjours à strasbourg - le strasbourg de goethe et du cardinal de rohan -, et ses visites à la cour de montbéliard oú la princesse dorothée de wurtemberg était son " amie de coeur ". c'est pour retrouver celle-ci, devenue grande-duchesse de russie et qui faisait en france un voyage semi-officiel avec son époux, que madame d'oberkirch se rend pour la première fois à paris, en 1782.
Elle rédige alors son journal qui est la partie la plus célèbre des mémoires. tous les historiens des moeurs avant la révolution connaissent cette chronique savoureuse oú défilent rois et princes, gens de lettres et magiciens, coiffeurs et modistes. les anecdotes alternent avec les récits et les mots historiques. comme elle le dit elle-même : " l'histoire se compose aussi de ces détails ; ils peignent l'époque.
".
Il semble que pepys n'ait eu d'autre désir que de se montrer respectable et qu'il ait tenu un journal pour montrer qu'il ne l'était pas, disait stevenson.
Samuel pepys, haut fonctionnaire de l'amirauté, écrivit son journal de 1660 à 1669. c'est un document inestimable sur les premières années de la restauration en angleterre. cromwell meurt en 1658 et, deux ans plus tard, le fils du roi décapité est couronné sous le nom de charles ii. commence alors une période marquée par une grande réaction contre le puritanisme. pepys est un grand bourgeois respectable et comblé, mais son journal - insoupçonné de ses contemporains - révèle un autre personnage, viveur, jouisseur, ingénu et cynique, curieux de tout, de la cour comme de la ville.
Source incomparable de renseignements sur la vie à londres au xviie siècle, le journal de samuel pepys présente avec vigueur, pittoresque et drôlerie, le portrait d'un ineffable excentrique.
Le nom d'un seul être symbolise rarement une époque. C'est pourtant le cas de Barras : il demeure l'homme du Directoire, régime sans grande autorité, succédant à la Terreur et dont la liberté de moeurs a été jugée sévèrement. Il passe surtout pour l'amant de Joséphine de Beauharnais qu'il a jetée dans les bras de Bonaparte, dont il a assuré la carrière avant que celui-ci ne l'évince du pouvoir. Aventurier, jouisseur corrompu, vivant dans un luxe effréné, cet aristocrate provençal rallié à la Révolution s'impose comme l'un de ceux qui mirent fin au pouvoir de Robespierre et permirent à la République de survivre quatre ans encore, au long d'une sorte de principat exercé au milieu des orages, avant l'établissement du Consulat et de l'Empire. Proche de la jeune génération romantique lorsqu'il se mit à écrire ses Mémoires, il prit conscience de l'intérêt romanesque de ses souvenirs : sa jeunesse aventureuse, ses relations avec Mme de La Motte dans l'affaire du Collier, sa visite chez Robespierre au printemps 1794, sa découverte horrifiée de l'enfant du Temple, le récit détaillé du 9 Thermidor, ses rencontres avec Mme de Staël, Talleyrand, Fouché...
L'auteur de la guerre des boutons raconte ici l'histoire inoubliable et émouvante d'un chien et de ses maîtres.
Miraut, donné à des paysans, devient tueur de poules et braconnier. on s'en débarrasse en le vendant. mais il revient toujours près de son ancien maître.
Quand il comprend qu'on ne veut plus de lui, il hurle de faim et de douleur dans les bois, pendant que l'homme et la femme tremblent en silence dans leur maison. qu'adviendra-t-il de miraut ?.
Fils d'un prince roumain exilé en France, Maurice Paléologue (1859-1944) débute une brillante carrière au quai d'Orsay dès 1880. Il est nommé ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg au printemps de 1914. Partisan inconditionnel de l'alliance franco-russe qu'il est chargé de resserrer, il croit en la force du " rouleau compresseur russe " lorsque la guerre éclate. Comme beaucoup de ses contemporains, il est persuadé que le conflit sera bref et se soldera par la victoire des alliés. Il déchante bien vite et devient le spectateur inquiet de la détérioration du tsarisme. Il demeurera en poste auprès du gouvernement provisoire jusqu'à son rappel, au mois de mai 1917. Pendant toute cette période, il tient un journal précis dont la lecture s'apparente à un feuilleton. Très proche de la famille impériale, il se livre à une sérieuse critique du régime, dénonçant la bureaucratie, la police,, l'impéritie des hommes politiques et des chefs militaires. Il brosse un tableau terrifiant de Saint-Pétersbourg : il évoque aussi bien la misère populaire que la lourde atmosphère de la cour et le rôle délétère de Raspoutine, dont il relate de façon haletante l'assassinat le 31 décembre 1916. Les portraits du couple impérial qu'il côtoie quotidiennement sont saisissants de réalisme. Un document exceptionnel sur la fin du règne de Nicolas II.
Le 24 février 1690, une escadre de six vaisseaux appareille de lorient pour pondichéry.
Sa mission : relancer le commerce des indes et donner la chasse aux vaisseaux anglais et hollandais. ses aventures, batailles, tempêtes, peste, escales, retour par la martinique, vont trouver un reporter exceptionnel : robert challe, le plus grand écrivain français de la période 1680-1715. resté inconnu par goût de l'anonymat, il a été exhumé par frédéric deloffre. son journal paraît ici intégralement, éclairé d'un commentaire attentif.
Rapportés au fil des jours, les événements gagnent en tension dramatique : tragiques comme la mort du capitaine ; souriants comme l'aventure, délicatement contée, de l'auteur avec une esclave persane de pondichéry ; émouvants comme la fin d'une petite guenon, blessée avec son faon par un chasseur, dont la mort arrache des larmes aux plus endurcis. enrichi de réflexions de tout ordre, de mots d'humeur, d'observations ethnologiques, le journal d'un voyage fait aux indes orientales est le chef-d'oeuvre inattendu du grand siècle.
Sophie wilhelmine, comme son frère frédéric ii, aimait les décorations rococo, les chinoiseries, les ornements capricieux, peints ou sculptés, avec beaucoup de feuillages, de fleurs, de perroquets, de guirlandes et de rubans.
La plume à la main, elle devenait autre : un mémorialiste féroce, réaliste, sans pitié, qui, à distance, effarouchait sainte-beuve. les mémoires de la margrave ne se rapportent qu'à sa jeunesse et à son mariage. c'est le tableau le plus vivant, le plus coloré et certainement le plus exact de la cour prussienne au temps du terrible roi-sergent, frédéric-guillaume ier, le collectionneur de grenadiers géants.
C'est aussi le tableau de la petite cour de bayreuth, assez misérable par la faute d'une mauvaise administration, avec un vieux prince ivrogne, qui était néanmoins populaire, parce que son seul plaisir était d'aller au cabaret. ces mémoires font penser parfois au plus féroce saint-simon. ils font découvrir une allemagne que nous ne connaissons guère, et aussi un écrivain français pittoresque, amusant et cruel.
C'est en 1919 que johnston devint le tuteur de p'u-yi, le dernier empereur de la dynastie ch'ing qui, sans aucun pouvoir politique, vivait encore dans la cité interdite avec une cour, des serviteurs et toutes les préséances qui étaient dues à son rang.
Johnston bénéficiait d'un traitement de faveur particulier auprès de l'empereur : lorsqu'il entrait dans une pièce oú se trouvait l'empereur, ce dernier devait se lever et attendre qu'il se fût assis. ce professeur anglais raconte ses journées d'enseignement avec p'u-yi, certains de ses traits de caractère, son intelligence et son intérêt pour la politique de la toute nouvelle république. johnston décrit également le mariage de l'empereur, et d'autres scènes privées auxquelles il lui fut donné d'assister ou de participer.
Johnston nous donne une vision très intéressante de la vie de cour à l'intérieur de la cité interdite, toujours avec un souci d'historien de la pensée philosophique ou politique chinoise. c'est de la cité interdite -oú arrivaient journaux et messagers de toute la chine - que johnston voyait se mettre en place les rivalités entre partis, factions et personnalités diverses, jusqu'à la chute de l'empereur.
De 1836 à 1848, delphine de girardin a publié dans la presse, un quotidien dirigé par son mari emile de girardin, un feuilleton hebdomadaire, " courrier de paris ", sous le pseudonyme du vicomte de launay.
Célèbre depuis son enfance, elle était la fille de sophie gay, elle-même ex-merveilleuse et auteur d'anatole, qu'aimait napoléon. après son mariage, delphine de girardin reçut le tout-paris des lettres et des arts : balzac, dumas, eugène sue, théophile gautier, etc. on ne pouvait rêver meilleur observateur pour tenir cette chronique du monde à la mode. ces lettres, dont le mercure de france publie le texte intégral, sont un reportage au jour le jour sur la vie parisienne au temps de louis-philippe, le pendant idéal aux mémoires de la comtesse de boigne.