La Veuve blanche et noire un peu détournée est un roman d'apprentissage racontant l'éducation sentimentale du jeune Straram âgé de 18 ans par une femme de 20 ans son aînée. Il fait de cet épisode mineur, longtemps ressassé, la clé de son indépendance intellectuelle et affective. Cette oeuvre autobiographique peut également être comprise dans le sillage des pratiques lettristes puisqu'elle fait un usage constant de "détournements".
"Canjuers", nom d'emprunt, mode de l'époque (les années soixante), d'un jeune diplômé en géographie qui prend le nom d'un vaste plateau qui devient l'une des bases militaires les plus célèbres, premier camp de la guerre moderne des fusées.
P. Canjuers a commis avec Guy-Ernest Debord Les Préliminaires pour une définition de l'unité révolutionnaire qui fut l'un des textes fondateurs de la tendance politique qui bientôt dominera l'I.S. (même si elle se révélera plus un jeu qu'un enjeu...). Canjuers-Blanchard jusqu'alors plutôt inconnu du brouhaha situationniste (hormis d'un groupe quelque peu initié) n'a jamais eu un quelconque démêlé ni avec G.-E. D. ni avec quiconque de l'I.S., un peu à la manière d'Asger Jorn. Il connut G.-E. D. à Socialisme ou Barbarie, la future bête noire de l'I.S. C'était la période pétillante, fondatrice du mouvement. Il s'en éloigna sans se renier, ce qui en quelque sorte lui permet aujourd'hui d'être toujours le même. Pour la première fois depuis qu'il cessa le compagnonnage avec l'I.S. Blanchard dit qu'il est Canjuers, et à sa façon, ce que fut et reste Debord. H. T.
Cet entretien entre Jean Baudrillard et Jean-Louis Violeau.
Date de 2001. Dans le cadre de sa thèse d'État Jean-Louis Violeau étudie les groupes radicaux des années soixante-dix, notamment en France ceux de la mouvance conseilliste, dont le groupe Utopie dont fit partie Jean Baudrillard, qui n'avait jamais commenté son adhésion à ce groupe dont il était l'un des cinq fondateurs (pas plus d'ailleurs qu'il n'a jamais expliqué ses engagements dans ceci ou dans cela, Jean Baudrillard accompli plus qu'il ne commente).
Le titre Rendez-vous sur tes barres flexibles donné à cet ouvrage est emprunté à un poème de René Char datant de 1986. Dédié au couple de danseurs étoiles que Wilfride Piollet forme avec son mari Jean Guizerix, ce poème ouvre les pages d'un ouvrage empli de documents photographiques pris lors de leur parcours scénique. Aidée de la pensée érudite de Gérard-Georges Lemaire, Wilfride Piollet propose dans ce livre de mettre en présence la sensibilité du regardspectateur et l'imaginaire de l'artiste-interprète.
"Dans ces dialogues (dialogues où je tiens le rôle du néophyte) Wilfride Piollet nous invite à réfléchir sur le fondement, l'exécution et la finalité de chaque figure. Elle nous montre de quelle façon chaque partie du corps devient un instrument signifiant de la très subtile architecture qui est dictée par la philosophie de la danse. Ce sont les prolégomènes à toute intelligence future de cet art et aussi les premiers fondements d'un enseignement original qui concilie tradition et révolution. En tirant la somme de cette partie de son existence qu'elle a consacrée à la sévère et aride discipline de son art, à une passion qui ne s'épuise au grand jamais, elle sait que cette réflexion porte sur ce qu'elle a gagné après être passée sous les fourches Caudines d'une éducation dure, ingrate, faite d'abnégation et de souffrance. Et ce qu'elle a gagné, c'est la liberté, la jouissance et la maîtrise permettant de dépasser la technique et d'atteindre ce qui est d'atteinte."
Cet ouvrage, augmenté pour cette réédition d'un avant-propos de l'auteur, porte sur l'Internationale situationniste mise en perspective avec l'Internationale lettriste et les mouvements artistiques et architecturaux anglais. Autant que le cinéma, l'architecture et la Ville furent longtemps au coeur de la pensée et des activités des situationnistes. Situations construites dessine à grands traits le panorama des idées architecturales et urbaines qui accompagnèrent l'idée de situation construite, coeur actif de la pensée de l'Internationale situationniste.
" le 21 septembre 1998, le monde assista au télescopage surréaliste de deux images d'une même personne.
D'un côté, le président bill clinton à l'onu dans le rôle du " gendarme du monde ", de l'autre, le même bill clinton soumis durant plus de quatre heures à l'interrogatoire inquisitorial de l'équipe du juge starr sur la nature exacte de ses relations avec monica lewinski.
S'ils s'entendaient à souligner l'extravagance de ce qui se passait sous les yeux de toute la planète, les journalistes et les observateurs semblaient incapables d'expliquer leur propre étonnement.
Dans l'amoncellement d'articles et de propres relatifs à ce qu'il est convenu d'appeler le " monicagate ", personne ne semble en mesure d'indiquer en quoi ce qui ébranle les marchés financiers et mobilise la totalité des " médias " serait le symptôme d'un mal profond qui affecterait le monde dans lequel nous vivons. ".
La chose est simple, on tombe. On tombe sur le trottoir. Comme le dit l'auteur, le plus difficile c'est le rejoindre, « l'embrasser », mais une fois qu'on y est c'est lui qui vous enserre. À partir de ce moment-là « vous voyez des pieds », vous êtes vu par des regards de reproches, de jugements, et vous n'y pouvez plus rien, vous appartenez au béton et à sa puanteur « d'urine séchée » où vous-même vous puez à ne plus supporter les mauvaises odeurs. Vous oe?, oui nous, pourquoi pas un jour SDF ou clochard.
Pour reprendre les arguments de Jean-Pierre Otte, à près de soixante années d'intervalle, il n'est pas inutile de retrouver l'esprit juste et fertile de Julien Gracq dans La Littérature à l'estomac, à présent que les choses ont autrement progressé ou se sont différemment aggravées. Ainsi qu'il le prononce, une nouvelle espèce est apparue, que l'on nomme dans les maisons d'édition "auteurs", nouvelle espèce qui a la caractéristique de prôner l'absence d'écriture, de substance, de philosophie, et même d'univers personnel. En conséquence d'une telle platitude, le cercle des lecteurs s'est resserré, le nombre continue de s'en réduire avec le paradoxe toutefois, depuis ces trois dernières décennies, de "fabriquer", en ayant recours aux moyens techniques de la contamination et du moutonnement, un public obligé d'acquérir l'ouvrage dont tout le monde parle, celui qu'il faut avoir lu, en créant l'illusion d'une nécessité personnelle que l'on pourrait, en quelque sorte, dénommer comme alibi culturel. Jean-Pierre Otte, dans ce livre, met le doigt sur les dangers d'une culture aujourd'hui mâtinée d'insignifiance,voire de médiocrité, masquant, si l'on y prend garde, l'autre réalité de l'art.
Propriété privée, travail, capital, ouvrier et capitaliste, prix et profit: que disent ces mots ? Qu'expriment-ils des hommes, de leur rapports sociaux et de leurs liens avec le monde ? Que les individus en usent pour décrire leur réalité personnelle et collective, cela ne va pas de soi.
Cette langue de l'économie qu'ils parlent quand ils veulent de l'objet et de leur activité, de l'autre homme, dire l'essentiel, elle ne leur est pas innée. Ils l'ont apprise. Ils ont appris à dire marchandise, plutôt qu'objet, travail au lieu d'activité, propriété privée pour désigner une étendue de terre. Pour ces hommes, l'autre sens possible de ces mots s'est effacé. L'autre, voilà aussi ce qui s'annonce avec l'effacé.
Autant dire qu'au moment où nous le nommons, il aura déjà disparu. Il a été, voilà notre seule certitude. A.-J. Chaton livre, ici, une nouvelle lecture des fameux "Manuscrits" dits de 1844 du jeune Marx (Karl).
Jean baudrillard, observateur de notre société contemporaine, est aussi un observateur de la pensée théorique.
Au lieu de se lamenter sur la perte de la pensée et l'absence de la théorie il "reverse" la question en montrant que cette " perte " est en quelque sorte naturelle à la pratique sociale et que contrairement à ce que l'on pense cette "absence" indique une présence que le regret, la pensée nostalgique, le remord occultent, et que les exigences n'ont pas à disparaître ni à se dissoudre dans la morale.
La pensée radicale consiste à pousser à son extrême le système qui guide les jugements et les goûts, et tend à démontrer que l'analyse ad hominem du système permet d'exercer non plus une " critique critique " mais une attitude qui ignore tous ressentiments et toutes nostalgies au profit d'une réalité radicale, " l'ennui avec la réalité, c'est qu'elle va au-devant des hypothèses qui la nient ". de plus, dans l'ouvrage présenté ici, jean baudrillard jette un beau regard ironique sur les concepts qu'il a exploités, comme le simulacre, le symbolique et la simulation par exemple.
l'idée d'etat-nation est soutenue par le principe de souveraineté, populaire d'abord, nationale ensuite.
or, par une analyse très originale de la liberté politique, qui prend à contre-pied l'évidence d'une assimilation du pouvoir politique à l'exercice d'une souveraineté, hannah arendt démontre l'incompatibilité des principes de liberté et de souveraineté. l'extraordinaire portée de cette critique, qui prend naissance dans l'examen de l'etat-nation mais en excède la seule dimension pour inviter à repenser le politique dans son concept, reste encore sous-estimée.
Qu'est-ce qu'un trickster ? Je livrerai en vrac quelques unes de ses ententes plus immédiates et intuitives : homme aux mille ruses, passe-muraille, criminel divin, scanner cronenbergien, joueur télépathe, et j'en passe.
Sauf les péjoratives : le trickster serait un faux-cul purement et simplement. Donc faux-cul, jésuite, hystérique, petit malin. Autant marquer le pas d'office sur ce qui cloche dans le trickster, il prête son flanc à la facilité, à la lâcheté et à l'aporie.
Ce livre se propose de chercher, à al fois avec et contre heidegger, à la fois au-delà et en deçà de lui, et à la fois avec et contre une certaine tradition heideggerienne, la possibilité d'une politique heideggerienne pour aujourd'hui, ou, comme l'écrit frédéric neyrat, ne sorte d'ontologie, mais transie par la politique.
Une telle démarche prend sens d'abord dans le constat que heidegger serait le premier à avoir véritablement commencé à penser le développement de la technique comme destruction progressive du monde, c'est à dire comme une perte de sens, de la présence, de ce qui fait monde, et comme orientation mondiale vers un " non-monde ", c'est à dire vers un espace où plus rien n'est en tant qu'être, où toute substance se réduit à une subsistance.
Au-delà de la fin, à l'ère du transpolitique, du transesthétique, du transsexuel, toutes nos machines désirantes deviennent de petites machines célibataires, épuisant leurs possibilités dans le vide. Le compte à rebours, ainsi celui qui décompte le temps sur la Tour Effeil de Paris, cette fin là n'est plus le terme symbolique d'une histoire, mais la marque d'un épuisement potentiel, d'une comptabilité dégressive, c'est le code de disparition automatique du monde. Réédition d'un texte indisponible depuis plusieurs années.
Il s'agit du premier ouvrage qui dans le troisième quart du vingtième siècle analyse la transformation de la démocratie et de la politique.
Après avoir été fait de lutteurs, d'électeurs, de sociaux, de consommateurs les masses absorbent toute l'électricité du social et du politique et la neutralisent en retour. Et l'auteur d'ajouter : la masse est caractéristique de notre modernité, à titre de phénomène hautement implosif. Éditions antérieures de ce texte : première publication 1978 (aux éditions Les cahiers d'Utopie), parution en livre de poche (1983, Denoël), réédition chez Sens&Tonka en juin 1997.