Peindre un homme mort articule quatre histoires, reliées entre elles par des ponts plus ou moins lointains.
Deux de ces récits se déroulent en Ombrie, dans les années 1960. Un vieux peintre italien renommé souffre d'une longue maladie. Il tient un journal dans lequel il décrit son quotidien et revient sur son passé. Il se rappelle de la correspondance qu'il a entretenue avec Peter, un jeune Anglais alors étudiant aux Beaux Arts. Il se remémore aussi la joie que lui procurait l'enseignement du dessin à une jeune fille de son village.
Cette jeune marchande de fleurs a depuis perdu la vue. Nous la suivons tandis qu'elle vit de plus en plus recluse et développe une angoisse croissante vis-à-vis du monde environnant, qu'elle ne voit plus.
On retrouve Peter Caldicutt trente ans plus tard, en Angleterre. Il est devenu célèbre, spécialisé dans la peinture de paysages. Grand marcheur, il a l'habitude de parcourir les abords accidentés du Cumberland pour y faire des croquis. Un jour, au crépuscule, un faux pas le précipite et le coince entre deux blocs de roche. Ses escapades étant habituelles, sa femme ne s'inquiète pas immédiatement et les secours mettent un certain temps à arriver. Les longues heures qu'il passe au fond du ravin lui laissent le loisir de méditer sur son premier mariage, sur sa femme, ses enfants et son métier.
Quelque temps après, sa fille Susan s'efforce tant bien que mal de surmonter la douleur causée par la mort accidentelle de son frère jumeau à qui elle a toujours été extrêmement « voire maladivement « attachée. Portant à présent presque son propre deuil, elle tend à négliger une carrière naissante de photographe talentueuse et tourne le dos à l'homme qui partage sa vie, pour nouer une relation clandestine avec le mari de sa meilleure amie.
Dans ce roman bti autour de quatre récits racontés en alternance, Hall parvient à jongler et combiner ces différentes trajectoires avec brio. Son écriture est à la fois viscérale et agréable. Les émotions de ses personnages sont savamment transcrites dans ce tissu de voix, disparates, qui partagent une réflexion commune sur l'art, le moi, le corps et le monde qui les entoure.
L'écriture de Sarah Hall combine sensibilité et audace. Chacun de ses personnages est crédible, abouti, campé avec une grande subtilité.
S'étendant sur un demi-siècle, le quatrième roman de Sarah Hall porte un regard brillant et féroce sur le milieu de l'art et la place qu'il occupe dans nos vies. Peindre un homme mort est roman un lumineux et perspicace au pouvoir extraordinaire.
Sarah Hall est née en 1974 dans le comté de Cumbria, en Angleterre, à la frontière de l'Ecosse. Elle vit et travaille en Caroline du Nord. Son premier roman, Haweswater, paru en 2002, a obtenu le Commonwealth Writers First Novel Prize en 2003. Le Michel-Ange Electrique a été sélectionné pour le prix Orange de la meilleure Suvre de fiction, aux côtés des romans de Toni Morrison et Margaret Atwood.